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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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RETOURL'influence du milieu familial « La vie affective et morale de l'enfant, douze ans de pratique psychanalytique », de Mlle M.-L. Rambert, est un ouvrage qui sera lu avec profit par tous ceux qui s'intéressent à l'analyse psychologique et à l'aide qu'elle peut apporter en matière d'éducation. Nous pensons intéresser nos lecteurs en donnant ici quelques extraits du premier chapitre consacré à l'influence du milieu familial. Celle-ci est si prépondérante pour une évolution normale de l'enfant qu'il n'est jamais superflu d'attirer l'attention des parents sur ce point. Le caractère de l'enfant se forme par réaction à son milieu. L'éducation peut accentuer ou atténuer certaines influences héréditaires, faciliter ou entraver l'évolution, suivant les réponses qu'elle donne aux besoins et aux exigences de l'enfant. S'il a hérité un bon équilibre nerveux et s'il est élevé par des parents qui ont su créer en eux comme entre eux une harmonie profonde, il y a beaucoup de chances pour que son évolution affective et morale s'effectue normalement. En effet, la partie la plus importante de l'éducation que donnent les parents n'est pas contenue dans les paroles qu'ils prononcent. C'est leur influence profonde, l'influence de leur inconscient qui agit le plus directement. De plus, malgré la vigilance des parents les meilleurs, l'enfant peut être «choqué », traumatisé par des événements tout à fait indépendants de ses éducateurs. Les problèmes d'adaptation psychologique de l'enfant à son milieu se posent d'une façon très différente suivant qu'il est l'aîné de la famille, le second, celui qui est au milieu, le cadet, et suivant aussi qu'il est un garçon ou une fille. L'aîné, détrôné par le second, réagit tout autrement que le cadet… Dans les familles de trois enfants et plus, celui qui est au milieu est dans une situation embarrassante. S'il est adroit, il réussit à obtenir les avantages des grands et ceux des petits… Ces rapports entre frères et soeurs sont extrêmement importants. La vie peut être un paradis ou un enfer suivant la façon dont l'enfant résout ces problèmes. S'il ne parvient pas à se créer une place bien à lui, il enviera continuellement celle des autres. Au lieu d'être un enrichissement pour sa famille, il devient une occasion de chicanes constantes et ses proches en arrivent à le redouter et à l'éviter. L'enfant mal adapté en souffre; des sentiments d'abandon, d'agressivité, de culpabilité se développent en lui et la désadaptation s'aggrave encore. Les grands-parents, les tantes et les aides de maison (bonnes, gouvernantes) ont souvent une très grande influence sur le développement du caractère des enfants. Tantôt ils marquent leurs préférences à l'un ou à l'autre, tantôt ils interviennent pour atténuer les punitions ou pour en donner, faussant ainsi l'éducation des parents. Toutefois, le problème essentiel est sur ce point celui des relations de l'enfant avec ses parents. C'est avec eux qu'il apprend tout d'abord à aimer, c'est pour garder leur affection qu'il consent à renoncer à ses désirs instinctifs impérieux. C'est eux qui représentent pour lui la toute-puissance, l'omniscience et la bonté. C'est eux encore qui sont pour lui l'instance morale suprême qui juge, qui récompense ou qui punit. Les parents s'imposent, en effet, à l'enfant d'une façon plus ou moins adaptée à son tempérament et c'est leur influence consciente et inconsciente qui détermine la plupart de ses réactions psychiques. Une part importante de l'éducation échappe au contrôle des parents. C'est celle qui se fait involontairement par leur attitude, par leur voix, par leurs regards. L'enfant, si sensible à l'inconscient de ses parents, réagit à leurs sentiments profonds de bonheur comme à leur énervement et à leur angoisse. Le secret d'une éducation normale, répétons-le, se trouve en grande partie dans l'équilibre nerveux des parents et dans l'harmonie de leur vie conjugale. Les chocs émotifs peuvent passer inaperçus des parents les plus vigilants et c'est bien là qu'on mesure l'abîme qui sépare le monde des adultes de celui des enfants. Tel jour, rien dans la vie des adultes n'a été changé ou ébranlé et l'enfant a vécu un drame intérieur qui le bouleverse et qui fait dévier son évolution. On remarque quelque temps après qu'il est devenu colérique, instable, désobéissant, qu'il ne travaille plus à l'école, qu'il a des peurs nocturnes, qu'il mouille son lit ou qu'il vole de l'argent. Et ses parents qui voient l'effet n'ont pas aperçu la cause qui l'a déclenché. En s'entretenant avec le psychanalyste, les parents peuvent quelquefois retrouver le traumatisme initial. Mais parfois celui-ci est un fait insignifiant. Un enfant peut, à certains moments de fatigue ou de maladie, présenter une sensibilité si aiguë qu'il ne supporte rien. Ce sera, par exemple, une réprimande ou une gifle qui n'était pas plus forte que les précédentes ou les suivantes, mais qui tombait mal parce qu'elle coïncidait avec un état fiévreux et avec de mauvaises notes à l'école. L'enfant ressent cela comme une injustice, il se sent incompris et se révolte. Ou bien, lors d'une maladie ou d'un déménagement, l'enfant dort avec quelqu'un qui ronfle. Il est désorienté par le changement et ce bruit insolite pendant la nuit l'effraie. Les parents en rient et l'enfant commence une série de cauchemars. Impossible de décrire tout ce qui peut traumatiser un enfant. En résumé, tout changement dans sa vie peut l'enrichir ou le désorganiser suivant certaines circonstances intérieures. Mentionnons les naissances des plus petits, la mort des proches, la maladie ou l'absence prolongée d'un membre de la famille, le divorce ou le remariage des parents, les déménagements, les changements d'école, les transplantations d'un pays à l'autre ou même seulement de la campagne à la ville. Ce qui touche l'enfant de plus près, ce sont les opérations qu'il subit; si réussies soient-elles, elles peuvent laisser des traces profondes dans son psychisme. Un état maladif ou une longue maladie faussent parfois complètement son caractère. Les parents abandonnent à ce moment leurs exigences éducatives par égard pour sa santé et le choient plus que d'habitude Il peut devenir alors un tyran pour eux et pour son entourage. Dans d'autres cas, il garde une vraie nostalgie de ce temps de maladie. « L'enfance est l'âge d'or », me disait un grand garçon, « mais être malade quand on est petit, c'est l'âge de diamant ». Au sortir de l'âge de diamant, il est difficile d'accepter la réalité, les devoirs et les tâches que la vie nous impose. Enfin, tout ce qui touche à la vie sexuelle des enfants et des adultes est susceptible de troubler l'enfant. Ce domaine passe si souvent inaperçu des parents que nous en parlerons dans un chapitre spécial. |
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