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Puissance de la joie
Une femme de grand coeur qui dirigea plusieurs années une maison pour enfants délinquants, contait récemment à un groupe de mères les résultats qu'on obtient par la joie.
- Il nous faut user de cette puissance, disait-elle. Lorsque mes pensionnaires, petits menteurs ou voleurs aux hérédités chargées, sont dans une mauvaise phase, lorsque les instincts mauvais se réveillent, vite, nous organisons une modeste fête : excursion, cueillette de fruits à la montagne, petite représentation. La seule perspective de ce plaisir tout simple met le coeur de ces mioches en joie, les détourne de leurs pensées funestes, mobilise leurs énergies en vue d'un but aimé. Et, du coup, l'atmosphère de la maison s'illumine: grâce à cette espérance, nos gosses se sentent et deviennent meilleurs!
Cela signifie-t-il qu'il faille créer autour des enfants une continuelle excitation, les faire marcher de gâteries en gâteries? Certes, non! A ce régime, les coeurs seraient vive rassasiés et rien n'est plus triste qu'un enfant désabusé parce que trop comblé. Dans la recommandation de l'éducatrice qui prônait la joie comme facteur de développement moral, il y avait deux nuances à retenir.
Tout d'abord, que les joies en perspective doivent être simples, puisées aux sources de la nature, de la camaraderie, de la famille. Pas question de plaisirs coûteux ou frelatés. En second lieu, que la joie la plus sûre et la plus profonde est celle que l'on partage et que l'on donne. Dans la mesure donc où l'enfant prépare une surprise pour la fête de son papa, fait une cueillette de fleurs pour les patients d'un hôpital, garnit le sapin à l'intention d'un isolé, son plaisir sera plus vrai, plus durable.
Heureux les foyers où maman sait, avec des moyens très modestes, jalonner l'existence de ses mioches d'heures belles et lumineuses.
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