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L'éducation du coeur

Les pédagogues s'emploient à instruire, tant bien que mal, les esprits et à former, si possible, les caractères. En revanche, trop souvent ils abandonnent les sentiments à eux-mêmes.

Il est vrai qu'aujourd'hui le coeur est un organe décrié. On craint de faire paraître ce qu'on éprouve, on ironise sur les personnes expansives quand on ne les soupçonne pas d'hypocrisie. Les époques d'ostentation sentimentale, comme le XVIIIe siècle ou les temps romantiques, n'ont pas bonne presse. Nul n'ose laisser voir ses larmes, larmes de chagrin ou d'enthousiasme. Sommes-nous devenus plus stoïques ou plus secs?

Malheureusement, à force de s'abstenir, le coeur s'atrophie. Un psychologue américain, William James, a soutenu, au rebours de l'opinion courante, que c'était l'expression physique, le rire ou les pleurs, par exemple, qui donnait naissance aux émotions. et non pas l'inverse. Doctrine sans doute paradoxale. Mais il est exact que l'absence d'expression paralyse la vie intérieure. Faites les gestes du croyant, disait Pascal, et vous finirez par avoir la foi.

Aujourd'hui on affecte volontiers d'être insensible, sans s'apercevoir qu'on s'achemine ainsi à le devenir. On se veut maître de soi, supérieur aux conventions, on refuse d'être dupe, et le sans-gêne passe pour du naturel. Autrement dit, la politesse a du dessous. Celle-ci ne consistait pas seulement en un ensemble de rites protocolaires, les uns raisonnables et utiles, les autres arbitraires (mais tous indispensables à l'harmonie d'une société civilisée). Elle avait encore pour but de cultiver les sentiments et d'apprendre à les manifester.

Puisque les hommes sont astreints à vivre en commun, il ne sauraient être indifférents les uns aux autres. Il leur faut donc se témoigner, même au prix d'une légère exagération, une sympathie qui seule leur permettra de supporter cette cohabitation obligatoire. La politesse est l'art de dissimuler son égoïsme, parfois de le sacrifier.

Seulement, comme pour tous les arts, on doit s'y exercer, en acquérir l'usage, en concevoir les principes. Le savoir-vivre ne s'invente pas, il résulte d'une longue expérience, transmise d'une génération à l'autre. C'est pourquoi il devrait figurer au programme des écoles, au même titre que le calcul ou la géographie. Et je ne plaide pas ici en faveur d'une bienséance théorique et souvent périmée, mais pour une prévenance générale à l'égard d'autrui.

Il faudrait enseigner aux enfants, et peut-âtre aux grandes personnes, la pratique des attentions. Leur dire qu'il est légitime d'éprouver des sentiments et nécessaire de les formuler, fût-ce en un cri qui vous échappe ; qu'il convient de les alimenter avec méthode et de les soumettre à des règles.

Certaines personnes estiment que les relations d'amitié ou de famille vont de soi et n'ont pas besoin d'être soulignées. « Cela ira encore mieux en le disant », selon le mot de Talleyrand, en d'autres circonstances. Chacun de nous, observant, dans un restaurant, un couple qui, durant tout le repas, demeurait silencieux et n'ouvrait la bouche que pour manger, en a conclu « C'est un mari et sa femme. » Mais le sourire qui accompagne cette observation a, même chez les célibataires, quelque chose de désenchanté.

Toute affection, pour durer ou s'approfondir, a besoin d'être entretenue, non seulement au moyen de « petits cadeaux », mais de gentillesses, de compliments, de paroles dites à propos, d'intentions délicates et ingénieusement exprimées. Bref, le coeur doit être renseigné et éduqué. Si quelqu'un prend part à un événement de votre existence, s'il compatit ou vous félicite ; si, pour citer un exemple infime, il se rappelle un anniversaire et vous l'écrit, il vous procure un plaisir aussi agréable qu'une bouffée de chaleur en hiver. Pourquoi? Parce qu'il a pensé à vous et qu'il a désiré vous le faire savoir. Parce qu'il vous a donné à comprendre que vous n'étiez pas seul au monde.









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