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Lettre à une amie

Tu m'écris, mon amie, que tu as été troublée récemment par la lecture d'un livre qui décrit toutes les répercussions fâcheuses que des fautes d'éducation, des impatiences, des incompréhensions, peuvent imprimer profondément sur le caractère et le comportement de nos enfants. Tu me dis qu'à ce compte-là la tâche d'éducatrice est presque au-dessus des forces humaines et que nous devrions être bourrelées de remords, parce qu'inconsciemment ou non nous commettons tout le temps des fautes graves vis-à-vis des enfants qui dépendent de nous.

Comme je te comprends, mon amie, et comme la tâche de mère m'a paru souvent, à moi aussi, trop grande et trop difficile pour ma petite sagesse si pleine de défaillances.

Mais il est un point qui m'est apparu clairement un jour c'est que je ne suis que la gérante de la richesse que représentent mes enfants, et qu'un autre, le vrai propriétaire, veille sur eux avec la clairvoyance et la sagesse qui me font si souvent défaut. Ecoute ceci : je connais une mère dont les deux fils venaient de commettre, à son avis, une faute grave; ils avaient tout simplement sacrifié leur travail à une partie de plaisir et étaient rentrés beaucoup trop tard de la plage pour faire leurs devoirs d'école du lendemain. La mère les gronda, les envoya se coucher, puis resta seule avec ses sombres pensées, se demandant comment elle pourrait faire comprendre à ses enfants le sérieux de leur faute, qui lui apparaissait surtout comme un dangereux symptôme. Soudain elle eut le sentiment d'une présence invisible qui lui disait : «Tes enfants, je m'en charge, mais toi, vis plus près de moi, c'est tout ce que je te demande. » La mère comprit que le laisser-aller de ses enfants provenait en fait de son propre laisser-aller. Elle avait mené une vie extérieure et agitée, ces temps derniers, et l'ennemi en avait profité pour éloigner ses enfants de la voie droite. Mais (et c'est là le point capital) un autre veillait sur eux, les suivait, et s'en chargeait, et se faisait fort de les amener à bon port, malgré ses défaillances. Et la mère en eut le coeur très apaisé.

Il y a aussi une chose, mon amie, que nous ne devons pas oublier: c'est l'admirable force de résistance et d'équilibre que la nature humaine normale possède par elle-même; force physiologique, qui lui permet de tenir tête aux assauts continuels de tous les ennemis, petits et grands, qui menacent sa santé; force spirituelle lui permettant de préserver son intégrité ou de la recouvrer quand elle a été entamée par un choc quelconque, sensations, impressions, émotions, etc. Nous connaissons cela et nous l'exprimons parfois avec dépit en disant : « Oh ceci ou cela ne fait pas plus d'impression à mon enflant que l'eau sur les plumes d'un canard !» Tant mieux ! réjouissons-nous; c'est donc que sa défense spontanée est solide et agissante. Naturellement il ne faut pas qu'elle résiste à toute influence, qu'elle se montre rébarbative à toute action venant du dehors.

Mais, en soi, nous devons nous féliciter que notre enfant soit un peu imperméable aux atteintes de l'extérieur, qu'il ait une personnalité déjà bien à lui; nous devons travailler au contraire à renforcer sa force d'équilibre, sa puissance de rétablissement intérieur, en y croyant d'abord, puis en l'affirmant, dans notre for intérieur, comme une chose normale et nécessaire, et en l'aidant à se fortifier par des exercices de calme, de maîtrise de soi, de simplicité dans l'accueil des choses ou des gens qui viennent à lui. Naturellement je dois moi-même pratiquer cette attitude, afin de l'entraîner.

Mais tu me diras qu'il faut pourtant que j'élève mon enfant et que j'exerce une influence sur lui, par conséquent. Peut-être vaut-il mieux, très souvent, partir avec lui à la conquête du beau et du bien que d'avoir les yeux rivés sur ses défauts, pour les corriger. Ma fille cadette, à l'âge de huit ans environ, était très difficile à mener, et je perdais mon temps et mes forces à lutter contre elle (car c'était bien véritablement contre elle que je me battais en croyant lutter contre ses défauts) ); le découragement me gagnait, je me sentais impuissante et aussi très irritée contre elle.
Et un jour je compris que je devais laisser tomber cet harnachement de combat que j'endossais chaque jour contre elle et qu'il fallait bien plutôt que nous nous intéressions ensemble à quelque chose en dehors de nous et de plus grand que nous. Je lui proposai de lire chaque jour avec moi des récits de la vie de Mathilda Wrede, l'amie des prisonniers finlandais, et cet instant de paisible lecture, sans conflit possible entre nous, me reste comme de beaux et féconds moments d'harmonie, générateurs de plus de progrès que mes constantes gronderies d'antan.

Tu vois donc, mon amie, qu'en regard des sérieux avertissements que nous donnent les livres de psychopédagogie, et dont les conseils et les cures préconisées se montrent indispensables dans les cas extrêmes, beaucoup plus nombreux que nous ne le croyons peut-être, nous pouvons affirmer qu'il existe des forces positives constamment à l'oeuvre en nous et hors de nous pour neutraliser les puissances négatives et faire parvenir l'être humain à sa pleine nature d'homme conscient et responsable.

Mais cela ne se fait pas en dormant.
Il faut y croire, et le vivre.

Ton amie affectionnée









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