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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Réflexions d'un père

Petit, écoute-moi… Tu dors la joue dans ta menotte et tes boucles blondes collées sur ton front moite. Je viens de me glisser dans ta chambre… Je veux te faire un aveu: tout à l'heure, tandis que je lisais mon journal dans le bureau, j'ai été envahi par une vague de remords. J'ai été un peu dur avec toi aujourd'hui. Ce matin, tandis que tu te préparais pour l'école, je t'ai grondé parce que tu te contentais de passer la serviette humide sur le bout de ton nez; je t'ai réprimandé parce que tes chaussures n'étaient pas cirées ; j'ai crié quand tu as jeté tes jouets à terre.

Pendant le petit déjeuner, je t'ai encore rappelé à l'ordre : tu renversais le lait ; tu avalais les bouchées sans mastiquer; tu mettais les coudes sur la table; tu étendais trop de beurre sur ton pain… Au moment de partir, tu t'es retourné en agitant la main, et tu m'as dit : « Au revoir, papa ! » Et je t'ai répondu, en fronçant les sourcils : « Tiens-toi droit

Le soir, même chanson. En revenant de mon travail, je t'ai guetté sur la route. Tu jouais aux billes, à genoux dans la poussière; tu avais déchiré tes bas. Je t'ai humilié en face de tes camarades, en te faisant marcher devant moi jusqu'à la maison… «Les bas coûtent si cher; si tu devais les payer, tu serais sans doute plus soigneux ! » (Imagine cela, petit, d'un père à son fils!)

Te souviens-tu ensuite ? Tu t'es glissé timidement l'air malheureux, dans mon bureau, pendant que je travaillais. J'ai levé les yeux et je t'ai demandé avec impatience : « Qu'est-ce que c'est? »

Tu n'as rien répondu, mais, dans un élan irrésistible, tu as couru vers moi et tu as jeté tes bras autour de mon cou, en me serrant avec cette dévotion touchante que Dieu a fait fleurir en ton coeur et que ma froideur même ne pouvait flétrir… Et puis, tu t'es enfui, et j'ai entendu tes petits pieds courant dans l'escalier.

Eh bien, mon fils, c'est alors que le livre a glissé de mes mains et qu'une terrible crainte m'a saisi. Voilà ce qu'avait fait de moi la manie des critiques et des reproches un père grondeur Je te punissais de n'être qu'un enfant. Ce n'est pas que je manquais de tendresse, mais j'attendais trop de ta jeunesse. Je te jugeais d'après l'expérience de mes années.

Et, pourtant, il y a tant de générosité, de noblesse et de loyauté dans ton âme : ton petit coeur est vaste comme l'aurore qui monte derrière les collines. Je n'en veux pour témoignage que ton élan spontané pour venir me souhaiter le bonsoir. Oublions tout le reste.

Je sais que tu ne comprendrais point toutes ces choses si tu pouvais les entendre. Mais, demain, tu verras, je serai un vrai papa; je deviendrai ton copain; je rirai quand tu riras; je pleurerai quand tu pleureras. Et si l'envie de gronder revient, je mordrai ma langue, je ne cesserai de me répéter, comme une litanie: «Ce n'est qu'un enfant.., un petit enfant !»

J'ai eu tort. Je t'ai traité comme un homme. Maintenant que je te contemple dans ton petit lit, las et abandonné, je sais bien que tu n'es qu'un bébé. Hier encore, tu étais dans les bras de ta mère, 1a tête sur son épaule J'ai trop attendu de toi Beaucoup trop…









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