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Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
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Souvenirs d'une éducatrice (Mlle Marie Brechblühl)

Quand j'étais enfant, mon père me disait : Il faut toujours chercher le bien chez les autres. C'est bien plus intéressant que le mal. Le mal, tout le monde le voit. Mais quand nous avons découvert quelque chose de bon dans une personne qui ne nous était pas sympathique, cela nous porte à l'aimer, à cause même de cette trouvaille qu'elle nous a donné l'occasion de faire.

J'ai été élevée jusqu'à l'âge de six ans par une vieille grand'mère, et toute ma vie a été illuminée et réchauffée par sa tendresse et par sa gaîté. Il m'arrivait parfois de me réveiller de mauvaise humeur. Dans ces cas-là il y a deux manières de procéder. On peut dire à un enfant: « Mais qu'as-tu donc ce matin? Tu es d'une humeur massacrante ». Il y a beaucoup de chances alors pour que cette fâcheuse disposition dure toute la journée… Telle n'était pas la méthode de ma grand'mère. Elle prenait son ton le plus enjoué pour me dire: « Sais-tu, nous allons chanter aujourd'hui». Et elle entonnait une chanson de sa vieille voix chevrotante avec laquelle ma voix grêle d'enfant s'harmonisait assez bien. « Maintenant, tu vas m'inventer une chanson sur la fleur, une sur l'abeille», etc. Et la toilette se passait ainsi, si bien que j'en oubliais ma mauvaise humeur. Le moment critique était celui de la coiffure. J'avais de longs cheveux et je trouvais fort désagréable qu'on les démêlât. « Les oiseaux n'ont pas de cheveux», répondis-je un jour à ma grand'mère qui m'encourageait à chanter comme les pinsons dont les cris joyeux pénétraient jusqu'à nous par la fenêtre ouverte. «Non, mais ils ont des plumes qui s'embrouillent parfois, et alors la maman les lisse avec son bec, comme cela, comme cela», et tout en parlant, elle faisait passer doucement le peigne à travers les mèches emmêlées. L'habitude m'en est si bien restée, qu'encore aujourd'hui je chante chaque matin en lissant mes cheveux. Venait ensuite le déjeuner. «Regarde, disait-elle, en versant le lait dans ma tasse, comme tu es heureuse d'avoir un déjeuner tout à la fois. Les petits oiseaux doivent attendre entre deux bouchées que le père ait trouvé une autre miette ou un ver, ou que les frères aient eu leur part… » Tout était occasion d'admirer ou de se réjouir; une fleur qui ouvrait largement sa corolle au soleil, «comme toi lorsque tu as bien dormi et que tu t'étires avec délices »; un petit nuage rose dans le ciel du matin : « Ne sommes-nous pas heureuses, d'avoir des yeux qui peuvent voir là-bas, tout là-bas, jusqu'au ciel?» - et cette humeur joyeuse devenait communicative et chassait les papillons noirs. Ma grand'mère me demandait-elle un service et me trouvait-elle peu disposée à le lui rendre, « tu as de la chance, disait-elle, d’avoir deux bonnes petites jambes comme les tiennes ; les miennes sont vieilles et ne peuvent courir si vite ; regarde » ; et elle essayait de sauter, tandis que je me dépêchais de lui prouver combien mon agilité était supérieure à la sienne. Parfois, la migraine la prenait ; elle me disait alors : « Aujourd’hui j’ai mal à la tête ; je ne pourrai pas jouer avec toi ; il faut même que je te demande de ne pas faire de bruit ». J’étais à cet âge bien heureux où une compresse sur la tête, un bandage au doigt, sont un remède à tous les maux. J’implorais comme une faveur la permission de mettre une compresse sur la pauvre tête endolorie. Quand j’avais obtenu cette autorisation, la journée était gagnée ; il me semblait tout naturel de marcher sur la pointe des pieds et de renoncer à mes jeux bruyants. Et c’est ainsi, que sans me faire la morale, ma grand-mère m’apprenait les égards que l’on doit aux malades, aux gens âgés.









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