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Jésus éducateur de ses disciples

(Suite)

Christ demande des sacrifices à ses disciples; mais en demandant il donne. S'il enlève à plusieurs d'entre eux leur gain de pêcheurs, c'est pour leur promettre la gloire d'être désormais des pêcheurs d'hommes! et ailleurs il ajoute: «je vous le dis en vérité, il n'est personne qui ayant quitté, à cause du royaume de Dieu, sa maison ou ses parents ou ses frères, ou sa femme ou ses enfants, ne reçoive beaucoup plus dans ce siècle-ci, et dans le siècle à venir la vie éternelle» (Luc 18,29).

Christ fortifie et Christ encourage. Il regarde aux intentions et non à la réussite.

«Quiconque donnera seulement un verre d'eau froide à l'un de ces petits.... je vous le dis en vérité, il ne perdra point sa récompense.» (Math 10,42,).

Une femme de mauvaise vie pleure, lui baise les pieds et les oint de parfum: Jésus voit dans son acte l'amour qui l'inspire et non la forme sous laquelle il se révèle.

Ayons garde de reconnaître, nous aussi, la tendresse qui pousse peut-être notre bébé à nous déranger trois ou quatre fois dans notre travail pressé, pour nous faire le plaisir - immense à ses yeux - de nous apporter une petite fleur du jardin.... oh! ne le décourageons pas ! Il y a des pertes de temps qui ne sont rien comparées à des pertes d'affection et telle perte d'affection peut avoir son commencement dans de pareils froissements de coeur répétés auxquels nous n'avons mis aucune importance.

Jésus laisse ses disciples supporter la peine de leurs fautes, sans pour cela leur refuser la grâce du pardon. Après qu'il eut renié son Maître, que fit Pierre, sous le regard scrutateur de Jésus ? Il sortit pour pleurer ! Il souffrait intensément, mais nous sentons pourtant que dans ses larmes, il ne doute pas du pardon de Christ, bien qu'il pleure courbé sous la conscience de sa faute, humilié mais confiant!

En outre, pour faire l'éducation de ses disciples, Jésus, par la conscience encore et toujours leur laisse trouver la vérité qu'Il veut graver dans leurs coeurs, s'appuyant sur ce qui est pour prononcer de ce qui doit être.

Il est nécessaire qu'ils sachent qui Il est. Dans ce but, Il les interroge: Qui dit-on que je suis, moi, le Fils de l'homme ?...... Et vous, qui dites-vous que je suis? (Matt. 16, 13, 15).

Jean-Baptiste a des doutes sur l'identité du Messie et lui fait demander s'Il est bien «celui qui doit venir ?.... Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu: les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres.» (Luc 7, 19 à 22.)

Enfin lorsque Jésus voit chez ses disciples une confiance commençante, Il la met à l'épreuve pour la transformer en foi positive et leur fait constater la délivrance.

La foule affamée les entoure (Luc 9, 3): Donnez-leur vous-même à manger.... Nous n'avons que 5 pains et 12 poissons.... Faites asseoir tous ces gens... et rompant les pains, Il les donne aux disciples pour les distribuer à la foule et quand tous ont mangé, Il leur fait ramasser les morceaux qui restaient, de quoi remplir 12 corbeilles.

En envoyant les douze dans leur premier voyage missionnaire, Jésus leur dit: ne prenez rien pour le voyage, ni or, ni argent.... car l'ouvrier mérite sa nourriture (Matt. 10, 10) et quand ils reviennent avec joie, Il leur demande, comme pour leur faire réaliser l'exaucement de leur foi: «avez-vous manqué de quelque chose ?»

Jésus travaille à changer le point de vue même où se mettent les disciples pour juger des choses de ce monde et du royaume de Dieu; renversant en quelque sorte tout ce qui a été jusqu'alors leur manière de voir et leur faisant comme toucher la contradiction des opinions courantes avec les siennes: «Heureux, dit-il, ceux qui pleurent.... Heureux serez-vous lorsque persécutés.... Bénissez et ne maudissez pas; ne rendez pas le mal pour le mal, faites aux autres ce que vous voudriez qu'on vous fit, etc. - autant de démentis éclatants aux enseignements du monde !

« Mon royaume n'est pas de ce monde...»

Par un retour sur nous-mêmes demandons-nous à ce propos, s'il nous arrivait plus souvent de faire appel à la conscience de nos enfants, les faisant réfléchir à ce que Dieu défend ou permet en opposition avec ce que le monde autorise ou anathématise, demandons-nous, dis-je, s'ils ne comprendraient pas mieux et pour leur vie durant que c'est à ce critère-là que nous devons tout soumettre, actes et jugements.

Ne pourrions-nous pas avec plus de confiance, l'heure venue, nous mettre comme tuteurs à l'arrière-plan dans l'horizon de nos enfants devenus grands, si nous sentons leur conscience réveillée, éclairée et aux aguets. Même si quelque chute survenait, le repentir la suivrait aussi bien que la conscience de Pierre l'étreignit à l'ouïe du chant du coq et que malgré leur désertion momentanée les onze élèves à l'école du Christ, convaincus de leur péché, et relevés par sa grâce se retrouvèrent réunis autour du Ressuscité pour l'adorer dans sa gloire, et pour commencer leur vraie vie d'apôtres.

C'est dans ce sens que Christ a pu dire à son Père: J'ai achevé l'oeuvre que tu m'as donné à faire. Je leur ai fait connaître ton nom. Sanctifie-les par ta vérité. Garde en ton nom ceux que tu m'as donnés».

Il y a quelque chose d'achevé auquel ces trois ans ont suffi: un germe de vie nouvelle a été déposé dans ces âmes; - il y a quelque chose d'infini aussi dans cette éducation commencée, qui se poursuivra à travers toute l'existence ici-bas pour se continuer et s'épanouir aux cieux.

Si nous nous résumons, cherchant à pénétrer la méthode éducative de Jésus, nous sentons surtout que son succès réside dans le fait que l'image divine a rayonné sans intermittence dans sa personne; qu'il a prêché d'exemple, que lorsqu'il réclamait l'humilité, c'était «en étant humble lui-même, allant jusqu'à laver les pieds de ses disciples, et que lorsqu'il commandait d'aimer Il aimait ! En réalisant cet accord parfait entre les paroles et les actes du Christ éducateur, notre élan et nos meilleures résolutions crouleraient, si nous ne pouvions dans le sentiment de notre infirmité, nous cramponner à cette promesse de l'Esprit: aide et soutien, Esprit de vérité (Jean 14), demeurant avec nous, en nous et à cette sagesse que Dieu donne simplement et sans reproche à qui la demande avec foi. (Jacques 1,5).









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