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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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RETOURMéditations pédagogiques Les lignes qui suivent sont extraites d'un carnet de notes d'une éducatrice remarquable, Mademoiselle Mina Audemars. Mademoiselle Audemars a organisé et dirigé pendant de nombreuses années la «Maison des Petits» à Genève. Dans cette « Maison », elle a su créer pour l'enfant un milieu à sa mesure, où tout matériel, activité, compréhension - était déterminé par une connaissance profonde des besoins de l'enfant. Au cours de sa belle carrière, Mademoiselle Audemars avait coutume de noter ses impressions personnelles ou quelques réflexions de ses petits élèves, réflexions souvent si pleines d'enseignement pour nous, adultes. En voici quelques exemples : Conversation avec une mère. Avez-vous remarqué que ce que l'on fait avec les enfants est toujours ou trop tôt ou trop tard. Nous sommes à côté du moment juste, du moment de la disponibilité, des forces, des capacités, des besoins. Ah… le besoin du moment. Si dans la première phase de l'apprentissage de la vie, ce moment pouvait être ressenti par l'adulte, dépisté et respecté comme les progrès seraient naturels, comme les petits grimperaient à l'échelle du savoir, du pouvoir, du vouloir. Mais non… L'enfant doit se soumettre constamment aux moments justes de l'adulte, des besoins de l'adulte, de ses désirs, de ses caprices. C'est pour cela qu'il y a incohérence dans l'éducation. Le doute de l'adulte vis-à-vis de l'enfant. Le doute non exprimé, l'attitude du doute seulement diminue la puissance d'être de l'enfant. Ex.: Rose-Marie: « Je peux vous porter ça en haut, comme ça, ça vous fatiguera pas ». Je la regarde, hésitante, c'était un plateau avec des encriers. Rose-Ma rie: «Je sais que vous voulez dire non, mais je mettrai toute ma force ! ». Moi: « Monte, Rose-Marie, je suis sûre que tu peux, je t'attends ». Rose-Marie: « Mais non, pas besoin ». Elle revient vers moi : « Ah j'ai mis toute ma force. » La somme de discipline indispensable sera acquise au cours des activités spontanées ; dans le domaine des choses, dans l'agencement des choses, dans la création et l'invention au moyen des choses, il y a une multitude d'obligations sérieuses. L'enfant s'y soumet volontiers. Ce sont ses obligations à lui nées au cours de la tâche qu'il s'est imposée. Les choses sont muettes, ces obligations ne menacent pas. L'enfant s'y soumet parce qu'elles parlent à son être intérieur, à son être spirituel. On voit qu'on s'est trompé et on recommence. Dans ses nombreux apprentissages quotidiens, comme l'enfant sait s'imposer un nombre considérable de répétitions ! Cette loi naturelle de l'exercice, de l'apprentissage, l'enfant l'a en lui, et si le milieu dans lequel il s'élève est un milieu bien organisé, bien pensé et ordonné, l'enfant avancera par ses propres moyens. Au jour le jour, il recherchera de nouvelles difficultés, parce que de lui-même il recherche l'effort. Quant c'est l'adulte qui impose ses répétitions… comme elles sont monotones, comme elles sont stériles. Le perfectionnement ne s'acquiert que par l'exercice. L'enfant a tout à apprendre et l'adulte agit avec lui comme s'il savait tout ou devrait tout savoir. Lucette: « Ma maman s'énerve, je peux pas aller assez vite ». L'enfant a tout à apprendre à côté de ceux qui ont tout appris et qui ont perdu la faculté de comprendre les commencements, qui ont perdu la possibilité d'être… indulgent devant les erreurs, les tâtonnements, les efforts non réussis, les manquements naturels, les incapacités du moment, devant les déficiences dont seuls les parents sont responsables. La punition est souvent nécessaire, elle doit toujours revêtir la forme exigée par… le moment. La punition doit être un tremplin, elle doit toujours laisser un espoir de relèvement. Savoir faire en son temps une intervention prompte, décisive, quelquefois une secousse affective, tout cela dans le calme, l'assurance, la sérénité. Il faut qu'au travers de la punition méritée, l'enfant nous conserve son estime entière. La punition, c'est encore de l'amour. Devant les mille et une petites catastrophes de la journée, demeurons calmes. Si nous savions combien le silence est plus opératoire que nos paroles. Ex. : A la construction, une grande tour est bâtie ; par un malencontreux mouvement, un grand patatras survient. Tous me regardent… s'attendant à une observation sérieuse ! Silence, je ne dis rien. Etonnement dans tous les regards. Jean: « Ah !… c'est bien, vous n'avez rien dit, ça vaut pas la peine de gronder, on va tout refaire encore mieux ». Daniel: Ça sera plus solide. Je savais que ça penchait. » Gérard : « On a de la force quand on n'est pas grondé ! » De quoi est faite la confiance de l'enfant ? de notre silence, de notre calme, de notre résistance, de notre ténacité, de notre courage, de notre maîtrise. Songeons à tous les défauts qui viennent de l'éducation et pour lesquels on gronde l'enfant injustement. L'enfant n'a pas l'aide nécessaire, au moment nécessaire. En beaucoup de cas, l'enfant en reçoit trop et la capacité de l'effort est amoindrie. Le travail de l'enfant possède un rythme totalement différent du rythme de l'adulte. Ce n'est pas un but extérieur que l'enfant doit atteindre, mais un profond besoin intérieur qu'il doit satisfaire par une longue pratique. |
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