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Fils, ficelles et revendications

J'ai pensé quelquefois, en entrant dans la chambre d'un jeune, que notre époque pourrait être appelée l'époque des fils électriques. Aboutissant à une prise multiple, je pouvais voir, serpentant par terre, le fil de la lampe de chevet, celui du rasoir, celui de la radio, celui du radiateur, que sais-je encore, le tout enchevêtré et gênant la marche… et les balayages ! Vision amusante et sans gravité, certes, mais qui me faisait penser au système D, comme ils l'appellent, c'est-à-dire au système des ficelles, des ruses, des petits compromis, des petites malhonnêtetés, qui sont tellement admises et pratiquées aujourd'hui par beaucoup de jeunes - et de moins jeunes -, pour gagner de l'argent et s'offrir ce qu'on désire.

Epoque des fils et des ficelles, époque des revendications également, nos vies de famille ne sont pas à l'abri de ces tendances qui se manifestent un peu partout, d'une façon ou d'une autre. Comment aider nos jeunes à ne pas être entraînés par tout ce courant?

Pour leur être de quelque secours, il faudrait d'abord que nous soyons nous-mêmes parfaitement au clair et au point à ce sujet, afin que nos avis ne sonnent pas faux. Or, comme cela est très difficile, sinon impossible, je propose plutôt de jouer carte sur table avec eux, autrement dit de leur parler de nos propres difficultés à vivre parfaitement honnêtement et parfaitement contents de notre sort. Les jeunes sont beaucoup plus touchés par un simple aveu de cette sorte que par des recommandations ou des remontrances qu'ils s'empressent d'écarter de leur esprit. C'est à l'occasion d'un fait précis, d'une tentation ou d'un acte avec lequel nous ne sommes pas d'accord que nous pouvons commencer à leur parler de nous-même et de nos tentations, si cette manière de faire est nouvelle pour nous.

« Tu me dis que tu as envie de faire un échange de timbres avec un camarade, et tu ajoutes, avec un éclair de malice dans les yeux, que c'est toi qui feras une bonne affaire parce que lui ne s'y connaît pas très bien. Comme je te comprends, mon garçon, parce que moi aussi, l'autre jour, j'ai failli abuser d'un de mes fournisseurs en ne lui signalant pas une erreur faite à son détriment dans la facture qu'il me présentait. Tu me racontes, comme une bonne histoire, que tu as pu te faufiler au cinéma sans payer ta place, parce qu'il était tard et que la surveillance s'était relâchée à la porte. Eh bien moi je te dirai qu'au moment où le rationnement était le plus serré, j'ai fait aussi entrer par la petite porte une ou deux bouteilles d'huile achetées au marché noir - malgré tous mes principes. Alors tu vois, je connais ces tentations et ces chutes. Mais j'en garde comme un mauvais goût dans la bouche et j'aimerais mieux ne pas les revivre. Veux-tu que nous cherchions ensemble comment vivre tout à fait clairement et au grand jour?»

Alors, si le moment est propice, nous pouvons lui proposer de réfléchir à cette question ensemble, pendant un instant de silence. Un silence en commun, orienté dans la même direction, rapproche et unit souvent beaucoup plus qu'un abondant échange de paroles. Ensuite nous lui raconterons ce qui nous est venu à l'esprit pendant ce silence - et il y a bien des chances pour qu'il nous dise à son tour ses propres réflexions, et que celles-ci soient étonnamment justes et précises. C'est un premier pas de fait dans la voie de l'aide, et je ditrai même de l'entraide, car les jeunes ont souvent une logique, une rectitude de pensée, quand ils veulent bien réfléchir, qui vient en aide à nos facultés un peu émoussées par la vie.

Il en est de même pour les revendications. Il y a toutes sortes de revendications, depuis celles des nations qui se croient ou se savent lésées par d'autres, installées sur de vieux privilèges, et celles des classes sociales désirant une plus large place au soleil, jusqu'aux revendications d'un jeune garçon ou d'une jeune fille qui pense qu'il n'a pas ce qui lui est dû au foyer familial ou dans sa vie d'adolescent. Je crois, pour ma part, que si nous trouvons dans nos familles une réponse aux revendications d'ordre familial, nous aiderons le monde à trouver celles d'ordre social et international, car tout se tient, et si les jeunes font l'apprentissage de la vraie justice au foyer, ils apporteront ce même esprit dans la solution des conflits entre adultes.

La vraie justice ne signifie pas nécessairement l'égalité, l'uniformité dans la manière de traiter nos enfants, par exemple. J'ai connu un père de famille qui avait compris la justice familiale en venant tout simplement au secours de celui de ses enfants mariés qui en avait besoin ; et il devait se comporter dans le même esprit avec ses enfants quand ils étaient encore petits et à la maison.

En face d'une revendication, il ne s'agit pas de prendre parti entre celui qui réclame et celui qui ne veut pas lâcher son avantage, il s'agit de chercher avec l'un et l'autre la solution vraie, la solution juste, au-dessus des intérêts individuels en conflit. « Tu dis, mon enfant, que j'ai favorisé injustement ta soeur cet automne parce que je lui ai acheté un manteau et une robe, et que tu n'as reçu toi-même qu'une paire de souliers. Veux-tu que nous regardions ensemble, tous les trois, les faits tels qu'ils sont, encadrés par notre vie telle qu'elle est, afin de nous mettre au clair à ce sujet ? » Si notre sincérité et notre bonne volonté sont évidentes, nous gagnerons presque sûrement la partie en examinant tranquillement le sujet du litige. En principe, ne pas chercher qui a tort et qui a raison, ne pas accuser l'un et disculper l'autre, mais trouver ce qui est juste.

En y pensant un peu, nous découvrons que cette attitude est valable pour tous les conflits, car elle oppose, sous sa forme simple et concrète, la recherche de la Vérité Une aux petites erreurs et aux petites vérités entremêlées dont sont faits tous nos conflits individuels et collectifs. C'est un peu comme si nous tenions un bout du fameux fil rouge des avalanches ; ce n'est pas encore la fin des difficultés, des obscurités, mais c'est une fenêtre ouverte qui nous fait entrevoir des solutions inimaginées encore, plus hautes et plus grandes que nous-mêmes.









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