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Vilains boudeurs!

La sensitive, fleur délicate, se ferme quand on la touche; le hérisson se roule en boule s'il rencontre un importun ; l'escargot est prompt à réintégrer sa coquille en bavant, et s'y tient dans une prudente réserve ; ils se défendent, ils sont mécontents, ils boudent. Mais il y a dans le monde des boudeurs plus conscients et moins excusables.

Ma petite fille, si nous l'enfermons dans sa chambre, pour avoir la paix au salon, mouille aussitôt ses culottes, et son intention est claire: l'enfant, incapable de dominer ses parents par la persuasion ou la violence, se défend, se venge, en prenant une attitude négative, en feignant d'ignorer complètement ceux qui l'entourent, et en faisant comme par hasard, comme sans le vouloir, ce qui pourra bien leur déplaire. Ayant été puni, l'enfant veut punir à son tour, manifester son mécontentement, sa rancoeur. Souvent il se condamne lui-même au silence, à l'immobilité, à la réclusion, pour être pris en pitié.

Pour punir la petite Claudine (cela arrive rarement) nous l'avions mise, je crois, un jour, «au coin ». Quelque temps plus tard, pour nous manifester sa mauvaise humeur, elle va se mettre elle-même dans le coin de la chambre, nous tourne le dos et suce bruyamment son doigt (ce que nous lui défendons !).
C'est très facile de se mettre à bouder, c'est presque une réaction instinctive ; mais attention ! petits enfants et grands enfants, c'est beaucoup plus difficile d'en sortir. Claudine s'en tire à bon compte : maman lui montre un chien sur la route, papa imite le cri d'un animal, et aussitôt tout est oublié. Mais quand on est plus grand, comme c'est douloureux de rentrer dans la société, après lui avoir tourné le dos. Je me rappelle, garçon de huit ou dix ans, être resté des heures assis devant une table, la tête sur mon bras, cherchant comment je pourrais bien reprendre mes jeux et retrouver la parole sans sacrifier l'honneur ! C'est l'amour-propre qui vient là, nous engage à prolonger la mauvaise humeur et nous empêche d'éclater tout bonnement de rire en confessant notre bêtise. La bouderie est bien la forme la plus inutile et la plus ridicule de l'orgueil. On le voit bien chez les hommes et les femmes qui réagissent comme des « gosses » chaque fois qu'on met en question la haute opinion qu'ils ont d'eux-mêmes. Il y a des ménages, par exemple, où la bouderie est tous les jours au programme : un mot vif, un jugement trop exclusif, un geste maladroit, et l'on se tourne le dos ; quand chacun attend que l'autre fasse tous les frais de la réconciliation, cela peut durer longtemps ! Il est heureusement difficile à deux boudeurs de se regarder longtemps sans rire.

La bouderie n'est pas seulement un défaut ridicule, elle est quelquefois une maladie chronique, une attitude générale en face de la vie. Au lieu de prendre joyeusement et simplement la vie, il y a des gens qui se déclarent d'emblée froissés par tout ce qu'elle leur apporte. Au moment où ils allaient s'épanouir, leur amour-propre a peut-être été atteint, il se sont repliés, «renfrognés» et depuis lors ils persistent dans cette attitude, incapables par eux-mêmes, d'en sortir. Mécontents des autres et d'eux-mêmes aussi, ils font penser au « Misanthrope » de Molière. Dans la parabole des Talents, le Christ a décrit avec beaucoup de finesse l'un de ces boudeurs: un maître partant en voyage, remet une somme à chacun de ses serviteurs ; le troisième, vexé d'avoir reçu moins que les autres, laisse l'argent, improductif, dans un trou, et quand on lui en demande compte, il répond avec humeur, il s'indigne, il accuse.

Les psychologues placent les boudeurs à côté des rêveurs ; mais le rêveur, un inadapté aussi, rêve au moins à quelque chose ; le boudeur, au contraire, ne trouve aucune consolation dans son isolement.

Allons, pauvre incompris, vous n'allez pas jouer ce vilain rôle jusqu'au bout ! La vie est trop précieuse pour qu'on se permette de la saboter ; quittez vos lunettes noires, et ne soyez plus votre propre bourreau. Je vois au coin de vos lèvres un petit sourire, et je pense que vous allez bientôt vous épanouir. Le hérisson le plus rébarbatif finit par ouvrir sa cuirasse, il risque un oeil au dehors, il voit que le champ est libre, que personne ne lui en veut, et il reprend sa promenade au clair de lune.

« C'est si simple d'aimer, de sourire à la vie… ».









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