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Des enfants qui donnent du souci

N'en donnent-ils pas tous, à un moment ou à un autre de leur vie? Enfants qui manifestent des tendances dangereuses, êtres chétifs qui passent par des crises de croissance, adolescents qui affirment une personnalité qui entre en conflits constants avec leur entourage. La liste pourrait s'allonger ; voici cependant une catégorie qui nous retiendra : les enfants qui déçoivent leurs parents parce qu'ils ne parviennent pas à suivre la filière que l'on a tracée pour eux, écoliers qui ont de la peine et qui sont arrêtés au cours de leur scolarité.

Il ne s'agit pas de sous-estimer cette inquiétude des parents. Elle repose sur des sentiments tout à fait honorables. N'est-ce pas légitime de préparer le mieux possible l'enfant à la vie, de lui donner le maximum d'instruction, ce capital qui prend une valeur particulière à notre époque? L'élève qui aura pu suivre, par exemple, l'école secondaire, n'a-t-il pas acquis un départ qui le classera d'emblée à un niveau supérieur à celui de son camarade primaire ? La situation sociale des parents, la profession du père ne tracent-elles pas un chemin tout préparé pour le fils? Et l'on accepterait que cet avenir fût compromis à dix ans déjà? Cet enfant de milieu modeste ne pourrait pas lui aussi mesurer ses forces?

S'il est normal que les parents aient des ambitions, il est dangereux par contre que ces ambitions ne soient pas à la mesure des capacités des enfants. C'est cette disproportion qui est à la base de nombreux conflits, d'échecs graves, voire de catastrophes.

Pour les parents, ces difficultés proviennent le plus souvent d'un manque de volonté. « Ah! Si mon fils voulait, il pourrait très bien, mais il est distrait, en l'air; il ne pense qu'à s'amuser ». Ou l'on met ces insuccès sur le compte de la paresse, de l'indolence, de la lenteur. Sans oublier l'argument, moins franchement avoué, de la responsabilité du maître, de son incompréhension, de ses méthodes.

Ces circonstances peuvent justifier certains échecs. Il n'en reste pas moins qu'il y a des enfants inaptes à suivre des études. Leurs capacités sont insuffisantes ou leur forme d'intelligence ne convint pas à cet entraînement. Truismes dira-t-on. Bien difficiles à faire admettre à des parents. Ces cas placent aussi le maître dans des situations délicates, qui le conduisent parfois à défendre l'enfant contre les parents qui ne se rendent pas compte des dangers que peut entraîner leur politique d'entêtement. Mis en face d'une tâche qui le dépasse, l'écolier perdra tout goût au travail ; la vie scolaire même normale lui deviendra intolérable. S'il est constamment en échec, il souffrira de son infériorité et ce sentiment cherchera sa compensation dans quelque action d'éclat. C'est ainsi que j'ai vu des enfants devenir des voleurs et des fraudeurs. Pauvres garçons qui ont vécu des heures tragiques de honte, d'accablement, de désespoir même. Il faudra un long travail de reconstruction pour donner une assise morale, du goût au travail, de la joie à ces enfants ainsi désorientés.

C'est à ces victimes que je pense surtout. Pour eux, l'école a quelque chose de brutal. Ne faut-il pas que la famille les entoure d'une affection particulière, d'une compréhension qui ira jusqu'au renoncement? Alors que souvent on les charge encore et on finit par les accabler. Punir un enfant pour une mauvaise note, quand le maître peut certifier qu'il a fait ce qu'il a pu, est une erreur. Priver une fillette de liberté pendant son mercredi après-midi, pour la bourrer d'arithmétique et de thèmes latins, est une bêtise.

La sagesse est de placer l'enfant en face d'une tâche qui soit à son niveau. Il faut qu'il ait de l'entrain au travail. C'est alors qu'il se développera, qu'il progressera réellement. Souvent l'on constate que, libéré d'une atmosphère tendue et d'une crainte continuelle, il s'épanouit, il acquiert des habitudes de concentration et de volonté. Il y faut du temps, de la patience et plus d'encouragements que de sanctions.

La principale difficulté subsiste : accepter que notre enfant suive un chemin différent de celui que nous avions rêvé. Renoncement parfois bien douloureux. Il semble, à entendre certains parents, que si un garçon ne fait pas son collège, ce soit une déchéance. Je vous le demande ? Que de professions magnifiques s'ouvrent à des jeunes, même moyennement doués et qui ont de la volonté, de l'initiative et souvent des aptitudes manuelles évidentes !

Le pays n'a pas seulement besoin de candidats aux professions libérales et aux postes de fonctionnaires. Nos campagnes, nos industries, nos commerces offrent des possibilités nombreuses, si l'on veut bien se débarrasser de préjugés.

Des enfants qui nous donnent du souci!

Oui, parce qu'ils bouleversent nos projets, nous obligent à réviser nos jugements. Mais n'ont-ils pas droit à tous nos renoncements et à toute notre affection pour qu'ils soient heureux ?









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