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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURHygiène mentale du vieillissement Admettons donc l'idée qu'être bien portant, c'est non pas être normal, mais savoir se modifier avec le temps, croître, mûrir et mourir. Victor von Weizsäker. Selon l'opinion des profanes et de l'avis des savants, le vieillissement est un processus normal auquel sont soumis tous les êtres vivants. Souvent une belle vieillesse est troublée et assombrie par la faiblesse de l'âge, mais parfois une âme forte conserve, même à l'automne de la vie, la maîtrise d'un organisme débile. En tout cas, l'homme doit s'efforcer de garder pour la vieillesse un corps sain, endurci et élastique. Ce côté moralement important de l'hygiène - car c'est un devoir éthique envers soi-même et les générations suivantes prouve qu'il faut se préoccuper de l'hygiène de la vieillesse, avant tout pendant l'époque d'épanouissement et de la maturité et non seulement au soir de la vie. L'attitude qu'on adopte à l'égard du vieillissement agit sur le cours de la période de transition. La femme surtout n'a pas à craindre de voir sa vie s'achever à ce moment. L'expérience montre qu'une femme intérieurement équilibrée ne perd pas, avec la jeunesse, le charme de sa personnalité; elle a cependant avantage à se mettre au service d'une tâche nouvelle. Il est désirable que la femme, qui dans sa jeunesse devait surtout s'acquitter de ses obligations d'épouse et de mère, se prépare déjà avant la crise à ses nouvelles tâches ; il serait même juste que, comme l'homme, elle eût appris une profession et l'exerçât en cas de besoin. Son incapacité à la reproduction accroît sa liberté intérieure et lui facilite l'entrée dans des champs d'activité qui, auparavant, lui étaient, pour des raisons très diverses, difficilement accessibles. La vie sexuelle ne s'éteint pas non plus, car sa signification ne s'épuise pas avec la reproduction mais acquiert sa pleine valeur lorsque la femme devient toujours davantage, en mûrissant, un être aimant et aimé. Celui qui sait quels rapports intimes des hommes actifs et considérés ont eu avec leur mère âgée, n'ignore pas combien de conseils et d'appui la mère inébranlablement fidèle, ne cesse de prodiguer; il sait aussi combien la vieillesse paisible de la mère peut être remplie par sa participation à l'existence de ses enfants. De plus, des grands-parents sains, raisonnables et à l'esprit éveillé, doivent être les auxiliaires naturels dans la formation et l'éducation de leurs petits-enfants. Mais même l'épouse sans enfants n'a plus besoin aujourd'hui de se renfermer dans une rêvasserie solitaire et morose. Des femmes, qui n'avaient auparavant pas exercé de profession, peuvent assez souvent, après leur quarantième année, jouer le rôle de mères et d'institutrices auprès d'orphelins. Cette activité présente d'autres difficultés et d'autres satisfactions que l'éducation de leurs propres enfants. Quand la femme est capricieuse, irritable, déprimée, elle ne doit pas s'étonner si son ambiance en subit les contre-coups. Il faut qu'elle retrouve son équilibre ; le mari devra la soutenir par une compréhension et une clairvoyance pleines de sympathie. Parfois une aide morale étrangère est nécessaire, avant tout quand la mère rend ses enfants irritables et nerveux. Des grands-parents à l'esprit sain et vif sont une bénédiction pour chacun de leurs petits-enfants, ainsi que pour les parents de ceux-ci. Par contre, des grands-parents malades assombrissent la chambre d'enfants et créent des impressions ineffaçables, qui troubleront plus tard la bonne humeur des enfants. Bien des hommes passent par des difficultés analogues à celles des femmes, mais en général dans une beaucoup plus faible mesure. Ils présentent une sorte de nervosité, d'irritabilité et d'oppression, ils souffrent de reproches qu'ils se font à eux-mêmes ou d'un manque de sentiment de responsabilité. Ils redoutent que, maintenant, la vie véritable n'entre dans sa phase finale et n'ait perdu sa valeur. Des suggestions de ce genre ou analogues hâtent le vieillissement de la vitalité. Cependant, la très grande majorité des hommes surmontent la crise sans en subir de préjudice, il leur arrive même d'avoir plus tard dans l'accomplissement de leurs tâches une nouvelle énergie créatrice. Mais on observe aussi toujours à nouveau des hommes qui déclinent rapidement à un âge avancé et cela juste au moment où ils devraient jouir des fruits de leur travail. C'est là le danger de la "retraite" Celle-ci constitue un problème très grave de l'hygiène mentale d'une période importante de la vie. Le bon médecin de famille connaissait les périls de la mise à la retraite, il a même cherché à les prévenir en conseillant à temps d'avoir une occupation, un "dada", par exemple, de revenir aux intérêts de la jeunesse, de devenir membre d'une société ou d'un club. Il importe également de quitter son champ de travail sans amertume. Sous ce rapport, les titres, cérémonies et distinctions, si souvent tournés en ridicule comme de vains hochets, acquièrent un sens et une valeur. Dans la vieillesse aussi, l'oisiveté est le commencement de tous les maux. L'inaction est particulièrement nuisible à un âge avancé, entre autres parce qu'on a l'impression d'être éliminé et « jeté au vieux fer ». Il faut toujours chercher à avoir avec des jeunes un contact intérieur et extérieur, car celui-ci rattache à la réalité vivante et diminue l'aigreur qui se développe chez bien des gens quand la génération suivante ne leur témoigne plus de gratitude et de reconnaissance et s'engage dans des voies différentes de celles qu'ils approuvent. Mais pour cela il importe que l'individu ait une attitude psychique positive à l'égard de sa vieillesse, et de plus, qu'il y ait un lien intime entre la jeune génération et celle qui s'approche de la mort. Ce rapport spirituel empêche aussi le vieillard de se montrer trop égocentrique, ce qui trouble si facilement l'entente sociale harmonieuse entre les générations. L'égocentrisme de l'homme âgé s'accroît au fur et à mesure que diminuent son pouvoir de rayonnement et sa réceptivité à l'amour. L'individu en train de vieillir doit s'adapter moralement à son nouveau genre de vie. La santé physique de la vieille génération exige des égards et une aide morale de la part des jeunes. Le fait que le vieillissement est une propriété fondamentale de la substance vivante, n'implique pas une fatalité inéluctable qui nous obligerait à nous abandonner passivement à la sénilité. Mais il nous rappelle l'aide mutuelle que doivent se prêter les trois générations, entre autres pour résister aux forces qui désorganisent l'union salvatrice entre la tradition et le progrès, la maturation et le maintien de la jeunesse. Faire progresser un peu davantage l'humanité dans cette voie, c'est là, précisément en notre époque si pauvre du point de vue culture, éducation et véracité, l'une des tâches les plus urgentes de la future hygiène mentale. |
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