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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURIsaÿe Du très intéressant volume que M. le pasteur Ernest Christen consacre au violoniste Isaye (Ed. Labor et Fides), nous extrayons les pages qui suivent, toniques et vivifiantes, à une heure où tout semble plier devant les intérêts matériels. Le grand artiste aimait sa famille et aimait ses amis. Pendant une de ses rares périodes de détente, entre deux tournées de concerts, étant à la campagne, il jouissait de pouvoir réunir autour de lui ceux qui lai étaient chers, et tenait table ouverte. « Pendant un de ces festins, on en était venu à broder des variations sur le thème de « la chance » en résumant toute la philosophie humaine par un seul mot: réussir. Il fallait un bouc émissaire et l'on mit en cause un pauvre diable qui, après une lutte maladroite, avait échoué comme un imbécile. Isaye écouta en silence, accumula ses arguments et, tout à coup, prit la parole. De jovial, il devint fulgurant. « - Ainsi donc, s'écria-t-il en colère, il faut « réussir », d'après vous, pour mériter la vie, si l'on échoue dans un projet, on est rejeté, décrié, mis au rebut, qualifié de raté ! » « Eh bien non ! Je m'insurge contre cette atroce loi de la jungle. Car, qu'appelez-vous « réussir »? Gagner de l'argent, n'est-ce pas? Et de n'importe quelle manière, encore !…Mais oui, ne protestez pas, c'est la morale d'aujourd'hui et même un peu celle de tous les temps, hélas! » « Pour vous, un homme qui ne parvient pas à percer le mur d'argent est une sorte de paria que vous condescendrez peut-être, par remord subconscient plutôt que conscient, à prendre en pitié, vous lui jetterez un bout de pain ou un sou. Mais vous le mépriserez ; et, alors que peut-être une simple main secourable pourrait éviter son enlisement, vous préférerez sadiquement le voir se noyer. » « Et c'est cela vos beaux principes de charité chrétienne? C'est cela votre application des préceptes de Jésus? » « L'homme qui tombe ? Sa défaite même doit inspirer le respect si son combat a été loyal. Le principe du Vae Victis n'est pas un principe chrétien, mais la thèse la plus horriblement barbare ! Allons au contraire l'aider à se relever, pansons ses plaies, ouvrons-lui non pas la grisaille de notre pitié, mais le soleil de nos coeurs. Qu'il vienne à nous puisque nous avons le pouvoir, la force et - il faut le crier - bonheur de lui prodiguer l'espoir. » «A-t-il commis des fautes ? Sondons-nous. Sa non-réussite est-elle une conséquence ou la cause de ces fautes? Que nous importe! Refuserons-nous secours à un blessé qui a commis l'imprudence de ne s'être pas retourné à temps pour voir le véhicule qui allait l'écraser ? » « Il est blessé! là est le fait indéniable, immuable, absolu. Soignons-le, là est le devoir, l'instinct même du coeur. Pourquoi agirait-on autrement lorsqu'il s'agit d'un blessé de la vie, d'un être qui, souvent, trop confiant, est allé se jeter sous les roues du char des sanguinaires concurrences humaines? » Après ces paroles, il se leva et fit signe à ses intimes : «- Jouons! dit-il, cela nous fera du bien, jouons tout simplement comme des amateurs après la journée… Quel bien-être ! redevenir amateur et faire de la musique, non pour être applaudis ou critiqués, mais uniquement parce qu'on aime la musique. » Ils furent cinq à prendre leurs instruments, à se mettre au pupitre pour jouer la «Quintette» de Schuman: premier violon, Kreisler; deuxième violon, Thibaud; alto, Isaye; violoncelle, Casais; piano, Pugno… Peu d'élèves entendirent ce « concert extraordinaire ». |
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