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Du danger de gâter les enfants infirmes (Avertissement aux parents, d'après J. Hepp)
Le petit infirme - et notamment l'aveugle et le sourd-muet - court grand risque d'être gâté par ses parents. Ceux-ci cherchent à compenser l'injustice de la nature en devançant ses moindres désirs. Leur tendresse exclusive et aveugle, qui dorlote trop l'enfant et veut le préserver du monde extérieur, le rend exigeant et capricieux et entrave son développement harmonieux. Il deviendra un de ces adultes égoïstes et pénibles qui se rendent désagréables dans leur famille, à leur travail.
Il est salutaire au contraire, pour chaque enfant, d'apprendre de bonne heure à se conformer à une discipline. Le petit infirme ne fait pas exception il est excellent qu'il sache très tôt obéir, être propre et ordonné, qu'il apprenne tout petit à user d'égards envers les autres, à servir son prochain et même à consentir des sacrifices pour lui. Pour bien élever des enfants handicapés, il est essentiel de les traiter comme s'ils étaient normaux. Les petits sourds et les aveugles doivent apprendre comme les autres à s'habiller, à se déshabiller seuls, à se laver, se peigner, à se laver les dents et à ranger leurs habits, à se servir convenablement d'une cuiller et d'une fourchette. Après les difficultés du début, l'exercice les rend plus adroits et ils se font un point d'honneur de ne plus être traités en bébés; aussi les parents ne doivent-ils pas perdre patience et se mettre à ranger eux-mêmes les jouets ou à nourrir l'enfant à la petite cuiller, par exemple.
D'autre part, il serait faux de laisser le petit sourd-muet agir à sa guise, sous prétexte qu'il n'entend pas ; il est tout à fait capable de comprendre une interdiction et de s'y soumettre ; il doit apprendre aussi bien qu'un autre enfant à distinguer ce qui est permis de ce qui est défendu. Chaque fois que c'est possible, les jeunes sourds-muets devraient être mêlés à d'autres enfants, vivre et jouer avec eux. Si l'on ne dispose pas d'une école maternelle organisée exprès pour eux, on les confiera à un jardin d'enfants ordinaire. Cela les habitue à la vie en communauté et facilite leur entrée dans l'établissement spécialisé où se fera toute leur éducation.
Les éducateurs qui négligent d'habituer très tôt les enfants infirmes à s'en tirer seuls dans la vie journalière, s'en mordent les doits plus tard.
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