Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

Le sens esthétique

Du beau livre du Dr Alexis Carrel, « L'homme, cet inconnu », nous extrayons les lignes suivantes :

« Le sens esthétique existe chez les êtres humains les plus primitifs, comme chez les plus civilisés. Il survit même à la disparition de l'intelligence, car les idiots et les fous sont capables d'oeuvres artistiques. La création de formes ou de séries de sons, qui éveillent chez ceux qui les regardent ou les entendent, une émotion esthétique, est un besoin élémentaire de notre nature. L'homme a toujours contemplé avec joie les animaux, les fleurs, les arbres, le ciel, la mer et les montagnes. Avant l'aurore de la civilisation, il a employé ses grossiers outils à reproduire sur le bois, sur l'ivoire et la pierre, le profil des êtres vivants. Aujourd'hui même, quand son sens esthétique n'est pas détruit par son éducation, son mode de vie et le travail de l'usine, il prend plaisir à fabriquer des objets suivant son inspiration propre. Il éprouve une jouissance esthétique à s'absorber dans cette oeuvre. Il y a encore en Europe, et surtout en France, des cuisiniers, des charcutiers, des tailleurs, des menuisiers, des forgerons, des couteliers, des mécaniciens qui sont des artistes. Celui qui fait une pâtisserie de belle forme, qui sculpte dans du saindoux des maisons, des hommes et des animaux, qui forge une belle ferrure de porte, qui construit un beau meuble, qui ébauche une grossière statue, qui tisse une belle étoffe de laine ou de soie, éprouve un plaisir analogue à celui du sculpteur, du peintre, du musicien et de l'architecte.

Si l'activité esthétique reste virtuelle chez la plupart des individus, c'est parce que la civilisation industrielle nous a entourés de spectacles laids, grossiers et vulgaires. En outre, nous avons été transformés en machines. L'ouvrier passe sa vie à répéter des milliers de fois chaque jour le même geste. D'un objet donné, il ne fabrique qu'une seule pièce. Il ne fait jamais l'objet entier. Il ne peut pas se servir de son intelligence. Il est le cheval aveugle qui tournait toute la journée autour d'un manège pour tirer l'eau du puits. L'industrialisme empêche l'usage des activités de la conscience qui sont capables de donner chaque jour à l'homme un peu de joie. Le sacrifice par la civilisation moderne de l'esprit à la matière a été une erreur. Une erreur d'autant plus dangereuse qu'elle ne provoque aucun sentiment de révolte, qu'elle est acceptée aussi facilement par tous, que la vie malsaine des grandes villes, et l'emprisonnement dans les usines. Cependant, les hommes qui éprouvent un plaisir esthétique même rudimentaire dans leur travail, sont plus heureux que ceux qui produisent uniquement afin de pouvoir consommer. Il est certain que l'industrie, dans sa forme actuelle, a enlevé à l'ouvrier toute originalité et toute joie. La stupidité et la tristesse de la civilisation présente sont dues, au moins en partie, à la suppression des formes élémentaires de la jouissance esthétique dans la vie quotidienne.

« L'activité esthétique se manifeste à la fois dans la création et la contemplation de la beauté. Elle est complètement désintéressée. On dirait que dans la jouissance artistique, la conscience sort d'elle-même et s'absorbe dans un autre être. La beauté est une source inépuisable de joie pour celui qui sait la découvrir. Car elle se rencontre partout.
Elle sort des mains qui modèlent, ou qui peignent la faïence grossière, qui coupent le bois et en font un meuble, qui tissent la soie, qui taillent le marbre, qui tranchent et réparent la chair humaine. Elle est dans l'art sanglant des grands chirurgiens comme dans celui des peintres, des musiciens et des poètes. Elle est aussi dans les calculs de Galilée, dans les visions de Dante, dans les expériences de Pasteur, dans le lever du soleil sur l'océan, dans les tourmentes de l'hiver sur les hautes montagnes. Elle devient plus poignante encore dans l'immensité du monde sidéral et de celui des atomes, dans l'inexprimable harmonie du cerveau humain, dans l'âme de l'homme qui obscurément se sacrifie pour le salut des autres. Et dans chacune de ses formes elle demeure l'hôte inconnu de la substance cérébrale, créatrice du visage de l'Univers.

« Le sens de la beauté ne se développe pas de façon spontanée. Il n'existe dans notre conscience qu'à l'état potentiel…

Cette très belle page d'Alexis Carrel nous montre qu'un sens esthétique existe dans chaque être humain. Mais pour qu'il se manifeste, il faut qu'il puisse se développer chez l'enfant déjà. L'étude de la musique, de la rythmique, de la danse, du dessin, lui ouvrira déjà les vastes horizons de l'art.

Par la suite, comme il est rare, dans les conditions de travail actuelles, que l'homme réussisse à s'exprimer pleinement dans le cadre de sa profession, l'art, certaines formes de l'art tout au moins, peut être pour lui un précieux secours et permettre à sa personnalité de s'épanouir.
Il est donc de toute importance de ne pas étouffer chez l'enfant ce sens artistique, mais au contraire de contribuer à son plus grand développement.

Chacun ne sera pas capable de produire un chef d'oeuvre, mais éprouver dans la contemplation d'une véritable oeuvre d'art une émotion, une exaltation particulière, c'est déjà satisfaire des besoins, autres que les besoins matériels qui sommeillent en nous.









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève