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Première éducation musicale

«Une éducation musicale bien comprise a-t-elle pour but d'enseigner à quelques sujets exceptionnellement doués à produire et à apprécier de beaux sons? Non, elle aura pour objet d'éveiller chez l'enfant le sentiment musical latent chez tout être humain. L'éducation musicale doit tendre à faire naître et à exprimer des pensées et des sentiments élevés, évoquant de belles actions. La musique associée à la danse, à la poésie, aux jeux dramatiques, ouvre à l'enfant un monde de beauté où il puisera dans les moments pénibles une inspiration, un apaisement, un réconfort. Chacun sait quelle aide précieuse la musique apporte à ceux qui s'occupent de la rééducation des arriérés et même à celle des délinquants. Donner une bonne éducation musicale à tous les enfants, c'est accroître leur santé, leur énergie et leur bonheur.

« Les études musicales se terminent pour beaucoup d'enfants par un échec complet. L'une des principales causes de cet insuccès est l'habitude qu'on a prise de leur faire étudier en premier lieu des instruments trop difficiles et trop compliqués. Puisque la voix est l'instrument de musique le plus naturel, une éducation musicale rationnelle doit être fondée sur le chant.

« Les parents devraient se rappeler que rien ne stimule davantage les enfants que de faire de la musique en famille. Il existe maintenant de nombreuses collections de chants populaires où chacun peut puiser sans trop de peine les éléments nécessaires à former le goût musical des enfants. Le fait que les parents s'intéressent activement à faire et à écouter de la bonne musique aura sur les enfants une heureuse influence, créera entre les membres de la famille de nouveaux liens de sympathie et donnera une belle atmosphère au foyer.

Il y a une vingtaine d'années, Mme Satis Coleman tentait aux Etats-Unis une expérience fort intéressante. Comprenant que les difficultés techniques que l'on rencontre pour jouer de nos instruments modernes devaient être pour beaucoup dans l'aversion des enfants pour les études musicales, Mme Coleman voulut mettre entre leurs mains les vieux instruments de musique, infiniment plus simples. Mais ces instruments étaient devenus introuvables et voici ce que Mlle Coleman se dit :
« Les enfants fabriqueront leurs instruments et suivront le développement de la musique depuis son origine. Ils chanteront et danseront, joueront et improviseront sur leurs très simples instruments jusqu'à ce qu'ils sachent choisir parmi les instruments modernes celui qui leur convient le mieux ; chacun étudiera alors avec ardeur l'instrument de son choix.

« C'est ainsi, continue-t-elle, que j'adjoignis un atelier à nia salle de musique.
« Les tambours furent nos premiers instruments; nous utilisâmes un bol, une noix de coco, une boîte à épices, des gourdes, des barattes, des mortiers recouverts de peau ou de papier fort.
« Puis la curiosité des enfants se porta sur l'étude des timbres. Ils essayèrent de faire résonner du bois, du métal, de la porcelaine, des clochettes, des cruches, des bouteilles, des verres. En expérimentant le bois, les enfants découvrirent que les bois différents ont des tonalités différentes et que le ton varie aussi selon la longueur et l'épaisseur de la plaquette.
« Ensuite ce fut le tour des pipeaux et des flûtes. Faire un arc et une flèche et écouter le son de la corde au moment où la flèche vole, tel fut notre premier travail avec les cordes. Puis nous fîmes une cithare à une corde, une à trois cordes et une lyre. De là, nous passâmes au luth, en utilisant une boîte à cigares; ce luth à trois cordes nous donna des sons délicieux. Avec une demi-noix de coco recouverte d'une peau, nous fîmes un banjo à trois cordes. Puis vinrent les instruments à archet. Un garçon de neuf ans réussit à fabriquer un petit violoncelle avec une très grande boîte à cigares et trois cordes ; d'autres firent des violons et en jouèrent comme d'un vrai violon. Ils découvrirent toutes les joies de la musique d'ensemble. Au cours de notre deuxième année d'expérience, nous eûmes un ravissant quatuor à cordes composé d'instruments fabriqués par les enfants. Ce quatuor jouait des airs à l'unisson ou à quatre parties, des airs classiques et des compositions originales.

Les explorations des enfants dans le domaine musical n'eurent alors plus de limites. Tambours, crécelles, flûtes, trompettes, pipeaux, hautbois, clarinettes et fifres, harpes variées, lyres, luths, banjos, violes furent fabriqués par eux et affinèrent leur oreille…

« De tous les travaux manuels qui soient à la portée des enfants, je n'en ai jamais vu aucun leur donner autant de joie que la fabrication d'un instrument de musique; un objet qui résonne, qui répond à son créateur! l'instrument à vent surtout, qui crée la musique par le souffle même du musicien.

« L'enfant qui a construit des instruments de tous les types connaît leur construction, les principes sur lesquels sont fondés les instruments modernes et l'évolution dont ils sont l'aboutissement ; il les apprécie d'autant plus. Cette fabrication ouvre à l'enfant d'autres domaines intéressants et unit l'art, la science et l'industrie.

La joie que donne cette construction aux enfants stimule d'une façon étonnante leur activité créatrice. Dès qu'ils ont fabriqué un instrument, ils composent des airs. L'improvisation musicale et le chant, que l'on regarde d'ordinaire comme des dons particuliers, sont les effets d'une habitude prise dès le jeune âge…

« Pour être musicien, il ne faut pas se contenter d'écouter de la musique, il faut en faire; mais tant que le piano et le violon seront les seuls instruments que nous donnerons à nos enfants, une foule d'entre eux, et les tout petits, seront privés de musique, alors que c'est dès le plus jeune âge qu'ils peuvent former leur goût, prendre l'habitude de s'exprimer musicalement et trouver dans la musique une forme vitale et des joies qui leur seront d'un prix inestimable durant toute leur vie… »

Ces lignes, extraites de l'«Information», renferment des suggestions qui pourraient intéresser certains de nos lecteurs.
Ayant eu moi-même l'occasion de visiter une fois la « Maison des Petits » à Genève, que dirigeait alors avec tant de compétence Mlle Audemars, j'eus l'occasion d'assister à la leçon de musique et de voir aussi chez nous des réalisations faites dans le même esprit que celui qui anime l'éducatrice américaine.

Tous les enfants - âgés de cinq à sept ans - se sont groupés auprès du piano devant lequel une petite fille s'est assise. Quelques enfants avaient choisi, selon leurs goûts, des instruments divers fort simples, clochettes, cymbales, tambourins, xylophones. Sous la direction de l'un d'eux, tous, pianiste, instrumentistes et choristes, ont exécuté plusieurs morceaux de musique. L'entrain, le plaisir avec lesquels ces enfants chantaient, m'ont frappée. Les cymbales, les clochettes marquaient la mesure et les chanteurs étaient pris par le rythme.

Mélodie mise à part, cette production musicale me faisait songer à celles des nègres d'Afrique qui accompagnent leurs chants de tam-tam. Et plus j'y songeais, plus je trouvais que dans ce cas encore, la similitude de la mentalité du primitif et de l'enfant se trouvait établie.

L'expérience de Mme Coleman m'a rappelé le souvenir de cette visite qui me confirmait que les enfants aiment la musique et en jouent volontiers avec des instruments n'exigeant pas des efforts techniques et intellectuels au-dessus de leurs possibilités.









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