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A propos des refoulements

Il y a quelque temps je voyais un film qui montrait les résultats positifs obtenus par la psychanalyse dans un cas de folie chez un adulte, résultat d'un refoulement datant de la petite enfance. En sortant de là, assez remuée par ce drame étrange, je pensais que ces refoulements de l'enfance étaient en effet une chose bien tragique. Mais fallait-il les accepter comme presque fatals, inévitables ? N'y avait-il pas moyen de les prévenir plutôt que de toujours parler de les guérir? Nous sommes tous anxieux d'en préserver les enfants que nous élevons mais en même temps nous ne savons pas très bien comment nous y prendre, nous marchons comme sur des oeufs, car le subconscient nous paraît si mystérieux, si subtil dans ses actions et réactions.

Cependant nous savons qu'il y a des forces d'équilibre psychique qui jouent en nous naturellement, qui doivent jouer, et alors notre conduite comme parents ne doit-elle pas simplement viser à favoriser cet équilibre au moyen d'une bonne hygiène du coeur et de l'esprit ?

En y réfléchissant, il y a quelques points qui me sont apparus plus particulièrement importants à cet égard ; j'en parle comme simple mère de famille sachant parfaitement que beaucoup d'autres choses peuvent encore être dites par des gens plus compétents que moi.

En premier lieu, vivre aussi près que possible de ses enfants et de la nature, dès leur plus jeune âge, afin que des rapports pleins d'abandon, de simplicité et de confiance, s'établissent entre ces trois mondes : celui de l'adulte, celui de l'enfant et celui de la nature. Vivre très près de ses enfants, essayer de partager réellement leurs petites joies et leurs petits soucis, puis partir avec eux, en confidente et en amie, à la recherche de ce qui les intéresse et de ce qui les préoccupe, voilà qui peut empêcher cette terrible barrière de la gêne de s'élever entre eux et nous. Oui, la timidité, la gêne, sont bien une des causes des refoulements, parce qu'on n'ose pas dire et penser à haute voix ce qui étonne ou tracasse.

Comme chacun sait, un des grands sujets de préoccupation des enfants est celui de la reproduction de la vie. Les parents sont souvent si peu au clair eux-mêmes quant à leur propre attitude dans ce domaine qu'ils établissent et favorisent à leur foyer, sans s'en douter, une atmosphère de gêne que les enfants ressentent comme un malaise dès qu'ils commencent à se poser des questions. Alors ils n'osent pas parler de leurs préoccupations, mais ils ne peuvent s'empêcher d'y penser, et ils sont si honteux de leurs pensées vagues et troubles, que se développe en eux un sentiment de culpabilité tout prêt à devenir un refoulement nocif.

Vivre près de la nature avec ses enfants aide à éviter ce péril, car celle-ci est une initiatrice sans pareil dans sa calme et simple expression de la totalité de la vie: les fleurs et leur fécondation, nos amis les animaux domestiques et leur reproduction, autant de portes qui s'entre ouvrent naturellement pour nous permettre de pénétrer avec eux dans ce domaine jadis « tabou » et leur éviter ce douloureux émoi d'un mystère interdit. On a beaucoup parlé et écrit sur ce sujet, et je pense que tous les parents conscients de leur responsabilité doivent chercher et se renseigner jusqu'à ce qu'ils aient trouvé une ligne de conduite leur permettant de remplir leur rôle de guides et d'initiateurs auprès de leurs enfants. Eluder ce rôle, par fausse pudeur, c'est se priver d'un échange à portée très grande, qui peut créer un lien indissoluble entre nos enfants et nous, c'est aussi risquer de se faire les complices de désordres psychiques graves qui peuvent leur empoisonner la vie.

En second lieu, développer le courage chez nos enfants, ou, pour mieux dire, ne pas empêcher leur courage naturel de se développer en lui barrant la route par des craintes pusillanimes ou des sévérités excessives. Car, en somme, un refoulement a souvent pour origine un incident dont l'enfant n'as pas osé parler, par exemple un acte fâcheux dont il a été victime ou coupable, une émotion ou un sentiment qu'il a éprouvés et qui lui ont paru, avec son optique d'enfant, tellement monstrueux ou tellement pervers (la jalousie haineuse à l'égard d'un petit frère, par exemple) qu'il se ferait tuer plutôt que de l'avouer. Très souvent, c'est parce que l'enfant a vu ses parents réagir avec violence et sévérité contre des faits ou des sentiments semblables que le malheureux n'ose pas en parler et qu'il essaye de l’ « enterrer » en lui, comme on va cacher dans un trou ou dissimuler derrière un meuble un objet qu'on a brisé.

Et pourtant l'enfant naît en général courageux et ouvert ; c'est notre comportement qui le rend craintif et dissimulé. Gandhi, le grand patriote hindou, raconte qu'un jour son petit garçon lui ayant dit un mensonge, pour cacher une faute, il en avait été si bouleversé qu'il s'était puni lui-même par un jeûne prolongé, au lieu de punir son enfant, en lui disant :
« Mon fils, pardonne-moi de t'avoir inspiré une telle crainte que tu as préféré mentir plutôt que d'encourir ma colère ».

Si je rassemble mes souvenirs d'enfance à ce sujet, je constate en effet que la peur de mes parents n'a jamais produit chez moi quelque chose de fécond tandis que tout ce qu'il y avait de bon croissait et s'épanouissait dès qu'ils se montraient compréhensifs et indulgents. C'est le climat de la confiance qui favorise la vie beaucoup plus que celui du jugement.

Seulement, pour que notre enfant n'ait pas peur de nous, il ne faut pas créer entre lui et nous une fausse distance d'omnipotence et d'omniscience, il faut plutôt « faire équipe » avec lui, selon cette formule nouvelle que les jeunes aiment parce qu'elle a un petit air sportif.

Faire équipe, c'est s'ouvrir l'un à l'autre, très souvent et très familièrement, c'est s'avouer l'un à l'autre ses manquements, ses fautes ou ses erreurs, pour ensuite tourner la page et continuer à neuf, c'est s'épauler mutuellement pour se sentir plus fort et moins seul, c'est étudier ensemble des questions et prendre en commun des décisions. Les parents peuvent commencer avec leurs enfants quand ils sont très petits encore, mais il faut toujours agir avec souplesse et dans la liberté.

La famille est la cellule naturelle de l'humanité, dont les effets sont si actifs que son influence est immense, soit en bien, soit en mal. C'est redoutable mais en même temps très encourageant et très stimulant pour les parents puisqu'ils se savent ainsi vraiment les ouvriers de l'avenir, à travers leurs enfants. Cependant aucun parent, si bien intentionné soit-il, n'est à l'abri de faire des erreurs, je le sais trop bien par expérience. La science psychologique est venue à notre aide en nous révélant bien des embûches évitables, et nous lui en sommes très reconnaissants. A nous de rechercher pour chaque enfant, devant Dieu, ce dont il a besoin pour s'épanouir et ce qui lui convient le mieux. Mais il est une sorte de commun dénominateur qui peut être le mot d'ordre de tous les parents pour tous les enfants ; une mère de sept enfants l'exprimait ainsi, en parlant d'une de ses filles qui lui donnait de la peine : « Maintenant cela va parce que j'ai accepté son âme comme elle est ». Devenir, par amour, les serviteurs de l'âme de nos enfants et non pas ses tyrans, cela signifie les aider à devenir « grands» et je donne à ce mot tous ses sens, leur ligne, avec leurs possibilités, leurs capacités, et non selon nos vues, nos plans, nos desseins à leur égard. Je pense que cette manière d'être supprimerait plusieurs causes de refoulement, en particulier celle provenant d'un sentiment d'infériorité, puisque l'enfant se sentirait aimé et apprécié pour lui-même et non en comparaison d'un autre ou d'un idéal abstrait. Quelle détente pour lui de pouvoir être comme il est et non pas comme ses parents voudraient qu'il soit !

J'ai connu un jeune homme qui se sentait tellement l'objet de l'orgueil de sa mère qu'il essayait toujours de se surpasser lui-même, dans une course essoufflée, pour pouvoir lui apporter de nouveaux succès, de nouveaux trophées. Quand la mère en fut consciente, elle fut remplie de remords et s'efforça de libérer son fils de ce tribut payé à son orgueil. Mais il vaut mieux prévenir que guérir, et heureux sont les enfants qui, dès leur berceau, sont aimés pour eux-mêmes et grandissent enveloppés d'une atmosphère de confiance, de courage tranquille et de sincérité.









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