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Education spirituelle de l'enfant par la mère
Nous avons fait appel à la plume de Madame Victor Schaller pour exposer, du point de vue religieux, le problème délicat et difficile de l'éducation spirituelle de nos enfants. Les quelques directives qu'elle nous donne sont des bases destinées à préparer la lecture d'articles qui suivront prochainement, et qui souligneront l'urgence, les difficultés, les possibilités, de l'éducation spirituelle de l'enfant par la mère, sujets traités dans la séance plénière de la Fédération des groupes de mères », à Genève, le 24 septembre 1947. Réd.
L'ère chrétienne a fait une place nouvelle à la femme. « Il n'y a plus ni homme ni femme », disait saint Paul, «pour ceux qui sont en Jésus-Christ», et cela était en son temps une révolution ; aujourd'hui, non seulement l'équivalence de l'homme et de la femme est admise, mais de plus en plus on se rend compte de l'influence importante que peut exercer une femme dans les milieux les plus divers. Notre époque a mis en valeur principalement une catégorie de femmes, la mère en tant qu'éducatrice de ses enfants, le père étant appelé toujours davantage à remplir son devoir de citoyen en dehors de chez lui. Cette fonction entraîne avec elle des responsabilités, l'éducation de l'enfant touchant en effet à de nombreux domaines : matériel, intellectuel, moral, spirituel. Or, combien de femmes, préparées pour répondre aux besoins de l'enfant dans les trois premiers domaines ne le sont pas pour le dernier, et par là même négligent leur tâche d'éducatrice au point de vue spirituel, confiant simplement leur enfant aux maîtres de cette discipline. Il faut, en effet, entraîner l'enfant par l'école du dimanche, par le culte de jeunesse, par l'instruction religieuse, à vivre une vie spirituelle collective, mais il faut aussi l'encourager à la vie spirituelle individuelle, et c'est là le rôle de la mère. Mais pour pouvoir jouer ce rôle, aussi parfaitement que possible, il faut tout d'abord savoir que la vie de l'enfant se partage jusqu'à sa majorité en quatre tranches l'âge de la petite enfance, la période de la pré-adolescence, l'adolescence, la période de la post-adolescence.
La mère sait en général très bien quels soins matériels elle doit donner à l'enfant pendant ces différentes étapes de la vie, elle arrive souvent aussi, aidée du père, à le suivre dans le domaine intellectuel, à le stimuler, par exemple par certaines lectures. Au point de vue moral également, elle connaît les règles qui sauront garder son enfant de la contagion du mal, mais au point de vue spirituel, sait-elle toujours comment former son âme, ce temple intérieur où s'apprennent les vérités éternelles ? Voici un plan très simple :
Pour le premier âge, période de la petite enfance:
Posséder soi-même une foi ardente, une conviction sincère et se pencher chaque jour, soir ou matin, dès la naissance de l'enfant, sur son berceau d'osier ou de bois, les mains jointes, en faisant monter vers Dieu une prière à voix basse ou plutôt à voix haute
prière de reconnaissance, d'intercession, dans des mots qui seront de plus en plus compréhensibles à l'enfant dès que la notion du langage apparaîtra. Cette vision de la mère penchée sur le berceau à une heure régulière, se grave plus qu'on ne peut le croire dans l'âme de l'enfant. C'est la première initiation à la prière qui lui est donnée là.
Deuxième période, pré-adolescence : La mère doit être assurée que c'est dans la Bible qu'on trouve la véritable connaissance de Dieu. Dès que l'enfant entre à l'école, apprend à lire, la mère peut, elle aussi, ouvrir le Livre. Dans l'Ancien Testament, en feuilletant sa Bible de mariage, elle trouvera dans l'Exode, les Livres de Josué, Juges, Samuel, Esther et les Prophètes, de nombreux sujets qui, tout en devenant « des histoires pour l'enfant » lui apporteront cette culture spirituelle qui donnera des fruits plus tard. Dans le Nouveau Testament, les récits de la Naissance de Jésus, certaines guérisons opérées par Lui, quelques paraboles suivies de la contemplation d'illustrations, telles que celles du peintre Eugène Burnand, lui fourniront le thème de nombreuses lectures.
Troisième période, adolescence: L'enfant en complet déséquilibre demande pour ainsi dire un guide. Bousculé intérieurement par la vie communautaire qu'il mène, où toutes sortes de conceptions viennent heurter son esprit, il cherche à s'appuyer sur une base solide; un peu comme une branche de vigne, il essaye de s'accrocher afin que le sarment qu'il est, garde toute sa force pour nourrir le fruit qui apparaît peut-être. A ce moment, la mère doit savoir obéir aux exigences du Christ et lire avec son enfant les commandements du Maître qui sont sa règle de vie : sermon sur la montagne, ordres aux disciples, parsemés dan l'Evangile, consignes des apôtres, mobiles de leurs actes, sujets de leurs lettres. Elle peut les découvrir si elle se donne la peine d'apprendre à connaître sa Bible par elle-même. Autrement, elle demandera à un spécialiste, à un pasteur; de les lui indiquer. Ces commandements que Jésus a eu soin de fixer presque toujours par des images: joue droite, prière en secret dans sa chambre, paille, poutre, trésor, etc., sont capables d'être saisis par nos adolescents, si avides de tout ce qui est concret. Il en est de même de certains récits, nous allions dire d'aventures, dans lesquelles les apôtres ont été jetés par leur audace de témoins, de certains mots d'ordre de l'apôtre Paul aux communautés naissantes.
Quatrième période, post-adolescence : Nous appellerons cette période celle du «laisse-moi tranquille» que tant de mères ont peut-être entendu sortir des lèvres du garçon le plus attaché à elles auparavant. Heureusement, à cette époque, il y a encore l'instruction religieuse. Ici, la mère doit apprendre à être à disposition. Plus de lectures quotidiennes avec l'enfant, car celui qui a reçu individuellement l'entraînement spirituel dont nous avons parlé plus haut, poursuit de lui-même ses lectures bibliques, prie et réfléchit seul à seul avec Dieu. Mais, l'instruction religieuse pose des questions qui exigent souvent pour lui des réponses de la part de celle qui a présidé à sa formation intérieure dès la petite enfance. Ces questions, notre enfant les pose à un moment qui n'est pas toujours opportun pour nous. Parfois, c'est alors que nous sommes en plein travail dans la cuisine, ou bien à l'heure où nous lisons des pages captivantes dans notre chambre. Avoir la consigne: « être à disposition » nous oblige à faire l'effort d'être totalement disponible en pensée à ce moment et tout en continuant peut-être un travail manuel, à répondre, à causer, à chercher ou à affirmer une solution à travers la foi en Dieu, commencement et fin de tout.
Enfin, la majorité approche ! Pratiquement la mère arrive aux derniers mots de son rôle. L'éducation de la famille se termine peu à peu à la fois dans tous les domaines. Notre enfant va s'en aller bientôt seul avec tout ce que nous avons pu lui donner jusque là, gardant ce qui lui permettra de jouer à son tour un rôle dans la société, rejetant tout bagage qui lui semble inutile. A la mère d'être à son tour réceptive. A elle d'être celle qui a besoin de son enfant au point de vue spirituel. Comment cela? En toutes sortes de circonstances ; lecture de la Bible aux plus petits pour la remplacer parfois à leur chevet, lecture de la Bible dans certains cultes de famille à l'occasion d'un bienfait inattendu ou dans une heure d'angoisse, prière à table, prêt du livre de recueillement reçu le jour de la confirmation, préparation en commun d'une causerie sur un texte choisi. Bref, comprenant qu'elle a toujours moins à donner et toujours plus à recevoir de la part de son grand enfant, elle saura trouver mainte occasion d'utiliser pour le bien de tous, celui qui a des forces jeunes et qui renouvellera ainsi d'une manière peut-être intempestive, mais toujours vigoureuse, la vie religieuse de la famille.
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