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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURVariations sur un thème méconnu Le soleil glisse entre les volets mi-clos. Un merle chante à cour joie dans le pin noir. Mon oisillon de fils dort encore. Je m'éveille lentement et me retrouve au coeur de mon bonheur paisible, tissé, au gré des heures et de la lumière, de tant de petites joies simples. On s'habitue vite au bonheur, comme on s'habitue vite à la chaude lumière de ce bel été. Pourtant je n'ai pas toujours été aussi heureuse. Je me demande pourquoi… Est-ce l'air frais du petit matin ou la lecture, hier soir, de quelques pages de Maeterlinck ? Je ne sais, mais j'ai l'esprit curieux en ce début de journée. C'est d'ailleurs un moment exquis pour méditer que ces instants de réveil, quand la maisonnée est encore plongée dans un silence fragile, suspendu au souffle léger des petites lèvres endormies qui vont bientôt appeler: Maman ! Pourquoi donc n'ai-je pas toujours été parfaitement heureuse ? Je pense que c'est ma faute. Je ne réalisais pas, autrefois, que le bonheur s'édifie comme se construit le caractère d'un enfant, avec beaucoup de fermeté courageuse et d'attentive tendresse. Pour maîtriser l'art de vivre - qui n'est, somme toute, que l'art d'être heureux - il faut apprendre à aimer et à choisir parmi les mille et une sollicitations de la vie multicolore, il faut apprendre à gagner du temps en laissant de côté ce qui est secondaire. N'est-ce pas Vinet qui disait : « Le temps ne se compose pas seulement d'heures et de minutes, mais d'amour et de volonté. On a peu de temps quand on a peu d'amour ». Le visage soucieux d'une amie rencontrée hier me revient en mémoire. Pourquoi donc avait-elle les yeux sans lumière et le sourire si las ? J'entends sa voix tristement résignée me dire : « Je n'ai plus une minute à moi ». J'ai vécu aussi des années où je n'avais plus un instant pour méditer dans le silence et le repos. Du moins, je le croyais, ne sachant pas alors « gagner du temps » sur les exigences matérielles pour me consacrer à ceux que j'aimais. Et la vie devenait trépidante, machinale, vidée de poésie et d'âme, jusqu'au jour où je me suis dit que nous devions nous ménager des temps d'arrêt, briser parfois ce rythme étourdissant qui finit par détruire toute possibilité de joie intérieure. Depuis ce jour V (!) je m'accorde de petits morceaux de temps, pour écouter les appels infiniment variés des oiseaux dans le clair jardin - pour me réjouir de l'éclosion d'une nouvelle rose - pour m'évader cinq minutes avec Colette, Baudelaire ou Musset, ou pour recevoir des amis. Je prends le temps surtout de m'arrêter pour me pencher sur la floraison lente et sûre de l'âme de mon petit garçon et pour répondre calmement à ses questions, m'enrichissant de sa fraîcheur et de sa logique enfantine. Mais tandis que le merle matinal continue à siffler de joie, un appel me parvient de la chambre rose - le premier temps d'arrêt de la journée prend fin : « Maman, je suis réveillé !» |
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