Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

Punitions

Il n'est point de vie humaine sans la personnalité. La personnalité est donc essentiellement inviolable et nous devons la respecter en toute occasion même et surtout lorsqu'il s'agit de l'enfant.

L'enfant s'ignore lui-même, il faut lui apprendre ce qu'il est et pour cela faire appel tout d'abord à son intelligence, à sa raison, puis, lui commandant avec douceur, tâcher constamment de l'amener à vouloir lui-même ce qu'il doit faire.

L'enfant ne vaut, comme l'homme, que par le vouloir libre et il faut craindre dans notre oeuvre éducatrice qui va exiger chez lui l'obéissance à nos ordres de briser sa volonté, germe même de sa moralité future, de sa personnalité. Certainement les plus belles actions que nous pourrions lui faire accomplir seront sans prix si elles ne sont pas l'oeuvre de sa bonne volonté.

Obtiendrons-nous d'emblée cette bonne volonté ?.... J'en doute fort et je suis sûre que toutes celles d'entre nous qui ont des enfants de 6 à 15 ans vont me répondre très mélancoliquement.

Je crois cependant qu'il ne nous faut désespérer jamais.

En toute occasion nous devons chez nos enfants développer le raisonnement, recourir à leur raison avant de commander et puis, toutes les fois que l'enfant ne voudra pas arriver de lui-même à ce qu'il doit faire, lui en donner l'ordre qui sera inévitablement suivi de la punition s'il n'est pas exécuté.

Du reste je propose ce procédé à la discussion (1) car toutes les mères qui ont à diriger des enfants seront beaucoup plus à même que moi de dire ce qu'il vaut.

Je suis donc arrivée à l'idée de punition. La punition est-elle nécessaire ?

Certains pédagogues disent que nous devons nous en remettre à la nature des soins de l'éducation: c'est-à-dire la laisser châtier elle-même celui qui enfreint ses lois. Un enfant n'est jamais prêt à temps pour la promenade, partez sans lui, il ne se laissera plus mettre en retard.

Il s'amuse avec le feu, avec un couteau: laissez-le se brûler ou se couper soyez sûrs qu'il sera corrigé.

Il est gourmand: une bonne indigestion lui sera plus profitable que tous les avertissements.

Il me semble que cette méthode peut servir dans certains cas, mais elle ne peut pas valoir pour tous.

L'enfant ne connaît pas la réelle valeur des choses; il est des imprudences qui sont de nature à entraîner non seulement une douleur plus ou moins vive, mais la mort elle-même. Ainsi donc dans l'ordre physique il faut savoir épargner à l'enfant certaines douleurs que la nature ne manquerait pas de lui infliger impitoyablement.

Souvent au contraire, dans l'ordre moral, il faut savoir le punir, par certaines souffrances, des fautes que la nature punirait trop tard.

Un enfant inappliqué, distrait, paresseux, qui n'apprend rien; que deviendra-t-il si l'on s'en désintéresse en laissant agir la nature ?

Celle-ci ne manquera pas de prendre sa revanche, c'est certain, mais l'enfant devenu homme, se verra ignorant, malheureux; la punition sera trop sévère et elle arrivera quand il ne sera plus temps.

La punition est nécessaire; elle est commandée par l'intérêt même de l'enfant. La conscience de l'enfant n'est pas assez développée pour lui faire éviter les fautes, la punition est appelée à venir en aide au sens moral, et la douleur est nécessaire comme conséquence fatale de ses fautes. C' est peut-être seulement ainsi qu'il se formera en lui une notion précise et vraie de la justice.

Le but de la punition est de devenir inutile le plus tôt possible. Nous ne châtierons que pour arriver à ne plus châtier. L'idéal de l'éducation c'est que l'enfant trouve dans le blâme douloureux de sa conscience un châtiment assez fort pour renoncer au mal et pratiquer le bien.

Il y a de bonnes punitions et il y en a de mauvaises.

Les bonnes punitions auront plutôt pour but de redresser que de châtier. Si la paresse, par exemple, est la tendance dominante d'un enfant, on peut employer des punitions qui lui fassent comprendre que la paresse est un mal, en lui faisant trouver la douleur là-même où il plaçait son plaisir. Peut-être y arriverait-on en le privant pendant un moment plus ou moins long de tout jeu et de toute étude, en un mot en le tenant dans l'inaction absolue.

Quant aux mauvaises punitions, ce sont celles qui consistent à contrarier les besoins légitimes de l'enfant, celles qui peuvent compromettre sa santé: l'éveil de la peur, privation de nourriture, de grand air; et surtout celles qui exciteraient chez l'enfant la rancune, le découragement, ou pourraient susciter quelque défaut, quelque vice.

Il est quelquefois à craindre, par exemple, en privant l'enfant d'une jouissance dans le boire et le manger, de l'amener à la désirer davantage.

En l'envoyant au lit lorsqu'il n'y peut pas dormir, on risque de lui faire prendre des habitudes vicieuses.

Les punitions les plus salutaires seront celles qui ne détruiront ni ne déprimeront chez l'enfant aucune de ses énergies normales.

Il faut éviter de l'humilier au-delà du nécessaire. Le respect de soi-même se perd comme le reste et nous ne devons pas briser un des ressorts principaux de la vie morale.

Les punitions les plus étroitement liées à la faute commise, les plus réparatrices de la faute, celles qui donneront à l'enfant le plus vif sentiment de sa responsabilité seront les meilleures.

Les punitions devront toujours être rares et modérées; rares, parce que si l'enfant s'y accoutume elles n'ont plus d'effet, et modérées car en dépassant le but nous nous donnerions des torts envers l'enfant.

Quant au bébé chez lequel le raisonnement et la réflexion ne jouent pas encore un grand rôle, qui n'est pas encore paresseux ou menteur, mais qui est si souvent désobéissant, malicieux, nous redresserons ces défauts soit en donnant une petite tape sur les doigts du touche-à-tout, soit, en cas de récidive, en attachant les mains de l'enfant pendant un moment. Enfin quand le petit bonhomme aura commis quelque malice envers ses frères et soeurs la peine du talion pourra souvent être utilement appliquée.


(1) Il nous semble que le procédé contraire est préférable. Il vaut mieux commander d'abord, et, l'esprit d'obéissance obtenu, expliquer ensuite, le pourquoi de l'ordre donné toutes les fois que cela est possible.

Rédaction









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève