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Le sens de la responsabilité chez l'enfant* (Suite)

A mesure que l'enfant grandira, la vie lui apportera de nouvelles responsabilités. Les premières seront bien simples serrer des jouets, mettre la table, s'habiller seul ou, dans un autre ordre d'idée, surveiller pendant un temps court un frère ou une soeur plus jeune. Ces gestes contribueront à lui faire prendre confiance en lui.
Cette confiance sera très nécessaire lors de son entrée à l'école. Toute une série de nouvelles responsabilités vont en effet lui incomber : savoir ne pas s'attarder à regarder toutes les choses intéressantes qui émaillent le chemin de l'école, savoir écouter ce que la maîtresse dit à toute la classe à la fois, puis faire le travail seul, sans être comme à la maison spécialement surveillé, se souvenir des recommandations de sa maîtresse, de ses ordres aussi que tout cela est difficile

Au bout de quelques semaines, on donnera à l'enfant la responsabilité de son sac. Sans vérification maternelle, il s'assurera que rien n'est oublié, ni livres, ni crayons. Puis viendra la responsabilité des devoirs scolaires. Pour commencer, notre écolier s'occupera sans aide de sa branche préférée. Son travail sera vérifié d'abord chaque jour, puis de temps en temps, enfin plus du tout. Pour finir, l'enfant fera ses devoirs entièrement seul, mais en sachant qu'il pourra toujours, s'il le désire, recourir à ses parents pour une explication.

Pour permettre cette attitude, il faut que les parents s'ingénient à organiser la vie de l'enfant en fonction de son travail. Les heures seront bien choisies et régulières ; un enfant travaillera mieux en sortant de l'école, avant d'avoir joué, un autre au contraire aura besoin d'une plus longue détente. Les parents étudieront donc le caractère de leurs enfants à ce point de vue.
Ils devront aussi organiser un endroit spécial où l'enfant fera toujours ses devoirs, un coin de la cuisine ou de la chambre commune, s'il n'a pas de chambre à lui. Enfin ils éviteront de le déranger de son travail en lui demandant des services. « Jacques peut bien aller chercher du bois, cela dure deux minutes.» Oui, mais ou bien l'enfant continuera à penser à ses devoirs et la commission sera mal faite, ou bien il oubliera ce qu'il faisait et il lui faudra encore cinq ou dix minutes et un gros effort pour se replonger dans son travail.
Apprendre à travailler vite, bien et méthodiquement dans les premières années scolaires, c'est se préparer à faire, plus tard, un apprentissage ou des études dans le même esprit.

Pendant cette première période scolaire, les parents ne pourront pas augmenter les responsabilités de leurs enfants à la maison. Au contraire ils devront faire preuve de plus de patience, avoir parfois moins d'exigences. Au début de chaque nouvelle année scolaire, surtout si l'enfant change de maître ou d'école, ils penseront de nouveau au gros effort d'adaptation demandé, et en tiendront compte à la maison.

En même temps que les responsabilités scolaires, l'enfant en voit se préciser d'un autre ordre, que je qualifierai de morales. Les parents doivent de plus en plus pouvoir compter sur la parole de leurs enfants, sur leurs actes, le choix de leurs délassements ou de leurs camarades.
Là encore, les responsabilités morales de l'enfant seront proportionnées à son âge, son caractère et ses capacités. Nous, les parents, pouvons faire beaucoup pour le rendre «capable».
Il est indispensable, pour commencer, que l'enfant ait appris à obéir volontairement et joyeusement.
La peur du gendarme ne fera jamais de lui un responsable au sens que nous donnons à ce mot. Pour obtenir cette obéissance volontaire, les parents devront donner des ordres justes, réfléchis et exempts d'arbitraire et d'autoritarisme. C'est avant quatre ans que l'habitude de l'obéissance doit être prise plus tard il est beaucoup plus difficile de l'obtenir. De plus en plus, l'enfant d'abord, puis l'adolescent, substituera aux ordres de ses parents, les ordres de sa propre conscience et les parents devront s'appliquer à permettre cette évolution. Pour que cela soit possible, il faut créer en lui cette conscience à laquelle il obéira. Citons quelques-uns des facteurs jouant un rôle dans cette formation :

L'exemple des parents est le premier en date il faut donc que ceux-ci soient exigeants à l'égard d'eux-mêmes, tant dans leur travail ou leur façon de juger autrui qu'à l'égard de la vérité. Ils ne devront jamais, devant un acte un peu douteux, se dire « oh, les enfants ne s'en apercevront pas. »

Un deuxième facteur à citer: les premiers camarades. Mêlons nos petits à une bande joyeuse et saine d'enfants élevés dans un idéal qui se rapproche du nôtre, de telle façon que nous puissions leur faire confiance à tous. Plus tard, à l'école et dans la vie, entourés de toute une foule de camarades plus ou moins sympathiques, nos enfants seront d'autant plus difficiles dans le choix de leurs amis que leurs premières amitiés auront été plus saines.

Un troisième facteur : les lectures. N'en mésestimons jamais le rôle. L'enfant a tendance à s'identifier aux héros de ses lectures ; elles forment souvent le canevas sur lequel il brode de magnifiques jeux. Je me rappelle de trois garçons qui, pendant des vacances jouaient dans un grand jardin à demi-sauvage « l'île mystérieuse » de Jules Verne. Moi-même, je garde un souvenir ému d'une petite Madeleine, héroïne de je ne sais plus quel livre de Madame de Pressensé. Elle était devenue pour moi un modèle. Pas toujours sage, timide et douce, elle était cependant si pleine de bonne volonté et d'initiatives heureuses.
Evitons donc, dans la mesure du possible, les lectures bêtes, parfois malsaines de certains journaux illustrés ou livres d'images avec légendes qui n'éveillent, chez les jeunes lecteurs, aucune idée positive ou enrichissante. Ceux-ci ont à leur disposition une quantité de jolis livres appropriés à leur âge et qui les amuseront autant que les perpétuels Mickey ou autres publications du même genre.

Enfin la nécessité d'une éducation sexuelle bien faite est le dernier des facteurs de la formation de la conscience morale à laquelle je veux faire allusion dans ces pages. Renseignons nos enfants, puis nos adolescents avec franchise et netteté, sur l'origine de leur vie, puis sur l'amour, ses conséquences morales et sociales. Permettons-leur, par notre attitude compréhensive de nous parler en tous temps des problèmes qui les préoccupent à ce sujet. Nous les aiderons ce faisant passer le cap de l'adolescence. Quand un ou une camarade aura à leurs yeux un attrait qui fera naître l'amour, ils sauront prendre, là encore leurs responsabilités et devenir dignes du père ou de la mère qu'ils seront demain. De même, ils seront plus aptes à lutter contre les tentations offertes et les exemples de camarades sans conscience ou simplement mal préparés.

Plusieurs paragraphes de cet article pourraient être développés. Espérons cependant que de jeunes parent seront devenus plus conscients de leur rôle dans la formation du sens de la responsabilité chez leurs enfants. Espérons qu'ils se rendront compte aussi, que pour devenir adulte, pour pouvoir oeuvrer à une amélioration de la vie qui nous entoure, il faut vivre avec des jeunes et des adultes qui, selon leurs forces et leurs possibilités, sauront être, joyeusement, des « responsables ».


* Voir « Entretiens sur 1'Education», janvier 1948.









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