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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Grand'mères

Notre fille bientôt appelée maman ! et notre fils en passe de devenir un père de famille ! c'est formidable, comme ils disent, et combien émouvant.
Et pour nous qui allons être grand'mère, c'est un monde nouveau qui s'ouvre et un rôle nouveau qu'il s'agit d'apprendre.
Est-ce un privilège ? un devoir ? une charge ?… c'est un peu tout cela sans doute, mais c'est avant tout l'occasion de devenir toujours plus une source de joie et de tendresse. Mais ne pensez pas que pour être une vraie grand'mère il soit nécessaire d'avoir des enfants et des petits-enfants. Nous connaissons toutes de ces tantes et de ces marraines qui jouent dans la vie des nôtres le rôle de très chères grand'mères. Elles les aiment autant que nous, les soignent quand ils sont malades, les accueillent chez elles en convalescence, les morigènent et les comblent de gâteries et ont sur eux une influence d'autant plus profonde et bienfaisante qu'elle a été librement choisie.

O poupon ! tes yeux s'ouvrent, tes yeux encore pleins de ciel découvrent le monde et tu vois des choses que nous sommes trop vieux pour voir encore…, un sourire plein de mystère illumine ta figure et ta première larme coule sur l'oreiller…, sois béni, toi qui m'as sacrée grand'mère, toi qui as mis sur mon front cette nouvelle couronne. Jamais je n'oublierai tes roucoulements, tes éclats de rire, et les caresses de tes menottes. De toi tout est prodige, tout est merveille.

Attention seulement au péril qui nous guette, à la pente attrayante sur laquelle il nous faut prendre garde de ne pas rouler. Ne pas sortir bébé de son berceau, même s'il pleure ! cela pourrait déjà créer un premier conflit entre parents et grands-parents et, à quelques mois à peine, le tout petit comprend déjà qu'il y a là une influence dont il pourra se servir.

« Tu sais, grand'mère, maman a mis des confitures dans l'armoire de notre chambre, alors nous, quand on faisait la sieste, on a trempé nos doigts dedans pour les lécher et voir si elles étaient bonnes mais tu ne le diras pas à maman ! ». Ne pas le dire à maman, voilà le point délicat. Une confidence est une confidence, même à quatre ans.
Des doigts plongés dans le pot de confiture, ce n'est pas un secret très précieux, je peux même dire que cela n'est ni très nouveau, ni très inattendu, puisque, avouons-le, nous nous en sommes toutes rendues coupables autrefois, mais le fait de le raconter si ouvertement peut être le début d'une habitude, le premier pas vers une intimité nouvelle.
Cette intimité ne doit jamais être forcée, pas même sollicitée, et malgré le désir que nous en avons, ne posons pas de questions, ne cherchons pas à savoir, ne suscitons pas les confidences, attendons-les patiemment et elles viendront d'elles-mêmes en leur temps, si l'enfant a confiance en nous.

Mais pour que les grands inspirent aux petits cette admirable confiance, il faut qu'ils la méritent. Comment cela ? en les aimant bien sûr, mais en les comprenant : savoir deviner à demi-mot ce qu'on ne dit que confusément ; savoir écouter, même quand notre esprit est préoccupé de choses à nos yeux plus importantes ; savoir donner son attention et son temps.

Les nécessités matérielles obligent souvent les mamans à délaisser les grandes choses pour s'occuper des petites. Alors, les grand'mères essaient de les suppléer et font ce qu'elles peuvent ; elles savent, de par leurs propres expériences, que si l'attention et les loisirs sont précieux, ils ne suffisent pas pour mériter la confiance des enfants et que l'essentiel est de n'avoir jamais trahi une confidence, soit en souriant lorsqu'elle est trop naïve, soit en la divulguant à d'autres, soit en manquant de parole envers l'âme candide qui compte sur une promesse.
Elles savent aussi qu'aux puérils secrets des tout petits, en succéderont plus tard d'autres plus profonds et plus. poignants.

Avez-vous jamais mesuré l'honneur que nous fait un être humain quand il nous dévoile un peu du mystère de sa personnalité, même quand cet être humain n'est qu'un tout petit enfant. Et n'avez-vous pas senti l'émotion vous gagner parce qu'il vous permettait d'entrevoir, à travers ses mots malhabiles ou ses silences, quelque chose de sacré ?
Et puis, c'est si doux quand de confidente on devient conseillère ; quand on peut redresser tout doucement des idées fausses, suggérer des attitudes moins intransigeantes, arrondir ou limer des angles ou au contraire éveiller des intérêts, stimuler des intelligences ou des consciences engourdies.

Une grand'mère sera souvent plus bienveillante, plus indulgente que les parents ; elle accueillera les confessions plus calmement, elle sera plus près du garçon fautif ou de la fillette révoltée, c'est pourquoi elle pourra parfois servir de médiatrice expliquer aux jeunes les raisons des parents et à ceux-ci ce qui trouble leurs enfants. Mais ce privilège côtoie un précipice.
« Les enfants ont bien vite l'impression que leurs parents sont trop sévères et qu'heureusement la bonne grand'mère est là pour s'interposer. Or les parents ont besoin de toute leur liberté, de toute leur autorité pour mener à bien leur lourde charge d'éducateurs. Le rôle des grand'mères doit être de les soutenir et de les aider, même si dans leur for intérieur elles pensent qu'elles feraient autrement et mieux que leurs enfants. Pas d'intervention pour faire lever une punition, même si elle paraît trop sévère ou imméritée. Pas de critiques non plus, surtout devant les petits enfants. Que la grand'mère ne s'imagine pas que le seul bon système d'éducation est celui qui lui a donné à elle de bons résultats. Si elle n'approuve pas les actes des jeunes ménages, qu'elle cherche à les comprendre avec toute sa bonne volonté, et si elle n'arrive pas à comprendre…, qu'elle se taise ! » (d'après Camus).

Quelle joie et quel réconfort pour les enfants, quelquefois un peu bousculés à la maison, de savoir qu'il existe un endroit paisible où les attend quelqu'un de toujours bien disposé à leur égard, quelqu'un qui voit leurs qualités plutôt que leurs défauts, qui ne demande pas mieux que de les écouter, de les admirer et d'apprécier leurs plaisanteries. Quel incomparable public et qu'on est heureux quand on est invité chez grand-maman et invité tout seul, car c'est là le suprême plaisir de se laisser aimer, dorloter, cajoler… sans oublier qu'elle connaît tous vos goûts et ne vous donne jamais à manger des choux rouges, des pommes cuites ou de la rhubarbe si vous ne pouvez pas les souffrir !

La jeunesse nous paraît le plus souvent pleine de gaieté, de joie de vivre et d'insouciance, mais elle n'est pas que ça. Tout comme l'âge mûr, elle a ses souffrances, ses déceptions et ses chagrins. Nous voudrions écarter de ceux que nous chérissons tout ce qui les blesse, ôter les cailloux du chemin, voiler le soleil trop ardent, leur éviter les chutes et les erreurs qui furent les nôtres; « nous pensons parfois : que la passion. les épargne !, c'est notre premier cri, notre premier mouvement. Sottise. Il faut qu'ils peinent, qu'ils luttent et qu'ils paient de leurs larmes tout ce qu'un homme doit savoir pour être un homme » (Duhamel).

Nous ne pouvons que souffrir avec eux et essayer de les consoler.
Hélas ! Il y a encore une tâche que les grands-parents peuvent être appelés à remplir. Ils peuvent avoir l'amer chagrin d'avoir à remplacer les parents auprès des enfants orphelins ou abandonnés. La famille est blessée, dépouillée, et pourtant il faut qu'elle continue à vivre, qu'elle relève la tête et reparte en avant. Grand'mères, c'est sur vous que les pas chancelants s'appuieront et c'est auprès de vous que les courages renaîtront, mais, pour que cela soit, il faut que vous, malgré votre douleur, restiez fermes et courageuses.

Enfin, rôle suprême, la grand'mère est celle qui prie. Ses journées moins remplies et ses nuits parfois coupées d'insomnies lui laissent le temps de se tourner vers autre chose que les réalités matérielles. Ses mains jointes par la prière ne sont pas des mains inactives. Sa solitude n'est pas de l'isolement puisqu'elle est peuplée d'une multitude de présences et le silence qu'elle apprend à aimer chaque jour davantage lui permet de voir les visages et les choses dans leur vérité, avec leur vraie valeur, sous leur vrai jour.
Et, miracle de la foi, par la prière et par ce contact avec l'Eternité dont chaque jour nous approche davantage, nous agirons plus pour nos bien-aimés que par toute notre activité. Sans que nous leur fassions des discours et des sermons, ils sauront voir à travers nous ce qui vient de plus haut que nous.









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