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Quelle attitude faut-il adopter devant le mensonge?
Il n'existe pas une série de recettes à appliquer dans les cas de mensonges enfantins. Cependant, quelques principes directeurs peuvent nous aider à trouver l'attitude qu'il faut avoir dans ces circonstances.
Le mensonge du petit enfant étant plus un produit de son instinct qu'un calcul intellectuel, doit être jugé avec attention, mais sans sévérité. La seule conduite sage consiste à considérer ce mensonge comme un jeu, à entrer dans ce jeu, tout en montrant que l'on n'est pas dupe.
Jean-Claude vous déclare très sérieusement: « Oh! j'ai trop mal au ventre, je ne peux vraiment pas faire mes tâches ». Si vous êtes sûres qu'il s'agit là d'un prétexte habile, proposez-lui gentiment d'aller se coucher, promettez-lui une bonne tisane qui remplacera son repas et n'oubliez pas de lui dire combien c'est dommage qu'il ne puisse manger au dîner les petits pâtés qu'il aime tant.
L'enfant qui fait le récit d'une scène quelconque se laisse facilement entraîner par son imagination et son besoin inconscient d'exprimer ses désirs.
Robert, 8 ans, me raconte qu'à l'école, la maîtresse était très fâchée contre Colette - l'enfant terrible de la classe. La maîtresse a baissé les culottes de Colette et l'a fouettée, puis l'a envoyée dans la classe des petits. Je pense que Colette a peut-être été un peu secouée par la maîtresse énervée, et certainement envoyée dans une autre classe. Mais il me semble que la « fessée » est de trop dans le récit.
«Es-tu sûr que Colette a été fouettée?» - «Oui, oui ». – « As-tu vraiment vu cela ? » - « Oui, j'ai même vu ses culottes, elles étaient roses ». Avec un sourire incrédule et un petit clignement d'oeil, je dis encore : « C'est curieux j'ai de la peine à croire cela, en es-tu bien sûr? » Robert quitte son air sérieux de narrateur et esquisse un sourire. Je suis donc sur le bon chemin. J'insiste : « Tu aurais bien aimé que Colette soit fouettée, qu'en penses-tu? » - «Oh! oui, ça aurait été bien fait pour elle, elle est si méchante ». Il est donc bien clair que le mensonge de Robert n'est que l'expression d'un désir. Cependant, Robert a senti que je n'étais pas dupe et c'est la chose importante.
Ce serait une erreur de dire à l'enfant qui a menti une fois « tu n'as pas dit la vérité, je ne peux plus te croire ». L'enfant qui pense : « à quoi bon, puisque l'on doute de moi ! » sera tenté de mentir encore. On peut faire plus de mal en se méfiant une fois à tort qu'en faisant trop facilement confiance.
Le procédé des aveux est déplorable. Une seule explication donnée dans le calme est beaucoup plus fructueuse. Le soir, après la prière, alors que notre enfant cherche par tous les moyens à nous retenir encore quelques instants auprès de lui, asseyons-nous sur le bord du lit et parlons tranquillement. Tâchons par d'affectueuses questions de faire dire par l'enfant lui-même où commence son mensonge. Cela est assez facile, car on se trouve souvent en face de tant de naïveté. Pensons à l'enfant qui trouve si simple de transformer par un petit trait de crayon un « zéro » en un « six ». Il n'est pas difficile de démontrer dans le calme toute l' «erreur » d'un tel comportement. Il est évident que si cela se répétait l'erreur deviendrait une tromperie.
Et surtout une fois les choses au point, n'en parlons plus. Il est inutile de revenir toujours sur les mêmes faits. Mieux vaut encourager l'enfant que sans cesse le replonger dans une faute commise.
Une punition trop sévère, disproportionnée va à fin contraire. L'enfant aurait alors une nouvelle raison de mentir : la crainte.
Toute notre attitude doit conduire l'enfant à préférer la vérité au mensonge. «Fournir à l'enfant des occasions de prouver ses dires, de faire triompher la vérité, lui rendre de bonne foi hommage chaque fois qu'il a eu raison (combien d'adultes ont cette grandeur d'âme ?), c'est l'encourager à la sincérité
Il faut lui accorder un minimum de confiance et d'estime pour qu'il découvre la joie morale d'être loyal. Il faut surtout observer à son égard une scrupuleuse justice et discuter consciencieusement tout ce qu'il invoque. Il faut lui donner l'exemple de la droiture, ne jamais manquer aux promesses qu'on lui a faites. Alors ses instincts sociaux de réciprocité le feront sortir des rêveries du berceau. Trop souvent, le mensonge de l'enfant reflète les lâchetés et les mesquineries de ses éducateurs.*»
Le Docteur Allendy est bien sévère à notre égard, mais n'a-t-il pas raison?
*L'enfance méconnue, Dr René Allendy.
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