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RETOURInstinct maternel et tempérament d'éducatrice Au premier abord, instinct maternel et tempérament d'éducatrice semblent si naturellement liés l'un à l'autre, qu'il ne paraît pas y avoir intérêt à les dissocier pour les analyser. Lisons cependant les définitions que donne de ces termes, Mme M. T. Van Eeckhout, dans le Bulletin de l'Union internationale des organismes familiaux. « L'instinct maternel, quand il existe, est un lien sentimental profond mais involontaire, en ce sens qu'il ne dépend pas de ]a volonté de le sentir ou non. …Cet instinct, comme tout instinct, ne donne pas prise au raisonnement. Il se contente de se manifester. Aussi est-ce plutôt parmi les femmes qui n'ont qu'un instinct maternel modéré que l'on peut trouver les véritables tempéraments d'éducatrices. Le tempérament d'éducatrice se reconnaît surtout a l'équilibre intellectuel, encadré de bonté et de justice. L'amour de l'enfant, qui est une condition primordiale d'éducation, n'est pas, chez la véritable éducatrice une manifestation d'amour physique; il est au contraire un amour cérébral, un amour volontaire, un amour sensible aussi, mais plus sensible que sentimental. D'autre part, cet amour n'est pas étroit et exclusif, comme dans le cas de l'instinct, mais il s'adresse à l'Enfant, et englobe implicitement tous les « cas » enfantins. A dire vrai, il semblerait que l'instinct maternel fort soit un handicap à la bonne éducation du tout-petit. L'instinct fausse les points de vue, mêle les valeurs, s'embrouille dans les principes et leurs applications et se refuse à tout ce qui ne vient pas de lui-même. …Le tempérament d'éducatrice, au contraire, domine l'instinct ; il ne l'étouffe pas, mais il l'asservit, et le bébé qui pleure n'est plus une cause de souffrance personnelle pour la mère, mais un simple fait mécanique, inévitable parfois, mais sans importance en soi. L'instinct maternel pur cherche à garder un contrôle permanent sur l'enfant. La mère instinctivement maternelle « possède » un enfant. Il est sa propriété. Elle a un enfant à elle. Le tempérament d'éducatrice travaille au contraire à l'émancipation de l'enfant: libération de lui-même, de son milieu, détachement organique de celle qui l'a mis au monde. C'est en détachant de soi son enfant qu'une vraie éducatrice se l'attache définitivement parce que l'enfant libéré revient vers elle de son plein gré ; c'est en aidant l'émancipation individuelle de l'enfant qu'une mère remplit vraiment sa vocation maternelle ». Ces définitions ainsi posées, on voit que l'instinct maternel seul est insuffisant en matière d'éducation, il serait donc faux que la mère ne se fie qu'à ses traditions et à son instinct. D'autre part, comme toutes les femmes ne sont pas également douées d'un tempérament d'éducatrice, il est de toute nécessité qu'elles se préparent à leur rôle de mère. C'est en ayant une bonne connaissance de l'enfant, de sa psychologie, du développement de son affectivité que bien des erreurs pourront être évitées. On sait, en effet, que « l'enfant de 0 à 4 ans déjà, est en pleine réceptivité éducative et que l'adolescent conserve bien souvent les traces indélébiles de sa toute première éducation. C'est dire combien sont importants les premiers contacts de l'enfant avec sa mère ». Celle-ci s'efforcera donc de « juguler suffisamment son instinct. maternel, afin de pouvoir ouvrir la porte de son esprit, puis de son coeur, à la saine logique. » Elle n'oubliera jamais qu' « élever des enfants, c'est les habituer à se passer d'elle », et que pour éduquer les enfants, c'est soi-même qu'il faut d'abord éduquer* ». * Les facteurs affectifs dans la première éducation, par Georges Mauco. |
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