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Les premières larmes de bébé

Dès sa venue au monde, bébé pleure. Pourquoi ? Habitué à un silence et à une quiétude parfaite, à l'obscurité, à une chaleur égale et douce, au contact du monde extérieur, il se sent mal à l'aise. Il souffre.
Dans la période pré-natale, aucun effort ne lui était nécessaire pour se nourrir, ni pour respirer ; ses mouvements étaient libres ; il pouvait remuer sans entrave.

Pour l'être humain, la naissance est un événement très désagréable, suivi de nombreuses surprises non moins désagréables : chaleur et froid, lumière et bruit, élancements pénibles de la faim et de la soif. A cela s'ajoutent le frottement du linge plus ou moins rugueux, les langes qui gênent les mouvements et irritent la peau.
Durant les premières semaines, le nouveau-né versera bien des pleurs inévitables avant de s'accoutumer à toutes ces choses nouvelles pour lui.

…Que peut-on faire pour empêcher un nouveau-né de pleurer? Rien.

On ne peut rien contre les larmes, mais on peut et on doit tout faire pour éviter ce qui les provoque.
Il faut améliorer ses conditions de vie ; veiller à ce que rien ni personne ne troublent son repos ; le maintenir dans une température égale ; éloigner de lui les lumières trop vives, les voix trop fortes, et tout bruit. Il doit être toujours propre et confortablement vêtu (cela ne veut pas dire qu'il faille changer ses couches à tout instant). Il faut être attentif aux soins que nécessite son épiderme fragile; lui donner une nourriture convenable et suffisante. Chaque fois que cela est possible, il vaut mieux l'allaiter que le nourrir au biberon.

Ce sont là quelques principes élémentaires que toutes les jeunes mamans connaissent, et cependant trop nombreuses sont celles qui ne les appliquent pas.

Dès que l'enfant commence à pleurer, au lieu de chercher à en déterminer la cause, la plupart des mères courent à lui, le dorlotent, le changent, le prennent dans leurs bras, le bercent, essaient de le calmer par des paroles ou des chansons, en un mot, le « consolent ».
Ce n'est pas ainsi qu'on calme les chagrins de l'enfant, ni qu'on soulage ses petites misères. Sans doute il cessera quand même de pleurer si sa douleur n'est pas trop aiguë, car il sera étourdi par les bercements et enivré par les consolations. L'enfant s'habitue à cette légère ivresse. Plus tard, il voudra à nouveau l'éprouver, tout comme un fumeur ou un buveur, et il pleurera pour l'obtenir. La même remarque vaut pour les distractions de l'enfant. On « s'occupe de l'enfant », on le calme, on lui parle, on danse, on lui joue du piano, on fait claquer ses doigts, on siffle, on chante, on fait fonctionner le poste de T. S.F. Le bébé s'accoutume à tous ces amusements aussi vite qu'au bercement, et bientôt ne peut plus s'en passer. Il prend l'habitude d'être le personnage central d'une société d'adultes qui le distraient. Livré à lui-même, il ne sait plus que faire.

Et le cercle se ferme ainsi :
1° L'enfant souffre à sa naissance et pleure. Chaque fois qu'il pleure sa mère le prend dans ses bras et le calme par tous les moyens ; -
2° L'enfant s'habitue à cette façon de faire, et dès qu'il est seul, il ressent un malaise et se met à pleurer. On s'occupe alors de lui et tout recommence
3° Plus tard, l'enfant prend conscience que toutes ces consolations - devenues pour lui vitales - peuvent s'obtenir par des larmes, et il ne manque pas d'y recourir
4° Ce moyen étant si efficace, il pleurera bientôt pour exprimer tous ses désirs et pour la moindre vétille.

…C'est une erreur de croire que le nourrisson pleure parce qu'il est mouillé. S'il est vrai que, le démaillotant pendant qu'il pleure, nous le trouvons mouillé, nous pourrions aussi bien le trouver mouillé quand il ne pleure pas.
C'est une erreur de penser qu'il ne faut pas laisser pleurer le bébé parce que cela ennuie son entourage. Pour ses parents, il est préférable de supporter ses cris pendant six semaines et de le voir ensuite tranquille et souriant, que d'être obligé de le cajoler pendant deux ans pour empêcher ses pleurnicheries.
C'est une erreur de croire que le bébé, en pleurant, peut se faire une hernie. S'il en a une, elle sera visible quand il pleure ou va à la selle. Dans ce cas, il y était prédisposé dès sa naissance. Si nous redoutons une hernie chaque fois que le nourrisson pleure, que deviendrons-nous plus tard, quand il s'assiéra, grimpera, fera d'autres mouvements compliqués ? - et que sera-ce quand il fera du sport ?
C'est une erreur de croire que les jeunes enfants pleurent « quand il fait noir ». Au contraire l'obscurité les tranquillise. Ce n'est pas elle qu'ils redoutent, car ils aiment les ténèbres. C'est à la lumière qu'ils doivent s'accoutumer*.
C'est une erreur de croire que le bébé a besoin de société, qu'il pleure parce qu'il est seul et s'ennuie. Le petit n'est pas encore un être sociable. Moins on le dérange, mieux il se porte.
C'est une erreur de s'imaginer que l'enfant élevé dans le calme ne supportera pas le bruit par la suite. S'il vit dans le vacarme dès sa naissance, il sera vite nerveux. Pour le nouveau-né, l'atmosphère la plus tranquille est pleine de bruits inquiétants. C'est très lentement qu'il s'y habitue.

…Si le repos intérieur et l'équilibre de l'enfant sont troublés dès les premières semaines, ce sera pour lui un sérieux handicap. Il sera plus faible et moins apte à résister aux difficultés (à peu près comme quelqu'un qui porterait toute sa vie les marques d'une blessure reçue dans l'enfance).
Si le bébé a pris l'habitude de pleurer à tout bout de champ et d'être constamment consolé, il sera difficile de remédier à la situation.
N'essayons pas de changer brusquement d'attitude, et ne décidons pas d'un jour à l'autre « de laisser pleurer l'enfant ». Un revirement brutal serait plus nuisible que salutaire. Cette faute est, hélas commise couramment.

Je ne veux pas dire qu'il ne faut pas s'intéresser aux nouveaux-nés. Au contraire, il faut leur sourire, leur parler gaîment, leur témoigner de l'affection, les bébés ont besoin de tendresse. Pendant les cinq allaitements quotidiens, leur bain, et leur toilette, ils doivent sentir qu'on les aime.
Soyons tendres avec les poupons. La maman qui prend un enfant brutalement, celle qui a des gestes mécaniques quand elle le change ou le baigne, celle qui l'allaite ou lui donne le biberon sans douceur, lui donne l'impression qu'il est sans protection, dans un milieu hostile.

Ne soyons ni pressés, ni nerveux, mais faisons en sorte que le tout-petit se sente entre des mains fermes et bien intentionnées. Donnons-lui cette assurance - vitale pour lui - qu'il est aimé.


* Note de l'auteur. - Tout ce que je dis au sujet des pleurs, concerne exclusivement le nourrisson. Les enfants plus âgés, d'un an ou davantage, peuvent pleurer pour d'autres raisons ; souvent, par exemple, parce qu'ils ont vraiment peur - surtout la nuit - ou parce qu'ils ont quelque raison d'être tristes. Il ne faut pas confondre les deux cas. S'il faut laisser pleurer les uns, il ne faut pas abandonner les autres. Restez à leurs côtés, aidez-les avec tendresse à vaincre leurs difficultés.









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