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Education autoritaire et éducation naturelle. Une de leurs conséquences

Nous savons tous combien notre méthode d'éducation peut avoir d'influence sur le développement de nos enfants. Influence qui peut être heureuse, harmonieuse, bienfaisante ou au contraire écrasante, inhibitrice. Ces deux effets si différents sont les résultantes de deux attitudes en éducation qui s'opposent : celle qui laisse faire à l'enfant ses propres expériences et celle qui le soumet à l'autorité de ses parents. C'est ce que les psychologues appellent « conduite d'expérience » et « conduite d'autorité ».

Dans cette dernière, l'autorité joue un rôle prépondérant, elle est entière, absolue, les ordres sont donnés sur un ton impératif et n'admettent aucune réplique, l'obéissance est exigée sans discussion. Dans la conduite d'expérience au contraire, l'enfant, sous la direction ferme et bienveillante de ses parents lait ses propres expériences. Dans son ouvrage sur l'Education, Herbert Spencer, au siècle dernier déjà, développe longuement cette conduite qu'il appelle éducation nouvelle. «Contentez-vous, dit-il, de veiller a ce que votre enfant subisse toujours les conséquences naturelles de ses actions, et vous éviterez de tomber dans cet abus de domination qui fait errer tant de parents. Laissez-le, toutes les fois que vous le pouvez, à la discipline de l'expérience, et vous le préserverez soit de cette vertu de serre-chaude que la domination exagérée fait naître chez les natures dociles, soit de cet esprit d'antagonisme démoralisant qui se produit chez les natures indépendantes. »

Dans cette conduite, les ordres, car ils sont nécessaires, sont donnés d'une manière accessible à l'intelligence, au raisonnement.

« Ne touche pas ce fourneau, sinon je te donne une gifle » (attitude autoritaire). « Ne touche pas ce fourneau, il est très chaud, tu peux te brûler » (conduite d'expérience). Et si l'enfant fait mine de ne pas vouloir suivre ce conseil, laissons-le faire ses expériences. Exemple banal et bien insignifiant, penserez-vous, mais qui répété de nombreuses fois, pour de multiples faits, au cours de toute une enfance, finit par créer le climat de l'éducation.

Et combien seront différents les êtres ayant vécu dans tel ou tel climat. Là, où l'autorité prédomine, l'enfant, de personnalité peu marquée, sera soumis, privé d'initiative personnelle, plus ou moins inhibé devant des situations nouvelles ou imprévues. Son intelligence et sa faculté de raisonnement risquent d'être entravées dans leur développement, car il ne leur est fait appel que très peu. Il sera affectivement sous la dépendance de ses parents. Toutes ses actions seront entreprises et exécutées en fonction de l'estime et de l'amour qu'il espère recevoir. Il ne choisira pas sa voie, sa profession librement, mais suivra celles qui lui sont prescrites. Il ne prendra pas une claire conscience de ses possibilités, de son moi propre. Il tendra naturellement à se défaire de ses responsabilités sur un supérieur dont il devient tributaire. Il lui faut un chef auquel il est fixé affectivement et auquel il doit obéir.

Si l'enfant a le très grand bonheur d'être éduqué par des parents qui ont compris le rôle de la conduite d'expérience, il aura la possibilité de devenir un homme indépendant. Il sera entreprenant, réfléchi, capable de raisonner, de déduire par lui-même, intellectuellement libre. Sur le plan affectif, il aimera profondément et sincèrement ses parents ; il osera examiner avec eux, en toute confiance, les problèmes qui se poseront à lui. Ces conduites d'autorité et d'expérience, si différentes par leurs méthodes et leurs résultats jouent un rôle qui peut devenir tragique lors du groupement d'un grand nombre d'individus.

L'étude de la psychologie des foules montre que l'esprit des masses est bien différent de celui d'une personne isolée. L'homme pris dans une foule acquiert par le seul fait du nombre, un sentiment de puissance invincible qui lui permet de céder à des instincts que seul, il eût certainement et facilement réprimés. L'individu est comme dépersonnalisé dans une foule. De plus, une contagion mentale de même nature qu'une suggestion hypnotique lance les individus avec une impétuosité irrésistible vers l'accomplissement d'actes soit de la plus grande férocité, soit au contraire du plus admirable héroïsme. Chacun a encore présent dans sa mémoire les manifestations grandioses, terribles et inquiétantes de milliers d'individus rassemblés, il y a une dizaine d'années, à Nüremberg, à Berlin ou à Rome. Et plus d'un d'entre nous s'est demandé avec angoisse comment de tels événements étaient-ils possibles ? Quelle puissance de suggestion avait bien pu envoûter une nation toute entière derrière un chef secondé de quelques collaborateurs ? *

Et nous, éducateurs, ne nous sommes-nous pas demandé si l'éducation affective, morale et intellectuelle que nous donnons à nos enfants ne pourrait pas les soustraire à cette emprise quasi-magique de la foule et du chef? Avant de répondre, lisons encore l'histoire de Mario.

Des enfants de cinq ans se trouvent pour la première fois de leur vie réunis en groupe à l'école enfantine. Ils n'ont eu jusqu'à ce jour, individuellement, que leurs parents pour guide. Un camarade Mario s'impose tout de suite par sa taille, son regard, sa voix. C'est un mauvais élève, le plus difficile en classe. Mais à la récréation, Mario sait organiser un jeu, l'impose à ses petits camarades qui tous sont heureux de jouer avec lui, de le servir, de lui obéir. Mario le sait, cela lui donne encore plus d'assurance et d'autorité. Et tous ces petits bonshommes de cinq ans, les blonds, les bouclés, les timides, les sages, craignent Mario, mais l'aiment. Un jour Mario est puni dix minutes de retenue. Les enfants sortent à contre coeur de la classe, mais manifestant derrière la porte, ils réclament leur chef qu'ils accompagneront en triomphe lors de sa libération

Cette anecdote (authentique) et les remarques qui précèdent nous conduisent aux réflexions suivantes :
Nous devons reconnaître que tous les êtres humains sont naturellement plus ou moins sensibles à l'emprise d'une forte personnalité et que réunis en groupe, celui-ci a besoin d'un chef. Nous avons vu qu'un enfant ayant reçu une éducation autoritaire aura tout son comportement ultérieur orienté vers la recherche d'un chef à qui il peut obéir. Par contre, nous pensons, que si, en éducation, la conduite d'expérience ne peut soustraire entièrement l'enfant à l'emprise de la masse, elle peut du moins le préparer par la suite à la «résistance à la suggestion » qui dépend en effet du caractère et du degré de culture acquis. Et puisque ce besoin d'être dirigé est instinctif, il est alors de toute nécessité que l'enfant reçoive une éducation qui lui permette de penser et de juger par lui-même afin qu'il sache discerner parmi ses semblables, celui qui peut devenir le bon chef.

Herbert Spencer ne se trompait donc pas en préconisant son éducation naturelle !

* Aux personnes que ce sujet intéresse, nous recommandons le livre de Paul REINWALD, «De l'esprit des masses », Delachaux et Niestlé, Neuchâtel. Elles y trouveront un résumé commenté des travaux consacrés à cette question par les biologistes, les psychologues et tes sociologues les plus éminents.









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