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Il faudrait - Il faudra - Il faut
Zachée, désireux de voir Jésus, précède la foule qui entoure le Maître, se hisse sur un sycomore et regarde. L'intensité de son regard trahit sans doute et ses préoccupations intérieures et son grand désir d se rendre compte par lui-même de ce qu'est ce prophète dont il a entendu parler. Ce dernier se rend compte des sentiments qui animent cet homme. Il s'arrête. «Zachée, lui dit-il, hâte-toi de descendre car il faut que je demeure aujourd'hui dans ta maison. » C'est bref, c'est net. Malgré la foule qui murmure, Zachée promptement quitte son perchoir, reçoit Jésus dans sa maison et surtout lui fait place dans son coeur.
Supposons un instant la possibilité de l'entretien suivant : «Zachée, il faudrait que je puisse m'arrêter et causer avec toi. Mais tu vois, la foule me presse; nombreux sont ceux qui ont besoin de moi. Je voudrais bien entrer chez toi, mais ce n'est pas possible maintenant. Plus tard, quand j'aurai le temps, je frapperai à ta porte ; il faudra bien alors que nous ayons l'entrevue que tu désires. Au revoir, Mon ami! » Déçu, Zachée aurait laissé passer la foule puis serait descendu de son arbre pour rentrer, pensif, chez lui.
De ce récit et de sa lamentable déformation se dégagent trois mots, trois formes du même verbe d'où découlent trois attitudes: Il faudrait, il faudra, il faut. Trois expressions qui nous forcent à sonder notre vie journalière. Il faudrait. Comme il convient, ce mot, à nos vagues aspirations, à nos molles résolutions, à notre faible volonté ! Il faudrait, suggère notre coeur naturel en réponse à l'appel du devoir. C'est une lettre à écrire
Ah! oui, dit-on, en voyant sur la table la missive qui sollicite réponse, il faudrait que j'écrive !
et le temps passe et notre négligence demeure comme un poids toujours plus lourd jusqu'à ce qu'enfin, avec moins de joie et moins aisément aussi, on mette la main à la plume. Ou bien, c'est une visite à faire, importante ou non; un service qu'avec promesse on s'est engagé à rendre
Oui, il faudrait ! C'est comme un nuage qui obscurcit notre horizon. Disparaîtra-t-il avec le temps ou fondra-t-il sur nous en averse d'orage ? Il faudrait. C'est le voeu pie, le mot prononcé sans engagement intérieur, donc sans qu'il force aux actes désirables, une façon lâche de se dérober au devoir.
Mais voici, à propos ou hors propos, une parole, un incident éveille notre subconscient. La pensée du devoir négligé ou esquivé revient à la charge. Cette lettre, cette visite, ce service
Ah oui! il faudra. «Il faudra.» C'est l'ombre d'une décision qui se dessine. Un léger progrès relativement au «il faudrait» trop commode ; un accord tacite s'établit entre nous et l'appel renouvelé ; notre volonté se dégage lentement de son engourdissement ; c'est presque une résolution. «Il faudra.» Déjà on entrevoit les résultats heureux de l'acte qu'on accomplira : telle habitude que nous perdrons, telle modification de notre caractère que nous opérerons, telle réconciliation que nous réaliserons, nous nous attendrissons presque de joie ! Décidément, il faudra. Décidé
mais pour demain. Que le verbe au futur est parfois agréable ! Mais c'est encore le renvoi à plus tard. Viennent les obstacles, réels ou imaginaires. Pauvres de nous ! Il faudra.
Je ne crois pas qu'existent dans l'Evangile ces deux formes du verbe falloir dans le sens que nous avons dit : il faudrait, il faudra. Seul le vigoureux impératif « il faut » sonne et nous secoue. «Il faut que vous naissiez de nouveau. » « Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes. » «Il nous faut tous comparaître devant le tribunal du Christ. » « Il faut que je loge aujourd'hui dans ta maison. »
Ces divers « il faut » résument ce que Dieu attend de chacun de nous. Si nous prenons résolument l'attitude que cet appel implicite nous demande, les « il faudrait » et «il faudra » disparaîtront peu à peu de notre langage et de nos vies
Le trop facile « il faudrait», l'inopérant «il faudra» deviendront alors le fécond « il faut ».
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