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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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A propos de l'entrée à l'école

C'est le jour de la « rentrée ! » Une grande animation règne dans le préau des grands. Michel (9 ans) me lance un bref « adieu Maman » et n'a même pas un regard pour moi tant il a hâte de retrouver ses camarades. Si durant toute l'année, il ne montre pas le même enthousiasme à se précipiter en classe, aujourd'hui du moins, il y va le coeur joyeux.

Gérard a cinq ans, Je le conduis aujourd'hui pour la première fois à l'école. Il n'a aucune hâte à dégager sa menotte blottie dans ma main. Nous pénétrons dans la « petite » école, aucun cri ne résonne, tout au plus quelques voix chuchotent. Il règne comme un petit air d'angoisse. Les mamans, qui accompagnent leurs enfants, sourient pour cacher leur émotion et d'une voix, qu'elles veulent gaie et naturelle leur disent : « A 11 heures ! Je t'attendrai dehors, sois sage! » Les nouveaux écoliers s'asseyent sur un banc très bas, à la place que la maîtresse désigne, et ils attendent presque en silence, anxieux de voir ce qui va se passer. Il y en a bien un ou deux qui taquinent leur voisin, mais je regarde ces visages d'enfants et tous sont sérieux et inquiets.

Je sors de l'école et chemin faisant, je pense à tout ce que représente pour ces enfants ce premier jour d'école. Quitter la maison où l'on vit dans le cercle étroit de la famille, où l'on peut trouver aide et protection. Etre brusquement mêlé à une bande d'enfants, écouter une maîtresse que l'on ne connaît pas, lui obéir. Etre seul pour se défendre contre les taquineries de ses camarades. Que de choses nouvelles ? Les enfants s'y adaptent-ils facilement ? iront-ils bientôt à l'école avec joie, dépourvus de cette angoisse des premiers jours ? Pouvons-nous, nous parents, leur rendre plus facile ce passage de la vie familiale à la vie sociale ?
Certes, un enfant élevé avec des frères et soeurs, par des parents qui ne l'ont ni gâté, ni couvé, semble être préparé à passer aisément de la famille à l'école. Cependant, à côté de l'éducation, le tempérament joue un rôle prépondérant dans cette adaptation. Il y a des enfants qui sont vifs, indépendants, insouciants et d'autres réfléchis, timides, sensibles. Ceux-là auront le plus de difficultés et ce sont eux qu'il faut aider.

Martine qui a quatre frères et soeurs aînés, tous de joyeux écoliers, ne peut quitter la maison sans avoir le coeur serré. A l'école elle est malheureuse, n'a pas de camarade, elle est toujours anxieuse et timide, ce qui la rend maladroite. Elle ne trouve pas en elle la force et la confiance nécessaire pour surmonter l'angoisse que lui cause l'éloignement du toit familial. Sa mère, un jour lui dit : « Je ne peux pas aller à l'école avec toi, mais là-bas, tu n'es quand même pas seule, puisque Dieu est partout ». « Dieu est partout », quelle merveilleuse idée Martine reprend courage, et chaque matin part pour l'école le visage apaisé, après s'être discrètement agenouillée et avoir prié un court instant dans sa chambre.

Pour Robert, c'est la compréhension de sa maîtresse qui l'a sauvé. Sa première année d'école a été une douloureuse épreuve. Chaque matin, il ne peut se détacher de sa mère, il a encore quelque chose d'important à dire, un baiser à donner, et, blotti dans ses bras, il pleure, il pleure de toute son âme. Et plus il pleure, plus il pense à son visage bouffi, à ses yeux rougis par les larmes, et moins il a de courage pour affronter les moqueries de ses camarades. Robert trop timide tremble devant la communauté scolaire. Pour lui, l'abandon de la protection maternelle est une épreuve au-dessus de ses forces.

C'est avec des enfants de cette nature qu'une maîtresse perspicace peut être d'un grand secours. Si elle sait leur parler doucement, leur donner de l'assurance en leur confiant de petites tâches, les protéger contre les turbulences des plus forts, si les enfants sentent en elle comme le prolongement de maman à l'école, alors la partie est gagnée. Robert a eu la chance d'avoir une maîtresse qui avait toutes ces qualités ; cela l'a aidé à surmonter son angoisse, mais non sans douleur.

Au fond, l'enfant est malheureux parce qu'il se croit abandonné ; privé de la protection maternelle, il se sent seul, dérouté par la vie en commun, livré à lui-même.
Et tandis que je parviens à la maison, j'en arrive à la conclusion que pour être heureux, l'être humain, et surtout le petit enfant, a besoin de beaucoup, beaucoup d'amour.









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