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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
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RETOURPour Noël Maman tricote au coin du feu. En trombe, c'est Pierre qui entre. - Maman, qu'est-ce que ça veut dire : « Gavroche» et «mot de passe » ? Jean-Daniel m'a raconté la course dans le bois et il a dit : le mot de passe c'était Gavroche ; les garçons ne savaient pas tous ce que ça veut dire, mais ils le disaient tout de même pour passer ; on le leur disait à l'oreille. - « Gavroche », c'est le nom d'un gamin de Paris très courageux. - Ah ! et « mot de passe »? - C'est un mot mystérieux choisi par un chef, afin que ceux qui le connaissent puissent passer et entrer partout où on les attend pour obéir à la loi du chef. - Alors, il y a seulement des mots de passe s'il y a une patrouille, des soldats? (maman ne tricote plus). Dis, maman? - Mon Pierrot, il y a d'autres mots de passe seulement on ne les prononce pas à l'oreille d'un copain, comme Jean-Daniel te l'a raconté. Si tu disais, par exemple à une pauvre vieille dame chargée d'un panier : « service, Madame », en lui prenant son fardeau, ce serait un mot de passe, comme si tu obéissais à ton chef qui t'aurait murmuré à l'oreille : « dis-le ». Ou bien, si tu vois maltraiter un animal, ton mot de passe sera « pitié ». C'est ton chef qui te le dira au-dedans de toi et tu essaieras de le répéter à ton camarade. - Ce sera difficile ! - Oui, mon Pierrot, avec le mot de passe on va quelquefois au danger… Il faut le dire pourtant ! (Maman est silencieuse, son petit garçon se rapproche d'elle.) - Pierre, il y a un mot si beau, si joyeux, si lumineux, avec lequel on peut passer partout. J'y ai souvent pensé et je veux te le dire puisqu'on va bientôt fêter ce jour : c'est Noël. A Noël, il y a quelque chose qui ouvre les yeux, les bouches et les coeurs, avec ce mot-là toutes les portes s'ouvrent. Vois-tu, même des gens qui ne comprennent pas encore ce qu'il veut dire le chantent : Noël, Noël, et s'il n'y avait pas Noël, ils ne seraient jamais joyeux. - C'est comme « Gavroche », les garçons le répétaient sans comprendre. - Sur beaucoup de visage, ce jour-là, est écrit le mot « Noël ». C'est le seul jour de l'année où l'on peut saluer un inconnu sans qu'il s'en étonne, ou s'arrêter avec un passant auprès d'une église où l'on chante. Et chacun se tend la main parce que c'est Noël. Je connais une dame qui portait une belle branche de sapin toute garnie de fils d'argent. Elle était seule dans le tram avec l'employé. «C'est joli, Madame, cette branche toute blanche. » « Mais oui, c'est Noël, voulez-vous que nous la partagions?» «Volontiers… et puis, ce soir j'ai congé, on ira à la fête avec les enfants, à la fête de Noël. » - Tu vois? le mot de passe. Une autre dame, dans la semaine qui précède Noël, enveloppe de petits évangiles d'un joli papier et d'un ruban. Elle dit en les offrant à une caissière de cinéma ou à une vendeuse : « C'est Noël, voici un petit paquet.» Jamais on ne le lui refuse et on se sépare en souriant. Les cloches des églises disent aussi le mot de passe « Noël, Noël ». Sur la terre où l'on aime à entendre parler de Jésus le Sauveur du monde, elles le chantent joyeusement. - Maman, est-ce que dans notre pays tout le monde pense que c'est sa fête ? - Non, pas encore, l'on sait bien que c'est Noël, mais tous n'ont pas encore entendu le chef le leur dire à l'oreille. Ils connaissent le mot, ils ne l'ont pas encore compris. - Maman, si, à souper, on essayait de faire deviner aux autres le mot de passe, le vrai…à Lise, à Jean-Daniel… pas encore à Colette, elle est trop petite… mais papa, lui, il le sait déjà, n'est-ce pas ? |
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