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Images de Noël. Récit de M. Nimportequi

J'ai découvert un trésor, le trésor de grand prix, et ma vie en est toute illuminée. Voici comment ça s'est passé.

J'étais rentré d'une absence lointaine et je me trouvais dans une grande ville sans parents, sans amis. Malgré les camarades de travail, un sentiment de solitude de plus en plus intolérable s'installait dans mon coeur, et le 24 décembre - jour de joie pour beaucoup - je n'y puis plus tenir et me mis en quête d'un peu de bonheur, d'un peu de chaleur humaine. Ma journée de travail achevée, délaissant mon logis solitaire, j'entrai dans un petit café toujours plein de monde et je commandai un repas. Je me disais : « Je trouverai là au moins des copains. » Mais personne n'eut l'air de me voir sauf une femme peinte et fardée qui me fit des oeillades, et bientôt les chansons bruyantes et vulgaires emplirent le local et couvrirent la radio, l'atmosphère enfumée et chaude devint irrespirable, et je sortis, me sentant plus seul qu'avant.
Ensuite, vers dix heures du soir, je fus attiré par une clarté qui inondait le sombre trottoir ; elle venait des larges baies d’un restaurant à la mode et je pouvais apercevoir des tables bien garnies, ornées de fleurs ; les gens me semblèrent aimables et heureux. Je ne sais comment j'y pénétrai et m'assis à une petite table, dans un coin discret. J'aimais beaucoup mieux cette atmosphère distinguée et je pensais: « au moins là je verrai des gens « biens» et heureux et ça me tiendra compagnie». Les maîtres d'hôtel étaient si affairés qu'ils ne me découvrirent pas tout d'abord. Bientôt le ton de l'ambiance changea, le diapason monta avec le champagne qui commençait à couler à flot. Je compris que ces gens « réveillonnaient » et qu'ils s'apprêtaient aussi à fêter Noël. Une sorte de gaieté artificielle commença à régner, les plaisanteries fusèrent, les rires se firent bruyants. A ce moment un maître d'hôtel m'aperçut, il vint vers moi, menaçant, et m'ordonna de sortir sur-le-champ. Je n'étais pas en habit de soirée et ma mise et mon air plutôt lugubre faisaient tache au milieu de cette brillante société. Je partis sans demander mon reste et me sentis plus seul que jamais.
Mais voici que des cloches se faisaient entendre d'une église voisine, et je vis des gens qui se hâtaient vers une grande porte d'où sortaient des flots de lumière et d'harmonie ; j'y entrai à mon tour. Il y avait beaucoup de monde et vraiment leur aspect grave et recueilli faisait un heureux contraste avec ceux que je venais de quitter.
Je m'assis sur un banc et me mis à penser aux Noëls de mon enfance tandis que l'orgue faisait entendre sa grande voix. Les chants de l'assemblée, la liturgie, la prédication me remplirent peu à peu d'une douceur étrange et bienfaisante qui atteignit son point culminant quand le choeur soudain entonna : «Minuit, chrétiens, c'est l'heure solennelle… » Autour de moi tous les visages rayonnaient d'un tendre éclat et je me disais : « voici enfin des frères, ma solitude est finie » Et quand le choeur se tut dans la nef illuminée, je voulus saluer mes voisins, serrer des mains…, mais je ne vis plus autour de moi que des visages fermés et indifférents, chacun était pressé de retourner chez soi après cette longue veille, et le flot noir des auditeurs s'écoula rapidement.

Je demeurai plus triste et plus seul que jamais après avoir entrevu quelque chose du paradis.
Je regagnai mon logis et y dormis le plus longtemps possible. C'était toujours ça de pris sur l'ennui et la tristesse !
Mais le lendemain, jour de Noël, assoiffé de joie et d'amour, je repris ma quête à travers la ville. Mes pas errants m'amenèrent dans un joli quartier paisible; il y avait là quelques maisons claires et avenantes et je sentais que le bonheur devait y habiter. Par une grande fenêtre, je pouvais distinguer un joyeux va-et-vient, des voix d'enfants s'appelaient et tout d'un coup un arbre de Noël fut illuminé et des cris émerveillés l'acclamèrent. C'était une fête de famille; des parents, des enfants se saluaient gaiement. Sur le trottoir, des nouveaux invités me bousculèrent un peu pour entrer à leur tour. C'était beau et bon - mais je sentais que j'étais exclu de cette fête privée et que jamais, jamais la porte ne s'ouvrirait pour moi. J'étais l'inconnu indésiré auquel nul ne penserait.
Et je repris ma course vagabonde.
Enfin j'aperçus de loin quelque chose de nouveau. La porte d'une maison était largement ouverte ; sur le seuil éclairé se tenait une haute silhouette qui accueillait les arrivants. Et moi aussi je gravis le perron et pénétrai dans la vaste demeure. Je me tenais debout, un peu interloqué, quand je sentis une petite main qui se glissait dans la mienne et une voix enfantine me dit : « Viens, Monsieur, il y là-bas une bonne place pour toi », et elle m'entraîna vers un siège confortable, ses parents étaient là et m'accueillirent en souriant.
Je regardai autour de moi et vis tout d'abord un immense arbre de Noël qui étincelait. A son sommet, une étoile brille et fait tomber sa lumière d'argent; sous ses branches, une crèche garnie de paille où l'Enfant repose près de sa mère et de Joseph. Tout autour et jusque sur les marches d'un grand escalier se presse une foule silencieuse dont les visages rayonnent de joie. Ces gens sont très différents les uns des autres ; il y en a qui sont vêtus très simplement, et d'autres ont des habits fins et élégants. Il y a des jeunes et des vieux, des gens en famille et des isolés, des ouvriers et des chefs d'industrie, des hommes d'Etat et des domestiques, des étudiants et des gens venus de la campagne, et des quantités d'enfants. Mais un courant d'amour semble les unir tous, et je me sens bientôt enveloppé par ce même amour et devenu l'un des leurs.
Les rangs s'entrouvrent sans cesse pour accueillir de nouveaux venus, et cela semble tout naturel de leur faire place et de partager avec eux la joie qui remplit les coeurs.
De temps en temps une voix tranquille s'élève : «Ce petit enfant est venu pour faire tomber les barrières qui séparent les hommes. Nous ne sommes plus des étrangers les uns pour les autres, nous sommes tous des frères. »
Il n'y a plus ni classes, ni races, ni pauvres, ni riches, ni Orient, ni Occident, car cet enfant nous a dit que nous étions tous les enfants du même Père. »
Et maintenant de vieux chants de Noël se font entendre, graves et doux. Les lumières des bougies scintillent et dansent sur les murs et sur les visages ardents et attentifs des hommes, des femmes et des enfants réunis là autour du symbole du plus grand amour qu'il ait été donné aux hommes de connaître. Eux-mêmes vivent de cet amour, ils en sont devenus comme les reflets, c'est ce qui leur donne cette puissance communicative.
Près de moi, un homme venu là aussi pour la première fois, murmure, le regard perdu : « Est-ce là ce que signifie le Christianisme? Je ne m'en étais jamais douté ! »
Et moi-même j'ai le cour si plein qu'il n'en peut contenir davantage. Je m'enfuis en emportant ce grand bonheur. Ils m'ont dit de revenir. Je sens que ma solitude est finie.
Vous comprenez maintenant pourquoi j'ai dit en commençant que j'avais découvert le trésor de grand prix.









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