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Entre mères (1)

Chère Madame,

Pour satisfaire à votre demande il faudrait écrire... presque un volume ou plutôt il faudrait nous entretenir ensemble de vive voix; mais puisque cela ne nous est pas possible, je répondrai de mon mieux aux questions si importantes soulevées par votre lettre.

1° A quel âge, demandez-vous, doit-on commencer à agir ? Vous semble-t-il qu'on puisse réellement commencer à élever un pauvre mioche à peine né ?

Je mets un 1° à cette question parce que bien résolue, elle aide à en résoudre beaucoup d'autres et donne la clef de vos difficultés actuelles.

Vous avouez vous-même que votre enfant n'est pas élevé du tout, vous laissez la nature agir à sa guise, vous attendez qu'il ait sept ans pour intervenir. En attendant la situation se complique, les conflits entre cette jeune mais déjà grande volonté et la vôtre, vous font douter de l'excellence de votre méthode...

Eh bien ! chère madame, permettez-moi de vous dire que cette méthode a été la racine de bien des maux. Grâce à elle des milliers d'enfants qui, par leur intelligence et leurs qualités morales auraient dû en grandissant faire la joie de leurs parents et contribuer au bien de tous, se sont au contraire pervertis, ont fait un mauvais usage de leurs dons naturels et sont, pour la plupart, devenus un fardeau pour leur famille et pour la société.

Vous pensez qu'il ne peut être question d'élever un enfant au berceau et moi j'affirme que non seulement l'éducation doit commencer avec le premier vagissement du bébé mais qu'elle devrait le précéder. Ne riez pas, je m'explique.

Toute femme qui devient mère en est avertie suffisamment à l'avance pour n'être pas prise au dépourvu. Elle est donc responsable en une grande mesure des conditions dans lesquelles viendra au monde ce petit être qui n'a pas demandé à y faire son entrée. Ces conditions seront particulièrement défavorables à son développement physique et à son développement moral si la mère ne songeant qu'à satisfaire ses propres désirs n'a pas observé, pendant ses mois d'attente, les règles de l'hygiène, si elle s'est adonnée à des plaisirs fatigants et malsains, ou encore, si, se laissant aller aux impulsions de sa nature, elle n'a pas évité avec soin les accès de colère, d'irritation, d'excitation nerveuse. Enfin elle a déjà nui à son enfant si elle n'a pas préparé le milieu dans lequel il doit être élevé.

Combien de jeunes mamans ornent avec soin et avec amour le berceau du bébé attendu et ne songent pas à orner le foyer qui doit le recevoir, de douceur, de bienveillance, de désintéressement, de droiture, en donnant elles-mêmes tout d'abord l'exemple de ces vertus et en s'efforçant de les faire grandir autour d'elles.

Il y aurait beaucoup à dire sur cette préparation du foyer mais ces quelques mots suffisent pour vous faire entrevoir ce que j'entends par l'éducation avant la naissance.

Vous voyez qu'en définitive il s'agit, pour la mère, de faire en vue de son enfant, à peu près ce que fait le jardinier pour la semence qui doit devenir un arbre et porter beaucoup de fruits: préparer le terrain.

Continuant la comparaison je vous poserai à mon tour une question.

Croyez-vous que, la semence ayant levé, le jardinier va se croiser les bras et laisser agir la nature en se disant: «Quand mon poirier aura pris de la force, que grâce aux fruits des premières années je pourrai me rendre compte de ce qu'il vaut et que je verrai de quel côté ses branches se dirigent, je commencerai à le suivre de près, à redresser ses branches et à le former en espalier.»

J'entends votre réponse: «Un jardinier qui agirait ainsi montrerait qu'il ne connaît pas l'A, B, C de son métier !» Nous sommes d'accord. Mais vous avez déjà deviné ma conclusion: Ce qu'un jardinier, digne de ce nom, ne ferait et ne dirait jamais, combien de mères, par ignorance de leur sublime vocation, l'ont dit et l'ont fait.

Le terrain n'a pas été préparé et quand la semence a levé, on a laissé agir la nature. Inutile de vous décrire les résultats. Vous ne les connaissez que trop pour les avoir rencontrés un peu partout sans peut-être vous être toujours rendu compte pourquoi tel jeune homme, telle jeune fille avaient déçu toutes les espérances de parents et amis.
Mais vous avez hâte je le sens de savoir en quoi peut bien consister cette éducation du nouveau-né. Il n'entend, ne voit, ne dit en quelque sorte rien, comment peut-on l'élever ?

En faisant d'abord l'éducation de son estomac. Il s'agit en effet d'habituer celui-ci à une grande régularité. Dormir et manger, sont les seules occupations du petit être. L'une dépend de l'autre et, en général, le caractère dépend beaucoup de ces deux fonctions.

Pour ma part, j'ai fait tous mes efforts pour avoir pendant les 15 premiers jours pour chacun de mes enfants une garde consciencieuse et intelligente sachant régler les sommeils et les repas du bébé selon mes prescriptions, au lieu, comme cela se pratique trop souvent, de se laisser conduire par sa propre fantaisie, les exigences du ménage ou les cris du nouveau-né.

J'ai élevé 6 bébés et, ayant dès le début choisi pour leurs repas, leurs bains, leurs sommeils, les heures les plus convenables, j'ai conservé pour tous les mêmes heures auxquelles l'âge apportait bien entendu ses modifications mais que seules des circonstances exceptionnelles pouvaient avancer ou retarder.

De plus, j'ai exigé que dès leur naissance mes enfants prissent l'habitude de s'endormir seuls dans leur berceau et dans l'obscurité. Je n'ai eu qu'à me féliciter de cette habitude qui nous a évité beaucoup de peine et a contribué à préserver nos enfants de bien des peurs ridicules.

Pendant la journée ils n'ont jamais non plus été tenus dans ou sur les bras (sauf pour la promenade jusqu'à l'âge de 2 mois environ). Tout petits ils devaient coucher dans leur corbeille ou leur berceau; plus tard ils jouaient de temps en temps par terre, puis assis sur un tapis ou une petite chaise mais le plus possible laissés à eux-mêmes, s'amusant seuls avec des jouets très simples et inoffensifs: une balle, une boîte de carton, un hochet, un animal en caoutchouc, un collier de bobines vides, etc...

Peut-être trouverez-vous tout cela assez insignifiant. Je crois, au contraire, et bien d'autres mères avec moi, qu'élevés ainsi les enfants deviennent moins exigeants, moins égoïstes, plus débrouillards et aussi moins nerveux. Car l'enfant qu'on a toujours sur les bras et qu'on s'efforce de distraire finit par avoir une gaîté factice et par devenir capricieux, son esprit n'ayant pas le loisir de se fixer à son aise sur une chose ou l'autre.

(A suivre)

(1) Réponse à une mère ignorante de ses devoirs, dit-elle, et à laquelle son petit garçon de 3 ans donne déjà du fil à retordre.









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