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Vision commune
La maman pensait que Harry Potter pouvait attendre, mais un jour le père a ramené le premier tome d’occasion (balayant par là même tout argument économique) et tous les autres ont bientôt suivi d’abord en papier, ensuite en image.
J’avoue avoir lu jusqu’à « La coupe de feu » et accompagné ma fille cadette avec un certain plaisir pour voir « le prisonnier d’Azkaban ».
Dernièrement, nos deux filles ont demandé à voir « Le Seigneur des Anneaux ». Cette fois notre réponse fût concertée et catégorique : pas avant que vous l’ayez lu (il faut vous dire que les malheureuses ont des parents fervents lecteurs et à l’occasion « anti-film-saboteur-d’œuvre-littéraire »).
La grande s’est exécutée plutôt trois fois qu’une et est revenue à la charge. Nous avons tenu bon en arguant que sa sÅ“ur voudrait également le voir et que nous préférions qu’elle se fasse d’abord sa vision personnelle de l’histoire. Autrement dit : qu’elle passe par le livre. Nous avions un peu mauvaise conscience car nous craignions qu’elle ne cale devant le préambule rébarbatif de Tolkien. Très bien conseillée par sa sÅ“ur (et malgré tout bonne lectrice) elle a au contraire passé directement au chapitre premier et avalé les trois tomes dans un délai raisonnable.
Là-dessus, la grande est arrivée à la maison avec le DVD prêté par un copain et la même demande. Restait à trou ver un moment de disponibilité de l’ordinateur et des parents qui prétendaient malgré tout garder un Å“il sur l’affaire. Trois soirs durant nous avons donc plongé tous ensemble avec Gandalf en plein effets spéciaux, puis chevauché sans peur aux côtés des Rohirrim pour grimper enfin la montagne du Destin, à bout de forces, avec Frodon et Sam.
Les parents ont remarqué au passage quelques distorsions hasardeuses du film par rapport au texte qu’ils ont tenté de signaler aux enfants. Nous nous adressions en particulier à l’aînée estimant qu’à 13 ans il était temps d’aiguiser son regard cinématographique et son sens critique. Celle-ci, tout en admettant nos remarques ne semblait pas du tout perturbée par les changements et nous a vite fait comprendre que nous devions cesser de lui gâcher le film. Subrepticement, nous avons perdu tout contrôle de la situation. Elles aimaient tout, admiraient tout, vibraient pour ou contre tous. Nous avons donc admiré de concert et oublié quelles têtes pouvaient bien avoir Aragorn et Gollum avant d’avoir celles choisies par monsieur Jackson.
Quand, dans le sillage du Seigneur des Anneaux ont débarqué les pirates des Caraïbes, il n’y avait aucune Å“uvre littéraire à défendre et l’aura de Johnny Depp ayant apparemment affecté la génération suivante, plus rien à tenter du côté critique cinématographique non plus. Ont suivi : le roi Scorpion (du catch pour ceux qui l’ignoreraient) et la guerre de Troie. Pour cette dernière, le papa a plutôt mal supporté qu’Agamemnon meure par la main d’une petite vestale et la mère arrivait à saturation côté film de qualité discutable d’autant plus qu’elle n’avait jamais aimé Brad autant que Johnny.
Le dernier Harry sera vu entre copines, mais que ferons-nous face à la prochaine demande de visionnement à domicile ? Abandonnerons-nous la séance familiale ou oserons-nous opposer un bon vieux Hitchcock à la nouveauté du jour ?
En attendant que nous décidions d’une stratégie pour le futur, notre aînée fait ses devoirs sous l’œil de lynx de Legolas, un poème elfique (qu’elle connaît par cÅ“ur) affiché sur sa porte et sa sÅ“ur sous celui, cerclé de lunettes rondes, d’un écolier bien connu.
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