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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Post-partum

Finalement, un jour, après tant d’attente, j’ai eu la nouvelle: j’étais enceinte. J’étais furieusement contente et cette grossesse me remplissait de bonheur. Alors que les jours passaient mes espoirs grandissaient et, étrangement, une sorte d’angoisse aussi. Je ne saurais dire de quoi ma peur était faite. Elle était petite et menue, au début. Et puis, alors que mon ventre gonflait, ma peur s’amplifiait.
Lorsque parfois j’en disais quelques mots aux femmes qui avaient déjà eu des enfants, je recevais une vague compréhension qui cherchait plus à anéantir mes angoisses qu’à les comprendre.
Et puis, la naissance a eu lieu. Bonheur général, allégresse partagée, et puis, moi et le bébé. Comment expliquer que sans réduire l’amour que j’éprouvais pour cet enfant, je n’en ressentais pas moins une certaine sensation de perte et de distance ? Mais, comment expliquer, et à qui, que je me sentais complètement sidérée par ce nouveau rôle ? Tout le monde semblait attendre de moi une science infuse et une plénitude alors que je n’étais habitée que par une immense fatigue et même, parfois, par une envie de fuir.
Le décalage dont j’avais conscience me remplissait de culpabilité, ce qui nouait ma langue et tarissait les mots qui auraient peut-être pu me permettre de partager cette étrange sensation. Les mois passaient, rien ne changeait. Les actes quotidiens sonnaient terriblement creux et le temps me semblait arrêté.
Trop souvent j’avais l’impression que je ne réussissais même pas à apaiser le bébé, à le soulager. Dans le fond, je ne savais pas vraiment quoi faire avec le bébé, il ne demandait pas grand-chose.
La famille proche commençait à s’inquiéter, apparemment rien ne se passait comme il aurait fallu. Le bébé prenait du retard, il ne semblait pas du tout avoir envie de progresser, il ne réclamait rien, même son regard semblait tenter de m’éviter.
C’est le pédiatre qui m’a, un jour, parlé doucement et m’a demandé comment je me sentais. Il m’a parlé de mon enfant, du retard, de ma distance et de ma tristesse. J’ai pleuré, j’avais l’impression que quelqu’un me voyait finalement, ce pédiatre ne s’adressait ni à la mère, ni à l’épouse, ni même à l’adulte mais juste à moi. C’est à ce moment-là, je crois, que j’ai pris conscience de l’immense chagrin qui m’habitait et de la solitude dans laquelle j’étais enfermée. Je suis allée consulter un spécialiste, je l’ai vu souvent, pendant un certain temps. Il m’a parlé de la dépression du post-partum, rien de très exceptionnel selon lui mais état douloureux pour la maman et pour l’enfant.
Mon enfant va bien maintenant. Il grandit et je garde une sensation particulière de toute cette période. C’est un peu comme si la naissance de mon premier enfant m’avait obligé à soigner une vieille blessure.
Je ne sais pas pourquoi je voulais vous raconter cette histoire, j’avais certainement besoin de partager ce souvenir. Rien n’est simple à l’arrivée d’un bébé, mais rien n’est pire que de se croire seule alors qu’il y a des personnes capables de nous soutenir et de nous aider à redonner un sens au lien.









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