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Oh les amoureux !
L’autre jour, au parc, j’assiste médusée à la scène suivante : deux couples qui semblent se retrouver régulièrement sur cette place de jeux regardent avec attendrissement leurs bambins jouer dans le sable. Il s’agit d’un garçon et d’une fillette d’environ 5 ans. C’est vrai qu’ils sont choux ces deux petits, tout à leurs jeux, leurs sensations tactiles évoquant peut-être la plage de leurs vacances.
Côté adultes, les commentaires fusent et soudain je dresse l’oreille : « Quels jolis petits amoureux ! » ai-je entendu, ou quelque chose de ce genre. Le terme m’agace et me semble inadapté. C’est alors que l’un des parents sort un appareil photo et réclame l’oeil au viseur « un bisou », les petits s’exécutent… comme des enfants sages et obéissants. « Non, sur la bouche ! » dit le parent. Ulcérée, je quitte mon banc (je n’ai plus de petit à surveiller). Mais la scène continue de m’obséder et me rend de plus en plus furieuse.
J’entends encore la jardinière de mes enfants répondre aux petits qui se moquaient les uns des autres « ouh, Noémie est amoureuse de Nicolas » qu’être amoureux c’était réservé aux grands et que eux, les enfants, ils « s’aimaient bien » simplement.
Je pense à mes filles de 11 ans et demi et 13 ans. Dans la classe de la plus jeune le thème circule depuis plus de trois ans. Certaines filles se maquillent et s’habillent comme des ados depuis bien des lunes et les premiers « couples » éphémères se sont formés cette année avec des grands. Dans la classe de l’aînée, rien de ce genre. Alors qu’ils sont plus âgés, nous voyons une classe très unie où garçons et filles s’entendent très bien, discutent, collaborent, mais ne « sortent » pas ensemble. C’est le groupe qui prédomine de façon très étonnante et très forte. Deux classes différentes, deux vécus différents.
Et je me dis que mes enfants font toutes leurs expériences bien plus tôt que moi, celles liées aux rapports entre garçons et filles comme les autres et que ce n’est donc pas la peine de les pousser à grandir et à singer les adultes dès leurs jeunes années.
A ce propos, je m’interroge sur ce que signifie le fait d’habiller une fillette de 7 ans comme une de 13 voire 16 ans, surtout quand la mode est au nombril à l’air et aux épaules dénudées ou alors aux ceintures à clous. Je me demande quelle femme deviendra cette fillette qui, me semble-t-il, est en train de manquer une tranche d’enfance, de même qu’elle aurait sauté le quatre-pattes ou l’étape cache-cache? Loin de moi l’idée de retarder le développement des enfants. J’aimerais plutôt les laisser vivre en tant qu’individus qui évoluent à leur propre rythme intellectuel, émotionnel et affectif et non à un rythme dicté par les copains, les voisins, les parents ou les collections d’habits « 7-13 ans » des grandes surfaces.
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