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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
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Jeune fille au pair

Quand, à 19 ans, je suis partie comme jeune fille au pair en Allemagne, c’était le saut dans le vide. D’accord, j’aimais l’allemand et j’avais déjà passé trois semaines au bord de la Moselle deux ans auparavant, mais jeune fille au pair…
Les récits que j’entendais autour de moi n’étaient pas faits pour m’encourager. La plupart du temps mes camarades s’étaient horriblement ennuyées de la maison et surtout, quelle horreur, elles avaient toutes grossi de dix kilos. Ma meilleure amie, partie peu avant moi avait été considérée comme une véritable femme de ménage et avait dû changer de famille pour arriver à supporter son mal et atteindre péniblement les six mois prévus. Moi, je partais un an. Je n’avais aucune expérience des enfants ni, comme devait s’en apercevoir ma « patronne », du ménage ou de la cuisine… Je l’avoue, les premiers temps ont été une véritable épreuve pour moi… et pour celle que j’appellerai désormais Gaby. Elle m’a avoué plus tard avoir choisi une fille plutôt qu’un garçon parmi les candidats en pensant que la fille, forcément, aurait aidé un peu chez elle. La pauvre a donc eu des instants de panique en constatant qu’elle devait tout m’apprendre et s’est demandée au devant de quoi nous allions.
La fille au pair dans un premier temps, ne se doutait de rien. Les yeux et les oreilles immensément ouverts, elle faisait de son mieux pour tout intégrer : la cuisine, les habitudes ménagères de l’endroit, le charabia de la fillette de deux ans, l’humour moqueur du maître de maison, … et l’allemand. Les subtilités qu’elle sentait passer dans l’air seraient pour plus tard. Il y eut les poireaux sablonneux lors d’un repas d’affaire capital, la crise de nerfs parce que l’homme de la maison avait traversé le carrelage juste lavé, l’angoisse au moment oĂą j’ai compris que jamais je n’atteindrais la gare à temps avec la petite (ça ne va pas vite un enfant en bas-âge) etc… chaque épisode de ce début est resté gravé à jamais dans ma mémoire. Et Gaby expliquait, temporisait et surtout me faisait confiance.
Aujourd’hui encore, au moment de fermer un sac pou belle j’entends sa voix me dire qu’il faut d’abord vider l’air et aujourd’hui encore je plie le linge dans les armoires comme elle me l’a appris. Puis, plus le temps passait, plus le vocabulaire s’étoffait et plus la relation s’enrichissait. Dans cette famille j’ai finalement appris bien plus qu’une langue ou une manière élégante de ranger ses armoires.
J’ai vécu d’une autre façon que dans ma famille d’origine ce qui m’a permis de prendre un certain recul. C’est ce que j’ai emporté de plus précieux avec moi. Au bout d’un an ça n’a pas été facile de rentrer, bien au contraire. J’avais l’impression de quitter ma vraie famille qui en plus venait de s’agrandir d’un bébé auquel j’étais très attachée. Nous nous sommes écrit à chaque Noël ou presque, même si la rédaction de phrases allemandes devenait de plus en plus difficile pour moi qui ne le pratiquais plus et donnais des nouvelles de plus en plus brèves. Je n’ai pourtant jamais renoncé à ces quelques mots échangés et Gaby a toujours répondu.
De tout cela, nous avons reparlé il y a deux semaines quand elle est passée voir son ancienne jeune fille et sa famille. Nous avons beaucoup ri, baragouiné moitié en français et moitié en allemand et nous nous sommes remémorés tous ces souvenirs… C’est là qu’elle m’a avoué qu’elle avait eu peur au début de mon séjour…mais a-t-elle ajouté « tu apprenais bien, tu ne faisais les erreurs qu’une fois alors j’ai su que nous nous en sortirions ! »
Et le plus beau de tout cela c’est peut-être bien que cet été ma fille aînée va faire un séjour dans cette même famille. Elle pourra y faire la connaissance du fils de la maison : même âge, même admiration pour le Seigneur des anneaux, ça paraît bien parti pour que l’histoire continue.









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