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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURCivet de chevreuil, poulet et tofu Un dimanche ensoleillé de septembre, nous partons pour une promenade en forêt. Tons chauds des feuilles, chaleur douce du soleil, trilles aériens des oiseaux, tout y est. Cadeau suprême : un couple de chevreuils bondit gracieusement devant nous. « Oh maman, un faon ! » s’écrie mon fils émerveillé. Son enthousiasme n’a d’égal que celui des autres membres de la famille qui contemplent cÅ“ur et yeux grands ouverts, l’évolution des animaux. Soudain : coups de feu, aboiements, la vision paradisiaque est remplacée par celle beaucoup plus terrestre et difficile à accepter, d’un groupe de chasseurs en pleine action. Nous comprenons que les chevreuils ne passaient pas si prêt de nous pour notre plaisir, mais parce qu’ils étaient aux abois. Nos cÅ“urs se resserrent. Le désespoir du garçon est immense. Je ne sais que faire car je suis moi-même bouleversée tant le contraste entre les deux images est violent. De retour à la maison, le sujet occupe plusieurs soirées. En effet, au moment de s’endormir revient la même question sur les lèvres de mon cadet : « Pourquoi les chasseurs tuent les animaux ? Ils ne savent pas que ça leur fait mal ? ». Moi qui lui ai enseigné le respect des araignées et des escargots je lui réponds qu’ils aiment ça, mais me sais d’autant moins convaincante que le goût pour ce sport m’échappe et que je n’ai pas non plus celui de la viande. Tolérance oblige, j’essaie malgré tout de lui faire comprendre que ces hommes aiment les promenades en groupe même, voire surtout, si le clou de la sortie est représenté par quelques trophées qu’ils dégusteront ensuite au souper ou que nous retrouverons dans le menu de l’auberge du village. Comme l’alimentation de la famille comporte à l’occasion un poulet et que mon fils ne boude pas son sandwich au jambon, je lui fais remarquer qu’en amont il y a bien un animal qu’il a fallu tuer. C’est l’occasion pour moi d’expliquer à tous que c’est une des raisons pour lesquelles nous avons choisi de manger peu de viande et, le cas échéant, des animaux qui ont été respectés durant leur vie et leur abattage. Pour les autres repas, heureusement que le tofu existe ! Cependant, au nom de la sécurité et de la paix familiale, nos pas nous mènent désormais dans des endroits plus calmes. De mort en coups de fusils, nos discussions, alimentées également par les sÅ“urs de 11 et 13 ans, évoquent le chat du voisin qui s’est fait écraser il y a un an, les nouveaux chats qui chassent impitoyablement des souris désarmées et couinantes et… les guerres dans le monde. Trop sensible mon fils ? Je ne le crois pas. J’ai le sentiment qu’étant en communication presque directe avec les êtres vivants il touche au contraire là à quelque chose qui concerne le respect de la vie que nous, adultes, avons perdu ou mis de côté pour nous simplifier la nôtre. |
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