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L'honneur

La tâche la plus difficile de l'éducation est bien celle qui se propose de former le sentiment de l'honneur et de l'appliquer à propos. Il n'est pas de sujet sur lequel le jugement moral des hommes soit aussi confus que sur l'honneur et l'amour de l'honneur. Aristote remarquait déjà que le mot grec qui signifie «celui qui aime l'honneur» est employé tantôt dans un sens élogieux, tantôt dans un sens de blâme et qu'il n'y a aucun terme précis pour désigner le juste milieu qui consiste à n'aimer ni trop, ni trop peu l'honneur. Cette même incertitude règne encore aujourd'hui et parmi les chrétiens qui devraient avoir pourtant plus de lumière, on a fait un mal incalculable en éducation par la place que l'on a donnée au point d'honneur.

Il est facile d'obtenir de brillants résultats en faisant appel à ce mobile, car parmi toutes les passions que l'on peut exciter, aucune n'offre de levier plus puissant. Les hommes auxquels on a décerné le titre de grands, le sont devenus, comme Napoléon le disait ouvertement, en suivant le chemin de l'honneur et non celui de la conscience. Mais c'est précisément parce que l'honneur peut pousser l'homme aux extrêmes, qu'il n'y a rien de plus dangereux que d'aiguillonner l'ambition chez les jeunes gens au lieu de développer modérément chez eux le sentiment de l'honneur et d'en faire l'alliée du sentiment du devoir, qui doit toujours dominer.

C'est pourquoi nous condamnons absolument tous les artifices pédagogiques par lesquels on cherche à s'emparer de l'esprit de la jeunesse en faisant appel à cet honneur ou à cette honte qui ne viennent que des hommes. Nous condamnons pareillement les distributions de prix, ainsi que les différentes manières de mettre les enfants au pilori de l'école. Car, ou bien l'on excite trop fortement l'ambition par ces distinctions, ou bien l'on affaiblit par ces humiliations le sentiment de l'honneur. Celui qui déchaîne le démon de l'ambition chez Ies jeunes gens leur ôte toute tranquillité d'âme et le bien qu'ils accomplissent sous cette impulsion n'est pas un bien véritable; il n'est pas fait en vue de Dieu, mais en vue des hommes et n'a d'autre récompense que celle d'ici-bas. C'était l'ambition qui enlevait aux vertus des païens leur valeur morale et en faisait, selon l'expression de Saint-Augustin, des vices éclatants. Le même mobile entraînera un jeune homme aux plus mauvaises actions, s'il se livre à l'influence d'un entourage dangereux. Il s'accoutumera à faire ce qui lui attire l'approbation des hommes et, s'il a le malheur de se trouver au milieu d'un monde qui cherche l'honneur dans ce qui est une abomination devant Dieu, il sera entraîné sans défense aux actes les plus répréhensibles.

Plus qu'aucune autre, l'époque où nous vivons exige des chrétiens assez de résolution et de force pour sacrifier leur bonne réputation devant les hommes, lorsqu'il s'agit de recevoir de Dieu le témoignage d'avoir été fidèles. Par conséquent, s'il importe d'imprimer dans l'âme des adolescents ce sentiment, qu'une bonne renommée vaut mieux que toutes les richesses et les jouissances de ce monde, il faut cependant les préparer à sacrifier virilement ce bien terrestre, le premier de tous sitôt que le devoir envers Dieu le leur commande. C'est une grande chose que d'arriver soi-même et d'amener les autres à rechercher dans la seule approbation de Dieu la satisfaction du désir que nous éprouvons d'être loués, et à trouver dans le sentiment de cette approbation divine le calme parfait du coeur et la délivrance de tous les tourments de l'ambition.

Nous appelons sentiment de l'honneur ce sentiment de notre dignité morale qui nous pousse à veiller sur elle et à la conserver intacte dans toute notre conduite. Il est clair que, grâce au christianisme, ce sentiment a beaucoup gagné en pureté et en force. Si, par d'indignes traitements on l'étouffe chez les enfants, comment pourra-t-on ensuite le ranimer ? Et où trouvera-t-on, pour le remplacer, une autre sauvegarde contre tout ce qui est honteux et vulgaire, si l'homme a appris à se mépriser soi-même ?

Le chrétien doit sans doute, en face de Dieu, se prosterner dans la poussière et se reconnaître indigne de tous ses bienfaits. Il doit reconnaître et proclamer que son salut et sa sanctification sont une oeuvre du Dieu tout-puissant. Mais tout en reconnaissant ce que Dieu a fait pour lui et en lui, il se sent revêtu d'une dignité qui n'a pas d'égale sur la terre. Quelle lacune regrettable, si nous ne pouvions parler à nos enfants que de leur besoin de rédemption, sans oser les entretenir des magnifiques privilèges des élus qui leur ont été conférés par l'amour divin.

L'homme ne saurait porter un titre plus auguste que le titre de chrétien. Nous sommes les prémices de la nouvelle création (Jac. 1-18), et la pureté dont Dieu nous a revêtus est le plus puissant motif à nous préserver de la souillure du monde. Il n'y a point d'orgueuil dans cette pensée; elle nous humilie au contaire d'autant plus profondément que nous comparons notre conduite antérieure au don immense que Dieu nous a fait. Nier cela, ce serait de l'orgueil: le croire, c'est là la véritable humilité. Tous les résultats qu'obtient une fausse pédagogie en exaltant la dignité humaine, en excitant l'orgueil national ou la fierté aristocratique, manqueront toujours de pureté morale. Le bien que l'on croit produire ainsi ne peut être réellement obtenu, que si l'on parvient à imprimer dans le coeur des enfants une ineffaçable conviction de la dignité et de la sainteté de leur vocation de chrétiens.









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