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Très bientôt nous serons au printemps

Stoïque et disciplinée, aux ordres de Dame Renaud, ma mère tournait doucement sur elle-même. En attendant que la couturière finisse de prendre les mesures du vaste chantier que représentait l’exécution de la nouvelle robe de maman, je m’occupais comme je pouvais. Pour passer le temps, j’aimais à observer Dame Renaud dans son travail, et la voir s’installer avec précaution, elle et surtout ses genoux, sur un gros coussin brodé, posé par terre. En me tenant alors bien droite, je dominais son chignon.
Etrange et fascinant était aussi son drôle de tube métallique, réglable sur pied, muni d’un bec de canard latéral et crachant une poudre blanche. Dès que Dame Renaud appuyait sur une poire reliée au cylindre, pfffit la poudre se déposait sur le tissu, formant ainsi une ligne hachurée plus ou moins horizontale au niveau des mollets de maman. Toujours stoïque et dis ci pli née, ma mère tournait. D’un hérisson accroché à califourchon sur son avant-bras gauche, Dame Renaud prélevait prestement des épingles. Le hérisson était affublé de minuscules boules de toutes les couleurs, et petit à petit, le bas de la future robe s’en trouva magnifiquement paré. Je considérais ces délicats points colorés des plus seyants, à telle enseigne qu’à chaque remise d’un vêtement terminé, je déplorais leur disparition.
Dans le hall du petit appartement de la rue des Eaux-Vives, sous les toits du vieil immeuble, une imposante armoire aux épaules larges, affrontait les élégantes, présentant, tel un bouclier, un grand miroir ovale qui possédait les dimensions de sa porte. Je m’asseyais à ses pieds et ramassais sur un tapis qui avait dû lorgner par en-dessous plusieurs générations de coquettes, aiguilles et épingles qui s’étaient échappées d’un précédent ouvrage.
En récompense, la vieille dame me gratifiait à chaque fois d’une plaque entière de chocolat. J’étais émerveillée par tant de générosité.
Ce jour-là, son mètre posé en écharpe, la couturière, péniblement se redressa :
- Nous nous reverrons après les vacances de Noël et Nouvel An. Votre robe sera prête.
- Ouh la la, soupira ma mère en l’aidant à se relever, quand je pense à tous ces vilains jours de pluie et de froid qui sont devant nous !
- Ooooh Chère Madame, rétorqua la couturière d’une voix chevrotante, le temps passe si rapidement vous savez ! Très bientôt nous serons au printemps, vous verrez !
Ces paroles consolantes me parurent par trop optimistes. Après tout, nous n’étions qu’en novembre et moi qui trouvais déjà long la séance d’essayage, comment pouvais-je me réjouir de l’arrivée du printemps ! Il allait falloir affronter la grisaille de ces jours, toujours plus courts, qui nous obligeaient à partir le matin à l’école dans une semi obscurité et d’en revenir vers 16h dans les mêmes conditions.
A chaque début novembre, je me répète « très bientôt nous serons au printemps », la phrase de la respectable couturière de maman, prononcée il y a … 46 automnes.
Elle avait bien raison Dame Renaud: que le temps passe rapidement !









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