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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURRetrouvailles Il est 15h59 et j’arrive in extremis dans le préau. Je viens de quitter mon travail, j’essaie de laisser derrière moi les turpitudes professionnelles et me recompose une disponibilité afin d’accueillir mes enfants qui vont sortir de classe. Leur journée a été aussi longue que la mienne et leur pause de midi s’est faite au restaurant scolaire…Pas de commentaire. La cloche sonne, les portes du bâtiment s’ouvrent, voilà les enfants qui sortent. Chacun d’eux semble chercher un point d’atterrissage, un regard d’accueil. Toute leur énergie est libérée, leurs frustrations exprimées. Rapidement j’aperçois la petite qui se faufile pour me rejoindre. De loin, elle commence déjà à me parler, je ne l’entends pas mais je saisis l’importance que doit avoir son message. Lors que le contact auditif s’établit, j’écoute patiemment ses revendications concernant les enfants qu’elle veut inviter pour le goûter. Je ne suis pas sûre que le moment soit bien choisi pour lui expliquer ma fatigue et mon envie de lui dire bonjour avant tout. Afin d’éviter le conflit, je lui propose d’en discuter plus tard. Elle n’a pas l’air d’apprécier puisqu’elle se met à crier et à pleurer. Je me sens brutalement très fatiguée mais voici que le deuxième arrive, me saute dessus plein d’enthousiasme. Je le regarde afin de le saluer et me rends compte qu’il est en chaussettes, sans sa veste. Pendant une seconde mon cÅ“ur se serre en pensant qu’il est vraiment très dissipé. Lorsque je lui signale ses oublis il rigole et me dit que sa maîtresse lui a demandé de venir me chercher. De cette manière, elle sait qu’il sera obligé de revenir chercher ses affaires. Je tente d’expliquer à la petite qu’elle doit se calmer et que nous devons aller discuter avec la maîtresse de son frère, rien à faire elle redouble de colère. Je suis désemparée mais je n’ai pas envie de cette scène alors je lui demande de nous rejoindre lorsqu’elle aura compris. Comme je m’éloigne je l’entends pleurer bruyamment, mais elle me suit quand même. Alors que je m’approche de la classe du grand, je suis arrêtée par sa maîtresse. J’ai de la peine à retenir tout ce qu’elle me dit, je reçois son agacement, les mots qu’elle prononce sont comme des pierres qui viennent se poser sur mes épaules et m’empêchent peu à peu de respirer correctement. La petite continue à pleurer, la maîtresse continue à parler, le grand regarde ses chaussettes, je ne bronche pas. L’espace d’un instant mes pensées s’égarent, je regarde plus loin et je vois le chemin que j’aimerais prendre pour partir de là. Lorsque j’estime que tout ce petit monde a épuisé ma patience je reprends le contrôle : stop ! Je demande à la maîtresse un rendez-vous correct, je signale à la petite qu’elle n’obtiendra rien avec son comportement et je demande fermement au grand de s’habiller; nous rentrons. Lorsque nous arrivons à la maison et que je referme la porte sur nous, je suis envahie par une vague de soulagement. Finalement, je tourne le dos à une journée d’agitation, de bruits et de contraintes. « Allez, on va goûter. », je leur dis. Les deux visages se tournent vers moi souriants. Nous nous retrouvons enfin; j’aime. |
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