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Pause forcée
Elle gît au fond du lit, les lèvres sèches, les yeux brillants, encore maquillée. Elle est magnifique, on dirait une star qui joue la maladie. Pourtant la pauvre ne joue rien. C’est bien la grippe qui a frappé tardivement dans la saison et qui la cloue ainsi au lit, inapte à tout travail, ce qui l’angoisse d’ailleurs.
C’est vrai que quand on est petit, c’est presque un plaisir de rester quelques jours au lit, hors du temps, à se faire dorloter par maman. A 16 ans, ça l’est nettement moins. L’agenda est chargé et chaque jour de maladie fait rater quelque chose d’important. Quand elle ne sombre pas dans le sommeil, l’adolescente passe donc en revue les cours de la journée et toutes les prises de notes perdues. Elle pense au rattrapage en perspective et s’affole.
J’essaie de lui dire que cette pause, même forcée, est peut-être nécessaire. Qu’il ne faut pas forcément voir la maladie comme un obstacle à éliminer pour avancer toujours à la même vitesse. D’ailleurs, elle ne tombe pas si mal cette pause. L’épreuve de maths si capitale est derrière et les autres épreuves importantes encore à venir. Ça aurait pu être pire. Un passage chez le médecin au 5ème jour de fièvre nous confirme qu’il n’y a rien d’autre à faire que prendre son mal en patience. Pas d’angine, pas de bronchite. Seulement la grippe, et là le seul remède c’est d’attendre et de prendre éventuellement quelques pilules pour se soulager de temps en temps.
Mon ado a à peine la force de protester contre le sort.
Je la remets au lit, lui remplis son thermos de tisane et tente avec elle de voir comment elle peut préparer sa rentrée. Elle a bien une copine qui peut s’occuper de ses affaires ? Vaguement rassurée, elle s’endort. Le soir, c’est à mon tour de me sentir très bizarre
ah non ! Mardi j’ai un cours très important pour ma nouvelle formation et aussi deux rendez-vous auxquels je tiens beaucoup
Mais le verdict du thermomètre est sans appel. C’est le moment ou jamais d’essayer de vivre ce que je préconise si facilement pour les autres et d’accepter cette pause involontaire. Mais je m’aperçois que ce n’est pas facile, non, pas facile du tout !
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