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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
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Et si c’était…pas vrai

Le monde des enfants est un monde parallèle. Nous l’avons tous traversé et en avons gardé des impressions plus ou moins diffuses. Rien n’est vraiment la même chose, tout est relu à la lumière de l’imaginaire.
Les enfants sont rigolos, lassants, étonnants, agaçants, je ne vous apprends rien, mais leur façon toute particulière d’envisager la réalité demeure pour moi une source d’interrogation : comment font-ils ?
Si par exemple, votre fils, comme le mien d’ailleurs, vous décrit sa journée, rapidement vous comprendrez que rien ne lui sera arrivé comme d’habitude.
S’il a joué au foot avec ses copains, c’est à grand renfort de descriptions de ses actions qu’il racontera la situation extraordinaire dans laquelle il a pu exécuter un coup de pied arrière, le vrillé de la jambe impliquera, certainement, une scène mimée avec expression du visage au ralenti…Si, de plus, votre enfant, comme le mien, adore « en rajouter un peu » vous ne serez pas au bout de votre étonnement, disons de votre stupéfaction : il aura perçu les faits d’une manière telle qu’il sera difficile de savoir si, dans le fond, il enjolive la réalité ou si celle-ci est simplement plus riche à ses yeux qu’aux nôtres, les adultes.
Les exemples sont pléthores et lors des récits rocambolesques qu’il narre, j’hésite parfois à aller à la recherche de la réalité. Cette manière « d’améliorer » le réel nous le faisons peut-être aussi, un peu, parfois.
A quel moment faut-il ramener l’enfant à se confronter résolument à la vérité ? D’ailleurs, est-ce qu’il y a une vérité vraie ? Ou encore, est-ce qu’il est justifié de ne pas mettre un cadre strict autour de ces «élucubrations» enfantines ?
Je ne sais plus quand ses inventions ont débuté mais cela ne date pas d’hier. Je me souviens que nous trouvions cela assez drôle lorsqu’il était pitchoune…mais où allait-il chercher tout ça ? Et puis, petit à petit, il a fallu mettre en place une stratégie, sans vouloir briser son imagination mais afin de lui signaler que certaines fois, il allait trop loin. Comme le jour où il a raconté que pendant la pause de midi, sa grand-mère était venue le chercherà l’école en Ferrari et l’avait emmené manger une pizza à Lausanne (nous
habitons à Genève)…Ou encore, lorsque durant un stage d’été, il avait soutenu mordicus aux moniteurs présents qu’il ne pouvait (voulait) pas se baigner car il avait une peur bleue de l’eau. Aux questions psychologisantes des responsables, il avait construit une histoire faite d’un traumatisme provoqué par une chute dans un bassin, une noyade et un sauvetage in extremis par son père qui avait dû sauter à l’eau tout habillé…
Invention ou mensonge, après concertation familiale, nous avons décidé de remettre les points sur les i. Je vous mentirais en vous disant que ce fut une manÅ“uvre sans histoires. A la recherche de ce qui est vrai, j’ai enquêté, téléphoné, comparé, confronté.
Ma réflexion sur le sujet ne date pas d’hier, je me souviens de discussions avec le bonhomme qui, du haut de ses cinq ans, demandait pourquoi il ne devait pas mentir alors que je ne disais pas toujours la vérité. Est-ce que tous les mensonges sont interdits ? Pour quelles raisons certains mensonges sont Å“uvre de générosité ? Est-ce qu’une affabulation est un mensonge ?
Afin de trouver une cohérence dans ma position, j’ai choisi de différencier les choses.
Il y a, d’abord, les mensonges qui font de la peine et qui sont inacceptables.
Puis, il y a ceux qui veulent « ne pas » faire de la peine, du type : je ne dis pas à mamie que ses légumes sont immangeables mais je lui dis que je n’ai pas faim; là je dois avouer que je suis déjà beaucoup plus empruntée, autrement dit toute vérité n’est pas bonne à dire.
Il y a aussi les mensonges qui tendent à couvrir un mauvais choix, ceux qui nous permettent de dissimuler notre responsabilité aux yeux des autres, tous ces mensonges qui sont créés pour préserver notre confort, petits mensonges de tous les jours…
Il y a les mensonges du réel, histoires que nous nous inventons pour que notre vie et ce que nous vivons soit plus flatteur pour notre égo, du style l’exploit de foot extraordinaire.
Alors j’ai décidé de traverser toutes ces questions avec un double positionnement. D’abord, j’ai demandé à mon fils d’organiser son imagination. Pour ce faire, je lui ai proposé d’écrire avec lui des histoires rocambolesques. Nous nous asseyons côte-à-côte et j’écoute ses récits, je le relance, lui demande des précisions, des détails. Afin de donner un suivi à l’histoire, il a bien dû intégrer l’idée du début et de la fin, de la cause et de la conséquence.
Par ailleurs, dans le quotidien, lorsque j’ai le moindre soupçon quant à la véracité de ses propos, je n’hésite plus une seconde à vérifier ses dires.
Peu à peu les choses commencent à se différencier : il arrive à mieux comprendre à quel moment sa créativité est un atout pour lui et pour les autres et à quel moment il utilise sa capacité à créer de toutes pièces une histoire pour ne pas devoir affronter la réalité et combien cette attitude peut être blessante pour son entourage.
Tout cet apprentissage semble assez évident et pourtant, il faudrait parfois plus d’une vie pour l’intégrer.









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