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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
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Lamento

Il se tient voûté, l’instrument qui devrait être à l’horizontale penche dangereusement, l’ensemble de la posture indique que l’ado subit le martyr.
Exceptionnellement, j’assiste à la leçon, partagée entre agacement, gêne vis-à-vis du professeur et compréhension. Je me dis que l’enseignant est très exigeant, que c’est la fin de la journée et qu’il ne doit pas être évident de travailler une heure debout après l’école.
Ma présence dans la salle de cours est une dernière tentative pour essayer de rattraper la situation. En effet, depuis plus d’une année c’est la guerre ouverte autour de la musique.
A quinze ans, mon fils ne sort toujours pas l’instrument de lui-même, il fait les trente minutes réglementaires et pas une de plus. Pendant les vacances, l’instrument dort résolument dans son coin, du premier au dernier
jour. Depuis six ans que cela dure, mes épaules aussi commencent à se courber. Sans parler de l’argent qui pourrait être bien mieux employé.
Pourtant, nous avons tout essayé. Il y a eu plusieurs discussions en couple et en famille sur le sujet où tout a été explicité le plus honnêtement possible dans le style :«Tu ne prends pas les cours pour nous ! Manques-tu de méthode de travail ? N’as-tu aucun plaisir ? Voudrais-tu changer d’instrument ?». Il y a même eu convocation solennelle au terme de laquelle le musicien réfractaire a accepté de signer un contrat censé l’aider à se prendre en main.
Peine perdue : la pratique de l’instrument est ce qui se fait en dernier, s’il y a du temps, en tirant une tête d’enterrement et l’étui se referme telle une huître dès la 29ème minute entamée.
Bien sûr, j’ai aussi eu une conversation avec le professeur qui m’a assuré que mon enfant n’était pas un âne et faisait même malgré tout des progrès, qu’il ne fallait pas abandonner. J’en ai parlé autour de moi et compris que les expériences des musiciens amateurs se divisaient en trois catégories : il y avait ceux qu’on avait forcés et qui avaient refermé le couvercle ou l’étui pour toujours dès le diplôme obtenu. Ceux qui reprochaient à leurs parents de leur avoir permis d’abandonner et même ceux qui les remerciaient d’avoir tenu bon dans les périodes difficiles et leur avaient ainsi permis de passer le cap.
A bout de nerfs, de ressources et d’idées, je suis un jour entrée dans la chambre, après avoir bien réfléchi, pour dire à mon fils que s’il voulait tout arrêter c’était d’accord. Je n’en pouvais plus. Il se passait exactement ce que je ne voulais pas qu’il se passe : la guerre autour de quelque chose qui aurait dû être bénéfique, un plus qu’on lui offrait. Peut-être valait-il alors mieux tout arrêter, personne n’étant obligé d’aimer la musique. A quoi il m’avait répondu «ah non, après tout ce temps ce serait du gâchis !».
Donc, me voilà dans la salle de cours. Le professeur vient de libérer sa victime épuisée dix minutes à l’avance. Je remercie, dis que je téléphonerai et sors. Dans la rue, silence radio. Soudain, voilà Jack, copain de classe - «Maman, je peux aller chez Jack, je suis là pour le souper ?». Sans attendre vraiment la réponse l’ex-musicien lessivé se déleste de l’instrument sur mon épaule, démarre en trombe sur le VTT du copain et tourne le pâté de maison sourire aux lèvres… Un peu plus alourdie, je rentre chez moi.









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