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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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RETOURTu lui montreras les vitrines ! Rétrospectivement, Joseph se remémore l’événement de décembre dernier. Il revoit la scène au rayon des jouets et réfléchit à ce qui aurait pu être évité : les premiers signes de fatigue apparaissent au bout de quelques minutes déjà. Son fils Tino, pas encore 3 ans, trépigne, refuse d’avancer, a sûrement trop chaud et commence à geindre en continu. Ensuite, face à l’indifférence de celui qui le tient fermement pour ne pas le perdre dans le grand magasin plein à craquer, Tino pleurniche aigu. Suit un mouvement énergique du bras dont il est prisonnier. Joseph s’énerve. Tino met la vitesse supérieure en hurlant et en répétant de façon automatique : «Veux le camion, le camion, LE CAMION, veux le camion ! ». Joseph - le papa de la victime incomprise – a pour mission l’achat de cadeaux de Noël pour tous ses neveux mais se rend vite compte qu’il met l’eau à la bouche à son petit dernier qui réclame à corps et à cris sa part de bonheur. Et en cette période de fin d’année, la tentation n’est pas maîtrisable. Le papa se sent persécuté par les protestations de son fils. Il est vrai que depuis qu’il est né, quand Tino crise, il crise. Nous devons avoir un ancêtre ténor, se dit Joseph de plus en plus mal à l’aise. Il lui semble que tous les passants ainsi que le personnel du magasin se retournent sur eux, les observent et le jugent. Ah ça, pense Joseph, je n’aurais jamais dû emmener Tino. Grosse erreur ! Le coup du « prends le avec, tu lui montreras les vitrines de Noël…» papa Joseph s’en souviendra ! Normal, le petit ne comprend pas. Il veut le camion - l’énorme - vous savez, celui qui le nargue sur l’étagère, le rouge et blanc, avec un conducteur qui porte un casque jaune. Et, tant qu’à faire, il le veut maintenant ! Manque de chance, Papa Noël n’est censé se pointer que le 25… comment faire comprendre à un bambin qui n’a pas la notion des dates qu’il va devoir encore patienter 10 jours ? Ça n’était pas raisonnable de demander à ce petit homme, haut comme trois pommes, d’être raisonnable. Tino étouffe à présent, tant ses sanglots envahissent sa bouche. Le papa complètement dépassé par la situation, renonce à faire ses achats, quitte la longue queue qui les mène très lentement à la caisse et ne songe qu’à rentrer au plus vite. Tant pis pour le temps perdu, pour tous les jeux choisis pour ses neveux et qu’il abandonne lâchement dans le panier. Tant pis aussi pour cette incroyable place de parking qu’il a dégotée après avoir tourné 20 minutes autour du centre commercial, et s’être engueulé avec de féroces conducteurs concurrents qui espéraient le voir échouer dans ses manÅ“uvres pour garer son monospace. Joseph est rentré et a fait d’un inconnu un heureux en cédant cette fameuse place de parking si convoitée. Mais en priorité, il a mouché et consolé Tino qui n’avait bientôt plus de voix tellement l’expression de son chagrin l’avait épuisé. Le seul point positif de cette infernale après-midi conclut Joseph en fermant les yeux, fut que le Père Noël sut ce qu’il devait apporter au petit Tino : un énorme camion rouge et blanc avec un conducteur au casque jaune. |
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