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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURDevoir de mémoire, mais pas seulement Oui, Jenny, on en parle à nos enfants. L’une de mes filles est même allée visiter Dachau lors d’un voyage d’étude à Munich. Deux choses l’avaient frappée : l’horreur d’une part et l’indifférence d’un ou deux de ses camarades de classe d’autre part. Mais était-ce de l’indifférence ou une protection pour ne pas montrer une émotion trop forte ? De mon côté je me suis demandée si cette visite tenait du devoir de mémoire ou du tourisme. Je n’ai toujours pas la réponse, mais une chose est certaine, ma fille ne l’oubliera jamais. Naturellement il est de notre devoir de ne pas oublier tous ces massacres perpétrés au nom de la religion, de la politique, de la différence ethnique, de la différence sociale …, mais il est aussi primordial d’apprendre à éviter que cela ne se reproduise. Je ne suis pas politologue, mais j’ai l’impression que ces dictateurs ont pu prendre le pouvoir car ils étaient considérés comme des sauveurs. Ensuite la déviation et l’horreur se sont installées. Comment détecter ce genre de dérive ? C’est à mon avis aussi cela qu’il faut apprendre à nos enfants. Cet apprentissage est difficile car j’ai l’impression que l’on ne se méfie pas facilement des bonnes personnes. Voici deux exemples pour illustrer cela : - J’ai voyagé en France avec un ami allemand, né en 1957, dont la famille avait beaucoup souffert durant la deuxième guerre mondiale. Il évitait de dévoiler son origine, car cela entraînait immédiatement une méfiance et un parti pris négatif, alors qu’il n’était naturellement nullement responsable de ce qui s’était passé et qu’il en souffrait de la même manière que ceux qui le jugeaient. - Un de mes amis cambodgien était venu pour un stage en Suisse au début de l’année 1975. Lorsqu’il était sur le point de retourner dans son pays, des personnes lui ont conseillé de rester car ils ne voyaient pas le changement de régime d’un bon Å“il. Cet ami cambodgien n’a rien voulu entendre arguant que le Cambodge était son pays, qu’il y avait sa vie, son épouse et ses enfants. De retour à Phnom Pen il a à nouveau été mis en garde et aurait pu fuir avec sa famille, mais là encore le danger ne lui semblait pas assez grand pour tout abandonner. Quelques jours plus tard il fut obligé de descendre dans la rue, il fut séparé de sa femme et de ses enfants pour être emmené, comme toute la population, dans des camps de travail. Ce qu’il y vécu est difficile à imaginer et une grande partie de sa famille n’en revint jamais. Comment apprendre à nos enfants ce que nous maîtrisons si mal nous-mêmes ? Comment prévenir ces extrémismes ? Il faut savoir rester ouvert et tolérant, apprendre à comprendre ce que véhicule un message et ce qu’il cache, pousser à se responsabiliser et à réagir sans se laisser entraîner sur une mauvaise voie. Les exemples de l’histoire soutiennent cet enseignement, mais le dialogue reste primordial et la liberté de pensée doit être garantie. Mais j’ai l’impression que c’est dans cet apprentissage-là que se situe notre rôle et pour cela il est de notre devoir de donner l’exemple en sachant écouter et admettre des points de vues différents du nôtre, mais aussi en faisant comprendre à nos enfants que cette tolérance doit être réciproque. |
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