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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
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Faux départ

Pliée en deux par la douleur, j’essaie d’aligner deux pensées cohérentes, mais c’est impossible. Je ferme les yeux, j’ai peur de m’évanouir. J’entends la voix de l’infirmière « essayez de rester avec nous, c’est mieux pour le bébé, essayez de garder les yeux ouverts », mais ça aussi semble au-dessus de mes forces.
Une heure plus tard, je suis dans un lit. On m’a administré un anti-douleur qui reste absolument sans effet. Je supplie mon mari d’aller chercher quelqu’un. Une infirmière (est-ce la même?) arrive et me regarde avec compassion « ça n’est pas bon signe, vous savez? » Oui, je m’en doute. De toutes façon ça m’est égal. Tout ce qui m’importe en ce moment c’est que la douleur cesse.
Aucune naissance ne m’a fait aussi mal.
A présent, je suis en salle d’accouchement à moins que ce soit en salle d’opération. L’anesthésiste vient de me faire une péridurale. J’ai toujours très mal, je sens que je suis en train d’accoucher, le petit est en train de naître-mourir. « Mon bébé » « Oui » me répond l’anesthésiste en me regardant droit dans les yeux « oui, c’est terrible ce que vous vivez ». Sait-elle le bien que cette reconnaissance me fait ?
Une petite demi-heure plus tard, il est là, adorable, tout fini. Rien ne cloche extérieurement. Simplement, les yeux sont clos et je réalise que ces yeux-là ne s’ouvriront jamais. A part la taille, c’est la seule différence avec un bébé à terme que je peux remarquer.
La gynécologue l’a délicatement recueilli dans ces deux paumes ouvertes telles un berceau miniature. « C’est une fille » me signale-t-elle. Je sens beaucoup de respect chez cette femme et lui en suis reconnaissante.
Je contemple la petite et lui parle : « bonne chance, mon bébé ». A cet instant-là c’est une évidence pour moi : tout n’est pas fini. Il y a une suite pour cette petite même si je ne sais pas exactement laquelle. Ma religion est floue et pourtant je sais qu’un ailleurs l’attend. J’avance la main pour la caresser, mais les mains du médecin se retirent. Le droit de la toucher m’est refusé (analyses ?)…
De retour dans mon lit, je pleure toute la nuit en appelant mon bébé perdu.
Je ne comprends pas. Maintenant que je peux penser, je me souviens que cette grossesse ne s’était pas engagée comme les autres. Au début, nous n’étions pas convaincus. Avions-nous vraiment la force pour un autre enfant?
Même si je n’ai jamais pensé avorter il m’a fallut trois mois environ pour accepter totalement, pour me mettre dans le bain, pour commencer à me réjouir. Et juste au moment oĂą nous nous étions décidés, juste au moment oĂą on commence à y croire et à le dire, les ennuis avaient commencé sous forme de saignements importants, pour finir lamentablement dans cet hôpital. Je ne peux m’empêcher de me sentir coupable. Peut-être ce bébé ne s’est-il pas senti suffisamment désiré ? J’ai ainsi longtemps cherché une raison à ce passage sur terre trop rapide avant d’accepter que je ne saurai jamais.
Pendant plusieurs années, alors que tous les autres, même les plus intimes, avaient oublié, cette date est restée celle d’un anniversaire particulier. Et chaque anniversaire du petit dernier, né “après”, était également, à peu de jours près, celui de « la petite ».
Trois jours plus tard, affaiblie, je me souviens avoir hasardé quelques pas dans le parc. J’ai alors été saisie d’une joie simple comme jamais je n’avais ressenti : celle d’être en vie. Avec la certitude d’un après, c’était le deuxième cadeau qu’elle me faisait.
Merci petite.









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