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Causeries maternelles
IV. L'obéissance
Maintenant que nous avons parlé des soins matériels à donner aux enfants attachons-nous plus exclusivement au côté moral de l'éducation et tout d'abord appuyons les quelques mots que nous avons dit sur l'obéissance. Pénétrons-nous de son importance et rappelons-nous qu'apprendre à nos enfants à obéir c'est entrer dans la volonté du Créateur à notre égard à nous, parents. N'oublions pas l'histoire du sacrificateur Héli et de ses fils.
Nous devons donc être décidés à obtenir l'obéissance coûte que coûte. C'est notre devoir et notre droit. Pourquoi cela? parce que nous ne sommes pas sur un pied d'égalité avec nos enfants, nous sommes leurs supérieurs de par la nature et de par la volonté du Créateur. Nous les mettons au monde, nous les nourissons, nous les élevons, nous travaillons pour eux; en retour ils nous doivent la soumission et le respect. Du reste un inférieur les doit toujours à un supérieur dans tous les degrés de l'échelle sociale. L'homme doit obéir pendant toute sa vie; même un roi, un chef d'Etat est soumis aux lois.
Non seulement votre enfant sera plus heureux en vous obéissant, à vous, mais vous lui préparez une vie bien plus facile, lorsqu'il aura affaire à ses maîtres, puis à ses patrons, ses directeurs, et enfin dans les contrariétés, les épreuves diverses qu'il rencontrera certainement, un coeur souple et soumis lui facilitera et lui aplanira bien des choses.
Mais comment obtenir cette obéissance si nécessaire, si précieuse ? L'enfant aime à suivre sa volonté et n'arrive pas de lui-même à la soumettre. Il faut tout d'abord comprendre l'importance de la chose et être bien décidé à y arriver, en commençant dès les premières semaines. Ayons une règle et appliquons-la sans nous laisser troubler par les cris, les révoltes du petit être, à moins de maladie, de cas extraordinaires naturellement. Si nous cédons une fois, c'est un recul, notre tâche en sera compliquée et l'enfant lui-même en souffrira. Ces scènes, ces contestations, ces crieries si pénibles ne sont pas connues dans une maison où règne l'autorité maternelle; et cette maison ne peut être que celle où la mère elle-même est soumise à Dieu et cherche auprès de Lui sagesse et force pour sa grande et belle tâche. Car nous, mères, nous devons apprendre à commander; de la manière dont nous le ferons dépendra l'obéissance que nous voulons obtenir. Ne croyons pas qu'il suffise de donner un ordre quelconque ou d'imposer notre volonté à notre enfant par le fait que nous sommes plus fortes que lui; ce ne serait plus l'autorité maternelle voulue de Dieu, ce serait de la tyrannie.
Je citerai ici l'exemple d'une mère de famille que je rencontrai en voyage avec son petit garçon. Assise vis-à-vis de lui dans le wagon et se distrayant avec un roman, elle interdisait à l'enfant d'un ton péremptoire tout mouvement et tout essai d'occupation quelconque. Ces ordres irraisonnables ne faisaient qu'irriter et vexer le pauvre enfant qui était vraiment en butte à la tyrannie de sa mère.
La mère qui en voulant faire obéir son enfant cherche son bien, à lui, doit tout d'abord obéir elle-même à Dieu. Il faut que l'enfant puisse voir en elle un esprit soumis, des habitudes paisibles et ordonnées; qu'il la voie accomplir son devoir quelque difficile et ennuyeux qu'il soit; il comprendra alors qu'il doit se soumettre lui-même et le fera bien plus facilement. Cela nous conduit à dire que l'exemple et l'influence ont une part immense dans l'éducation, la part principale dirai-je. Ainsi donc, éduquons-nous nous mêmes en éduquant nos enfants. Faisons-le en lisant avec soins et avec prières la Parole de Dieu qui est sa volonté révélée. Lorsque nous avons compris cette volonté, exerçons-nous à la mettre en pratique en regardant à Dieu dans toutes les occupations de chacune de nos journées.
Je voudrais insister sur un point: Ce regard sans cesse levé vers Dieu ne nous dispense pas d' un moment de solitude au commencement de la journée pour nous entretenir librement avec le Seigneur, lui exposer nos besoins et prendre des forces pour la tâche du jour. Quittez votre chambre à coucher, où vous n'êtes certainement pas seule, pour aller dans la cuisine ou n'importe où, avant l'heure de préparer le déjeûner et d'habiller les enfants. Ce quart d'heure pris sur votre repos ne vous affaiblira pas, je sais que des femmes de santé délicate ont pu le faire sans s'en ressentir. Examinez devant Dieu, sans parti-pris si vous pouvez faire cela et s'il y a vraiment impossibilité absolue, Dieu en tiendra compte. Mais vous pouvez, soit en allumant le fourneau, soit en préparant le déjeûner vous mettre en conversation avec Lui; là est le secret de la force journalière, de la force d'obéir et du don de savoir commander, ce qui fera de nous de vraies mères. Je dis vraies, car il ne suffit pas de mettre des enfants au monde pour mériter ce beau, ce noble titre. Que de femmes qui, sans en arriver à être complétement dénaturées, à maltraiter leurs enfants, les abandonner ou les vendre aux vices, ne s'en occupent que pour subvenir aux besoins de leurs corps, leur donnant quelquefois une caresse, suivant leur propre humeur, mais plus souvent une rebuffade. Ces femmes-là ne sont pas de véritables mères, et telle autre, non mariée, qui dans sa classe d'école ou dans une institution quelconque suit avec amour les enfants qui l'entourent, les instruit sans se lasser, fait germer en eux de bonnes et saines pensées et prie pour eux mérite mieux que ces femmes-là le nom de mère. Comprenons donc bien que notre tâche maternelle doit s'apprendre, que même celles qui ont le coeur, les sentiments maternels les plus développés naturellement ont encore quelque chose à acquérir. Pour entrer dans une carrière quelconque, il faut apprendre, recevoir des instructions de ceux qui nous y ont devancés. Une jeune fille qui veut être tailleuse, repasseuse, lingère, institutrice, etc., doit se former, s'instruire avant de professer, et presque toutes les femmes s'apprêtent à élever des enfants sans même y réfléchir. Ce sont pourtant elles qui préparent les générations futures, et il est bien connu que les hommes supérieurs ont eu de vraies, de nobles mères; ne citons que Saint-Augustin et sa mère Sainte-Monique. «Donnez-nous des mères!» a dit quelqu'un. Dans la conviction de notre responsabilité, entourons-nous de toutes les lumières possibles, les recherchant avec humilité, soit dans les écrits spéciaux, soit dans des entretiens avec des soeurs plus avancées et plus expérimentées. Je plains la mère qui croit tout savoir, qui ayant reçu peut-être des dons plus positifs que telle autre se confie en eux avec complaisance; le jour où elle s'apercevra de son erreur si grave, sera triste pour elle.
Donc une fois que nous savons ce que c'est que d'être une vraie mère et que nous sommes décidées à l'être avec le secours de Dieu, nous commencerons par apprendre à nos enfants à obéir. Tout d'abord ne leur demandons que des choses qui sont de leur âge. Représentons-nous leurs besoins, leur faiblesse, la grande distance qu'il y a entre leur faiblesse et la nôtre: en un mot mettons-nous à leur place. Par exemple, une mère qui conduit par la main un enfant de deux ans et qui, parce qu'elle est pressée ou agitée, veut le faire marcher à son pas à elle, le gronde, le secoue si le pauvre petit tout en trottinant de son mieux n'y arrive pas, lui demande une chose au-dessus de son pouvoir et lui fait mal physiquement et moralement. Voyez cette autre mère assidue à son ouvrage qui demande toute attention; elle ne peut pas supporter d'entendre son jeune enfant bouger et babiller autour d'elle; elle est bientôt saisie par l'impatience, se fâche, gronde: pleurs et mauvaise humeur s'en suivent. Si la mère s'était mise à la place du petit, elle aurait donné un aliment à son besoin d'activité; si peu suffit! Un crayon et du papier, des clous et un petit marteau, des morceaux de bois pour élever une bâtisse, un tour de galop dans la chambre pour dégourdir les jambes, et voilà une scène pénible évitée.
(A suivre.)
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