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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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RETOURActivité L'essence de notre vie, c'est l'activité; on peut presque dire qu'elle est la vie même; l'inaction, c'est le commencement de la mort. C'est donc au déploiement de l'activité intérieure et extérieure que doit tendre toute l'éducation. Mettre en jeu les facultés de l'enfant, de telle sorte qu'elles se développent par leur propre énergie, c'est à quoi l'éducateur s'attachera avant toutes choses. Il n'a pas à tailler et à polir une pierre brute, mais il a une créature vivante à former. Qu'il laisse donc les facultés de l'enfant prendre leur essor, et qu'il ne croie pas avoir rempli son rôle quand il a pensé, parlé et agi pour l'enfant, mais que celui-ci soit forcé de penser, de parler et d'agir. Qu'on le voie lutter contre les difficultés, se débattre contre les entraves qui l'arrêtent, et finalement les briser. Voyez l'arbre; il ne se développe pas par une force étrangère, mais par la sienne propre. Le jardinier peut bien lui choisir un sol généreux, un espace débarrassé de ronces et de plantes parasites; il peut bien lui donner un tuteur pour le soutenir et le diriger; mais il ne peut pas produire le développement, qui doit sortir de la vie propre de l'arbre. Il en est ainsi de l'homme. Que l'entant ne se borne pas à recevoir l'action, à la subir, mais qu'il la produise. «Nous prenons en garde, dit Montaigne, les opinions et le sçavoir d'aultruy, et puis c'est tout; il faut les faire nostres. Nous semblons proprement celuy qui ayant besoing de feu, en iroit quérir chez son voisin, et, y en ayant trouvé un beau et grand, s'arêteroit-là à se chauffer, sans plus se souvenir d'en rapporter chez soy. Nous nous laissons si tort aller sur les bras d'aultruy, que nous anéantissons nos forces». Cultivez l'enfant de telle sorte qu'il ait au dedans de lui son propre feu, et qu'il apprenne à en faire usage. N'exigez pas sans doute qu'il tire tout de son propre fonds, ce serait demander l'impossible, mais ne facilitez pas tellement son travail qu'il puisse l'accomplir au moyen du plus léger effort car ce serait paralyser son activité. Encouragez-le à s'élancer dans la prairie, pour y chercher les fleurs ou les papillons qu'il ambitionne de posséder. Laissez-le escalader les collines ardues, grimper sur les arbres, agiter son fouet, manier la bêche, et donner essor à son impétuosité juvénile. Dans de tels exercices, sa force se déploie, sa santé s'affermit, et il se prépare utilement aux travaux et aux luttes qui l'attendent dans la vie active. Faites-le penser. Présentez-lui des objets qui l'intéressent; adressez-lui des questions propres à le faire réfléchir; qu'il apprenne à chercher la vérité, qu'il essaye de percer les nuages qui l'enveloppent; c'est ainsi que vous faciliterez l'essor de ses facultés intellectuelles et que vous l'amènerez à être lui-même. L'enfant, dans les commencements ne vit que d'impressions sensibles. Si vous essayez de le sortir de cet état, il vous résiste et vous oppose une désespérante inertie. Il faut souvent toute une éducation pour ouvrir devant lui le monde de la pensée. Quand vous lui demandez de réfléchir et de chercher quelque chose par lui-même, c'est comme si vous lui donniez une montagne à soulever. Il vous répond par un triste «je ne sais pas», ou «je ne puis pas» et il retombe dans son apathie. Quelque aride que soit le travail de la mémoire, vous l'obtiendrez plus facilement des enfants, parce qu'il exige moins de force vive; dans la réflexion, au contraire, il faut que l'homme mette en oeuvre tout ce que son esprit a de plus noble et de plus énergique. Dans les exercices de mémoire, l'esprit ne fait que rendre ce qu'il a reçu en dépôt, il ne produit rien de son propre fonds; dans ceux de l'intelligence, l'homme se dépense lui-même, il crée. Faire penser, voilà l'une des plus grandes difficultés et en même temps un des plus beaux résultats de l'éducation. Faites parler l'enfant. Obligé de rendre compte de ce qui est peut-être encore confus dans son esprit, il fera effort pour le débrouiller, et les mots lui serviront d'appui pour arriver au plein développement de l'idée. Faites-le agir. L'action donne du corps aux opérations de l'entendement et les facilite. Elle dissipe le vague et les illusions qui accompagnent souvent les procédés purement spéculatifs. Enfin l'action est le but de la pensée; elle en est le terme et le couronnement. C'est le fruit après la fleur. En pensant, en parlant et en agissant, l'enfant tendra à devenir un homme complet. Il aura en lui des ressources qui se multiplieront à mesure qu'il les appliquera, et, toujours soumis à la grande loi du travail imposée à notre nature, il s'assurera une carrière honorable et indépendante, et se préparera à devenir un membre utile de la société. |
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