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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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De l'humeur

L'éducation a une très grande influence sur l'humeur de l'enfant. Celle-ci dépend surtout de la façon dont l'enfant est habituellement traité et de l'exemple qu'on lui donne. Pour que notre influence sur l'humeur de l'enfant soit bienfaisante, il faut que nous évitions nous-mêmes les inégalités d'humeur; que nous ne nous laissions pas aller à toutes sortes d'impulsions irréfléchies, souvent contraires. Quel est, en effet, l'enfant dont l'humeur pourrait devenir ou seulement se maintenir égale et enjouée, s'il est alternativement boudé et caressé, traité avec indulgence puis avec sévérité, et cela suivant des circonstances qui ne l'intéressent nullement, et qui, souvent, lui sont inconnues?... Il s'agit de lui donner un exemple à suivre et non un exemple à éviter, et nous ne saurions exiger de lui une humeur douce si la nôtre ne l'est pas.

C'est dès le berceau que se forme le caractère de l'enfant. Faisons donc, dès ce moment, tout notre possible pour qu'il ne devienne pas irritable et capricieux. Chez un bébé on peut empêcher un accès de mauvaise humeur, en attirant son attention sur un objet qui lui fera oublier le sujet de son dépit, en échangeant contre un autre le jouet qui ne l'amuse plus, etc... Cherchons à découvrir la cause de son irritation; ce peut être un malaise physique auquel nous remédierons facilement. Si les pleurs commencent chaque matin au réveil, soyons patientes, douces, tendres ; évitons toute contrariété inutile pendant la toilette. Si cela ne suffit pas, éloignons les impressions pénibles qui attendent l'enfant à son réveil, en changeant son lit de place, ou même de chambre, pendant un temps du moins, ou en le faisant éveiller et habiller par une autre personne plus sympathique, et sachant s'y prendre. On se met rarement à la place des petits enfants ; on ne cherche pas à les comprendre, et on leur crée continuellement des difficultés qui pourraient leur être épargnées. Un enfant, incapable encore de parler, trotte après sa balle; il y met toute son ardeur, il étend la main, il va la saisir ! À ce moment la bonne enlève brusquement le bébé pour le mettre au lit, tandis qu'il pousse des cris, perçants. N'eût-elle pas mieux fait d'attendre une seconde et d'emporter l'enfant tenant sa balle et heureux de l'avoir?...

Lorsqu'un enfant sollicite de nous une faveur, évitons de le laisser dans l'incertitude. Peutêtre l'avons-nous fait quelquefois pour ne pas le chagriner par un refus positif; mais c'est un mauvais calcul. Ce qui ne saurait être accordé, doit être refusé positivement et sans retard. Pas n'est besoin d'y mettre de la rudesse, on peut le faire avec bonté ; et cette entière et constante franchise aura un effet calmant sur l'enfant. Tout ce qui manque de précision est un obstacle dans l'éducation ; tels sont les demi-refus, les demi-consentements, les demi-mesures. Décidons promptement et sans appel, les questions qui concernent les enfants, lorsqu'elles s'agitent en leur présence; il est peu de cas importants où l'on ne puisse prévoir la conduite à suivre, et où une prompte décision ne soit facile. Quant aux petits détails de la vie, il vaut mieux en décider sans examen, que de rendre les enfants témoins de notre incertitude. Tant qu'ils nous verront hésiter, ils seront importuns et d'importuns ils deviendront irritables.

Nous éviterons beaucoup de scènes pénibles avec les enfants, en réglant d'avance, autant que possible, tout ce qui est relatif à leurs habitudes journalières: les heures des repas, des leçons, des promenades, du lever, du coucher, etc... Quand un enfant doit aller se coucher ne l'irritons pas pendant la dernière demi-heure en lui répétant à chaque instant : il faudra bientôt te coucher; maintenant c'est le moment d'aller ; j'espère que tu vas nous dire bonsoir, etc... Non! que l'heure et la minute fixées d'avance, ne soient ni contestées ni dépassées.

Puis, n'attachons pas trop d'importance aux minuties. Combien de luttes pour des choses qui n'en valent pas la peine ! Les bonnes et les mamans, hélas ! assez souvent, sont bien plus fâchées, et les enfants bien plus réprimandés, à propos d'une robe salie ou déchirée, qu'au sujet d'un mensonge ou d'un acte d'égoïsme.

Les causes de mauvaise humeur chez l'enfant varient à l'infini. Nous n'avons donné que quelques indications sur les choses à faire ou à éviter ; encore auraient-elles à être modifiées selon le caractère et les dispositions d'esprit de l'enfant. Au surplus, il va de soi qu'on ne pourra pas écarter toutes les occasions de froissement ou de résistance. Souvent, à cause de leur état de santé, les enfants se montrent irritables, quoi qu'on fasse pour les calmer. En ce cas, il faut les supporter avec la plus grande patience et la plus grande sérénité. C'est le seul moyen d'obtenir de leur part une constante bonne humeur.









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