Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

Attentes...

... Je me promène dans les allées du jardin désert. Parfois, pour empêcher mes mains de s'envoler, je les enfonce dans mes poches. Mon agitation est grande. Je suis dans ma quinzième année. On m'appelle «jeune homme». Je suis un adolescent. Eh bien ! pitié pour moi ! Pitié pour tous les adolescents du monde ! Je ne suis pas heureux. Tout, en moi, est discordance et combat. Mon coeur est d'un enfant, mais j'ai la voix grave d'un homme, les mains, les pieds, les muscles d'un homme. Le poil commence à me pousser aux joues, et pourtant, comme un très petit garçon, j'ai parfois envie d'un gâteau, d'un bonbon. Il paraît que je ne sais rien de la vie et l'on baisse encore la voix pour parler de certains sujets en ma présence, et puis, de temps à autre, on lâche négligemment à mes oreilles des mots, des idées qui font explosion en moi ou qui s'insinuent dans mon esprit comme des parasites venimeux.

... Je donnerais avec ardeur cinq ans de ma vie ! Oui, cinq ans, pour en avoir fini de cette odieuse adolescence. Cinq ans et je serai tout à fait un homme ! J'aurai des devoirs qui seront de francs devoirs. J'aurai des droits que nul n'osera tourner en dérision. Je déteste qu'on se moque de moi.

... Cinq ans ! Et je serai le maître du monde. Cinq ans, et je regarderai le soleil en face.


Maman revint dans ma chambre, baissa la flamme de la lampe et la cacha derrière une pile de mes livres. Alors, doucement, doucement, dans cet espace étroit où nous ne pouvions même pas jouer, elle commença de marcher, de droite à gauche et de gauche à droite, comme faisaient là-bas, dans le jardin ténébreux, les bêtes captives, au fond de leur cage.

Paris ronronnait, maintenant, dans l'ouverture de la fenêtre. Chaque fois qu'un bruit, même léger, montait du creux de la rue, maman allait à la fenêtre et regardait dans la nuit. Je ne dormais pas encore et elle dut le sentir. Elle vint jusqu'à moi, se pencha, m'effleura l'oreille de ses lèvres et dit: «Dors donc, Laurent. Non, je ne suis pas inquiète. Ils vont rentrer.» Elle ajouta, mais sa voix était plus ténue qu'un fil: «Un jour, ce sera pour toi, et tu n'y penseras même pas.»

Je finis par m'endormir.

Je me réveillai, dans la nuit, une ou deux heures plus tard. La maison semblait morte. La lampe s'était éteinte, mais le ciel de Paris répandait dans toute la chambre une lumière surnaturelle. J'étais toujours seul dans mon lit et l'autre lit toujours vide. L'ombre de maman se dressait, droite, devant la fenêtre. De ses bras croisés, crispés elle semblait serrer contre elle quelque chose d'invisible. Elle semblait faire un effort muet, un effort affreux pour empêcher de tomber, de s'écrouler, de se dissoudre dans la nuit quelque chose qu'elle seule pouvait sentir et étreindre.

Je la regardais en retenant mon souffle et la force d'âme la volonté m'apparaissaient dans l'ombre, non plus comme des mots, mais comme une personne vivante. Je ne voulais plus dormir. Je me rendormis quand même.









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève