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Grand-mères d'autrefois... Grand-mères d'aujourd'hui...

Victor Hugo a rendu célèbre l'art d'être grand-père. Qui chantera l'art d'être grand-mère? Mais est-ce un art, une science, une vocation, un besoin de courir au secours des êtres faibles, une transmission de secret et de pouvoirs ? Un peu de tout cela, sans doute.

Comment reconnaît-on une grand-mère, quel est son aspect physique, moral ?

Ces vieilles dames aux cheveux blancs.

Les femmes nées aux alentours de 1900 se souviennent des aïeules de leur enfance. Elles revoient ces vieilles dames dont les cheveux blancs étaient séparés en sages bandeaux sous un fanchon de Chantilly noir. Elles marchaient à petits pas si des infirmités ne les avaient pas clouées sur un fauteuil. Elles contaient de belles histoires, offraient de bons goûter ou - lors d'une convalescence - des mets précieux.

- Cette gelée de pommes a été faite par ta grand-mère, disait une voix pleine de componction. La même qui ajoutait avant une visite:

- Surtout, ne fais pas de bruit, ne fatigue pas ta grand-mère.

Si bien que celle-ci devenait aux yeux de ses petits-enfants, un personnage à qui l'on devait témoigner des égards et des ménagements, une divinité qui exerçait sa protection sans entrer dans les détails de la réalité quotidienne. On ne l'abordait qu'en robe et tablier propres, les mains lavées, les chaussettes tirées, les cheveux en ordre.

... Mais aussi qu'elles étaient donc précocement vieilles ces femmes de soixante ans qui menaient des existences confinées, s'habillaient de noir, s'enveloppaient de châles et se seraient crues déshonorées de courir, de sauter, de rire ou de parler fort. Et qu'elle nous paraît démodée cette phrase d'une chanson:

«Je ne te demande pas si ta grand-mère fait du velo... »

Car je ne te le demande pas signifiait implicitement, inutile de te le demander puisqu'il est impossible à une grand-mère d'enfourcher une bicyclette. Or, aujourd'hui, bien des grand-mères adoptent ce moyen de transport commode, individuel et soulignent ainsi l'esprit d'indépendance et de jeunesse qui les caractérisent en 1951.

Car la vieille dame de 1900 qui se reposait, soignait des rhumatismes, ne recevait ses petits-enfants qu'à une table servie, s'est métamorphosée en une femme, aux traits, certes, marqués par l'âge et les fatigues, mais souple, mince, agile et douée d'une résistance nerveuse que les jeunes femmes, ses filles lui envient.

... Réparatrice de brèches.

Depuis la dernière guerre, le monde repose sur les épaules des grand-mères ! Elles ressemblent à ces marins chargés de veiller à calfater les voies d'eau. Elles courent au point menacé.

Un bébé naît dans une clinique. La clinique ne se charge pas du blanchissage. Qui lavera les couches du nourrisson? La grand-mère, bien entendu.

André a la rougeole. Sa soeur, Marie, risque de l'attrapper. Grand-mère surgit et emmène Marie habiter chez elle.

Une jeune femme, mère de quatre enfants ne sait où donner de la tête. Sa femme de ménage lui a fait faux-bond. La lessive occupera tout son après-midi. Vite, un coup de téléphone:

- Maman, ne pourrais-tu promener bébé et passer à quatre heures à l'école pour y chercher les grands ?

Maman ne sait pas dire non. Maman juge que sa fille a bien mauvaise mine et que des grossesses répétées ne sont pas sans risques. Et si elle possède une bicoque à la campagne, elle y invite ses petits-enfants pendant les vacances afin que la jeune mère puisse se reposer et rester en tête-à-tête avec son mari comme lorsqu'ils étaient l'un et l'autre un couple de fiancés amoureux. Et l'hiver, c'est encore cette maman au grand coeur qui viendra garder la nursery le soir afin que sa fille et son gendre puissent aller au cinéma ou au théâtre sans que les enfants demeurent seuls à la maison.

...Entre mère et fille.

Les grand-mères se sentent plus libres auprès des enfants de leurs filles que des enfants de leurs fils.

C'est là qu'elles peuvent donner toute leur mesure sans arrière pensée et jouer un rôle utile de médiateur. L'expérience leur a appris qu'un tout petit n'apprend pas à être propre en quelques semaines, qu'un enfant de six ou sept ans a de la peine à lire, écrire, compter. Elle ne s'étonne pas qu'il ne soit pas toujours le premier de sa classe et ne lui en veut pas davantage lorsqu'il refuse obstinément de dire bonjour ou que la timidité le fait bégayer.

Elle ne dramatise pas les moindres incidents de la vie. Parce qu'elle est sans vanité, elle n'est plus avide de leurs succès Elle se contente de les regarder vivre, de rafraîchir son coeur et son esprit, à cette source de poésie: l'enfance. Elle n'est pas pressée de les voir se transformer en adultes raisonnables et raisonneurs. Et si, par malheur, elle a déjà perdu le compagnon de son existence, elle trouve auprès des petits confiants et affectueux, sa plus grande consolation, une manière d'être encore utile et de ne pas vivre à l'écart dans la solitude et l'égoïsme.

...Sa vie personnelle est si bien dévorée que personne ne s'en aperçoit et que chacun trouve naturel d'user de la grand-mère à tout faire, de la grand-mère-refuge, de la grand-mère-racommodeuse de porcelaine.









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